Marie l’Or, art-thérapeute et fondatrice de So’Ham

Publié le 30 septembre 2024, par Katia Crabé

Temps de lecture : 40 min

Présentation de Marie l’Or, art-thérapeute
Interview de Marie l’Or
Le Nouveau Monde selon Marie l’Or
Le portrait chinois de Marie l’Or

Photo de Marie l'Or, art-thérapeute et fondatrice de So(ham pour le podcast

Katia : Aujourd’hui, je suis ravie d’interviewer Marie-Laure Pichon. Nous sommes en Anglet, en bord de mer, à l’avenue des Dauphins, ça ne s’invente pas quand même. On s’est rencontrées sans se rencontrer au festival de Dolorès, au festival des arts et de la nature. Du moins, je suis venue au premier festival, mais on n’a pas eu l’occasion de se rencontrer, mais tu y étais en tant qu’exposante, Marie-Laure. Tu vas faire partie du prochain festival, si j’ai bien compris, tu vas nous raconter ça. Tu es une bonne amie à Dolorès, que j’ai aussi interviewée il y a quelques mois, on peut retrouver l’interview en ligne. Et suite à ça, tu m’as contactée, on a échangé, et puis nous voilà réunies pour partager qui tu es, pour que tu puisses te raconter à mon micro. Alors, tu as un tel parcours et bagage que je préfère te laisser te présenter à nous. Et ce que j’ai noté, c’est que le point commun est tout ce qui participe à la transformation de l’humain. Tout ce que tu fais dans ta vie, c’est le fil rouge, la transformation de l’humain. Alors, bonjour Marie l’Or. Comment vas-tu ?

Marie-L’Or : Je vais bien, c’est étonnant. J’ai des frissons là, tout à coup. C’est effectivement la transformation intérieure et donc de l’être humain. Je ne l’avais pas du tout anticipé, mais c’est le cours de ma vie qui m’y a amenée au fur et à mesure. Donc, tu as fait un petit clin d’œil avec l’Avenue des Dauphins. Et j’ai même envie de rajouter que je suis arrivée ici par magie. Et donc, en fait, je suis 1 Avenue des Dauphins, à un angle de rue, également avenue du rayon vert. J’ai eu du mal à choisir entre les deux. Mais donc, voilà, je prends les deux. Et ça dénote aussi d’une personnalité multiple, multiple facette. Donc, j’ai eu plusieurs étapes de vie qui correspondent à ma personnalité riche de curiosité et d’aimer plein de choses. Et dans le non-choix, j’ai découvert et je continue encore d’être ouverte à la découverte de belles choses.

Katia : Qui es-tu, Marie-Laure ? Est-ce que tu peux te présenter à nous ?

Marie-L’Or : En toute simplicité, je dirais que je suis une femme qui chemine. Je me souviens de l’école de Gestalt-thérapie à Triel où il y avait « je suis une femme debout, les pieds ancrés dans la terre et la tête dans le ciel ». Donc, en fait, je chemine avec mes difficultés. J’apprends à me connaître. J’utilise de plus en plus avec fluidité des moyens de transformation qui me permettent de rester moins longtemps la tête sous l’eau et d’avoir beaucoup plus les yeux dans les étoiles.

Katia : Alors, ce qui est intéressant, c’est que tu ne t’es pas présentée par ta profession parce qu’on a l’habitude de se présenter par sa profession, par son métier, par ce qu’on fait, par son activité. Et tu as réussi à relever le défi de ne pas te présenter, par le prisme de ton métier. Intéressant. C’est une question qui est très difficile. Le qui es-tu ? Est-ce que tu peux te présenter ? En société, on décline son identité. Je m’appelle, je suis marié, j’ai tant d’enfants. Et je fais. Et toi, tu nous as présenté autre chose. Donc, merci aussi pour cette présentation.

Marie-L’Or : C’est vrai que c’est différent. Alors, en même temps, je ressens que je suis identifiée très fortement à ce que je propose, au sens que la peinture et différentes choses dont je travaille, dont je vous parlerai, font réellement partie de moi. Mais depuis quand même longtemps, je suis animée de quelque chose d’intérieur fort. Et donc, la profession, mon quotidien, ce sont en fait à la fois moi et en même temps des moyens pour pouvoir œuvrer dans ce monde. Donc, il y a comme une petite voix, alors petite voix, mais très forte à l’intérieur de moi qui dit que je ne suis pas que cela. Et c’est pour ça que je me définis bien au-delà. En fait, pour moi, c’est cette conscience qui est venue s’incarner dans ce corps et œuvrer à mon échelle, à ma petite échelle, mais avec passion, le cœur dilaté, en tout cas. Je fais de mon mieux au quotidien, à chaque pas.

Katia : J’ai rebondi, tu nous as parlé de peinture et nous sommes entourées de magnifiques peintures. Donc, j’ai le plaisir de voir tout ton travail. Ce que tu m’expliquais en préparant avant qu’on enregistre, qu’habituellement, toutes tes œuvres sont exposées. Elles ne sont pas chez toi. Et là, j’ai le plaisir, moi de bénéficier d’une exposition privée.

Marie-L’Or : Oui, tout à fait, c’est le cas, étant donné que je suis à la Chambre d’Amour. Et à d’autres moments, les peintures vont être exposées, notamment chez Nature et Volupté, avec Audrey Barbarossa. Et il se trouve que je les avais récupérées. Elles ne sont pas encore reparties. Donc, elles sont là, autour de moi. Le studio est assez envahi. Donc, je vis dans l’atelier et l’atelier vit en moi. D’habitude, elles sont à l’extérieur. Et je reconnais que ça me fait énormément de bien, à moi aussi, qu’elles soient là. En fait, la création passe aussi par cet environnement. Lorsque je suis environnée de ces couleurs, ce que j’explique aux gens, elles agissent sur moi. Et ça me permet d’être en maturation créative à l’intérieur de moi. C’est une nourriture à la fois affective et visuelle, et bien sûr énergétique. Donc, en fait, ces moments où les peintures ne sont pas à l’extérieur, je m’en régale.

Katia : Elles ont quelque chose de particulier.

Marie-L’Or Oui, tout à fait. Alors, c’est vrai que récemment, j’ai évolué avec la peinture. Et donc, si on prend l’actualité plus proche, c’est avec les années 2020 qu’il y a eu des magasins qui étaient fermés. Moi, je n’avais plus de toile. Et spontanément, je suis allée au magasin de bricolage, Castorama, pour ne pas le nommer. Et donc là, j’ai récupéré des caillebotis. Et j’ai eu cet élan d’aller vers des fleurs et vers de la géométrie sacrée. D’ailleurs, Dolorès avait participé largement à ça, étant donné qu’elle m’avait donné une photo de la fleur de la passion, la passiflore. Et ça a été la première forme géométrique avec conscience que j’ai réalisée. C’est-à-dire que j’avais conscience que la fleur constituait le cercle, toute la symbolique qui est autour du mandala et de sa vibration, et que les pétales représentaient. Et donc, j’ai mis une conscience au centre, etc. De là, on a découlé cette approche de la géométrie sacrée. Je me suis intéressée aux vibrations des formes vibratoires. Étant donné que j’ai déjà fait une formation de chromothérapie, je viens allier la connaissance des couleurs, qui sont en correspondance avec les roues énergétiques que nous avons à l’intérieur de nous. Donc, c’est ce mélange de formes vibratoires et de connaissances de l’impact de la couleur à la fois sur notre physique, sur notre psychique et sur le côté spirituel de notre âme, que je viens donc créer ces peintures. Et ça a été un élan très personnel, je dirais. Je n’avais pas envisagé toute la portée de ce monde. En fait, j’ai eu besoin de m’équilibrer. Je peux parler un petit peu du recul que j’ai maintenant sur cette période. Dans les premiers temps de la peinture, j’étais dans des pays étrangers, aux Antilles, où j’avais déménagé pour travailler pour une agence de voyage. Et en fait, très vite, je suis montée sur des bateaux, sur des voiliers. Et donc, j’occupais mon temps à peindre. Et à cette époque, dans l’insouciance de la période, bien sûr, la peinture, c’était la période bleue, donc il y avait les turquoises. Et je peignais le vent, je peignais le mouvement, les voiliers, les vagues, les dauphins. Et c’était très inspirant de fluidité. Je peignais le mouvement. Et là, 2020 m’a plongée dans des événements très particuliers et très intenses. Et sans le savoir, il y a eu un élan intérieur qui est allé chercher une structure. Et je peux en parler aujourd’hui avec le recul, parce que depuis, j’ai suivi, je suis toujours d’ailleurs, une école de yoga de Kundalini Yoga, qui parle exactement de cette structure intérieure. Une architecture solide sur laquelle on peut s’appuyer grâce aux postures, grâce aux respirations et grâce aux bienfaits que nous ressentons au fil du temps avec la pratique. Et donc, d’une manière inconsciente, j’ai eu cet élan de vie à l’intérieur de moi, qui m’a amenée à la géométrie sacrée et qui m’a permis, pendant des heures et des heures, en me concentrant sur les couleurs et sur le dessin, qui est une géométrie très précise, qui demande des allers-retours pour que les formes soient bien définies. Donc, ça demande d’être un peu perfectionniste, ce que je suis aussi, dans ma personnalité. Eh bien, d’une manière inconsciente, c’est venu m’équilibrer. Et ensuite, j’ai fait le rapprochement et j’ai pu faire l’analyse de ces périodes d’insouciance sur le bateau, avec le soleil, la mer et les Antilles. À cette période, il y avait peut-être une recherche inconsciente de la mer, M-E-R-E, parce que ma maman était décédée. Ensuite, j’ai basculé sur des formations de sensitive Gestalt massage. Donc là, j’ai rejoint la terre et j’ai fait des collections avec la peau. Donc là, je rejoignais l’être humain, avec les tonalités de la peau, les cheveux, le féminin. J’ai représenté les indiennes et la philosophie indienne. Et ensuite, donc récemment, en 2020, j’ai glissé vers quelque chose de beaucoup plus structuré, quelque chose que je n’aurais même pas imaginé avant. Et en fait, j’observe que cet élan est au service de ma structure. Et je ressens maintenant que, déjà, dans l’instant présent, j’étais beaucoup plus calme. Donc, ça m’a permis d’avoir des journées beaucoup plus apaisées. Et il y a, au fil du temps, une structure intérieure, une architecture de plus en plus solide qui m’habite et qui permet que je sois un peu moins, de temps en temps, ventilée par les événements extérieurs. Et ça, c’est important parce qu’on vit une période tellement intense. Les énergies, les planètes, la société, les nouvelles auxquelles je décroche complètement, eh bien, je suis très heureuse de ce chemin. Je suis en gratitude de cet élan de vie. Aujourd’hui, je peux poser des mots. Lorsque je l’ai vécu, c’était purement être dans l’action, l’action qui fait du bien.

Katia : Pour aider les auditeurs qui ne connaîtraient pas ou qui ont entendu parler sans savoir vraiment ce que c’est, comment tu définirais la géométrie sacrée ?

Marie-L’Or : La géométrie sacrée, c’est un savoir ancestral millénaire qui nous a été particulièrement transmis par l’Égypte et également dans les transmissions, indiennes. Donc, des grands sages ont canalisé des lois universelles. Et pour faire court, c’est comment l’être humain peut être en lien avec le macrocosme et le microcosme. C’est-à-dire que l’univers immense dans son infini immense avec les planètes et donc les énergies qui gravitent autour de la Terre sont représentées au niveau de nos cellules à l’intérieur de nous. Donc, il y a cette relation avec l’infiniment grand, et l’infiniment petit. Donc, lorsqu’on vient s’harmoniser sur les lois universelles qui sont beaucoup plus justes dans l’équilibre et qui sont immuables, il y a quelque chose à l’intérieur de nous qui, à l’origine, est totalement équilibré, mais de par l’histoire, les conditionnements, le chemin de vie peut, à certains moments, avoir des pas de côté, un peu comme un déséquilibre. Eh bien, la forme géométrique est une concentration qui vient résonner à l’intérieur de nous et nous permet de nous équilibrer sans qu’on en ait conscience. En fait, au niveau visuel, les couleurs et les formes géométriques pénètrent à l’intérieur de nous par la rétine. C’est capté par la rétine et ça agit sur notre système neurologique et également par les pores de la peau. Donc, lorsqu’on a un tableau vibratoire dans un lieu de vie, on passe régulièrement devant et en fait, qu’on le contemple ou pas, il agit, il rayonne et donc, il rentre en résonance à l’intérieur de nous et avec les habitants de ce lieu, de cette maison.

Katia : Ça peut paraître complexe à comprendre, mais en fait, on est entouré de géométrie sacrée ?

Marie-L’Or : Tout à fait. Elle est dans l’univers avec les planètes, dans les fleurs, dans les coquillages. Très souvent, tout se résume à la forme du mandala, la forme ronde qui parle d’ailleurs de la genèse du monde. C’est-à-dire que dans un cercle, dans un mandala, il y a un début, une acmé et ensuite, il y a une fin mais une fin qui n’est pas une fin, qui est tout simplement une transformation d’état et qui continue vers la renaissance et donc, c’est une boucle vertueuse et il y a dans le mandala, une concentration qui vient de l’extérieur qui donc, par symbolique, représente, on pourrait le relier au premier chakra, la vie, la sécurité, le côté matériel, l’incarnation physique. Donc, dans notre vie, ça va être l’extérieur de comment tout ce qui nous entoure, autour. Et puis, au fur et à mesure de l’évolution dans les chakras, on passe par la créativité. Donc là, je vais mettre des ajouts de couleurs. Le rouge et le jaune du plexus solaire créent le orange. Le orange est à l’étage du nombril. C’est là où il y a la création du bébé. Donc, c’est le siège de la créativité. Et donc, dans le mandala, étape par étape, on va aller vers le centre. Et lorsqu’on se rapproche du centre, il y a un dénuement, on le dit. On se dénude. Donc, en fait, ça veut dire qu’on quitte nos vieilles peaux. Dans la spiritualité, on pourrait dire qu’on épluche l’oignon. Donc, on a un diamant à l’intérieur de nous. Et on vient enlever les petites couches. Donc là, c’est dans le sens où on va vers l’intérieur, pour aller rejoindre la perle, le diamant que nous avons à l’intérieur de nous, et qui est appelé par Carl Jung Gustav le soi. Le soi avec un grand S. Donc, c’est comment par analogie et par symbolique, c’est de comment l’extérieur, je peux venir me recentrer sur moi-même, me dépouiller des croyances, des conditionnements, mettre aussi en perspective les éventuelles blessures, et donc mettre en perspective des guérisons et des transformations, qui me permettent encore et encore de m’approcher au plus près de moi-même, dans une intimité de soi à soi, où on ose aussi se regarder avec courage. Parce que ça demande une grande humilité et beaucoup de courage de se regarder aux endroits où on n’a pas envie de se voir. Et c’est OK. Et c’est important, et c’est là aussi où il est important d’apporter de la douceur et de la bienveillance, parce qu’en fait, le propos n’est pas de venir juger ce qu’on n’a pas envie de voir de nous-mêmes, mais c’est de l’observer avec recul et neutralité, de l’accueillir, et à partir de cet accueil, il y a une transformation, parce que ça n’a plus de raison d’être, et donc on fait encore un pas, un pas, un pas de plus, pour arriver jusqu’au centre de nous-mêmes, et être les êtres éveillés que nous sommes. – Non, je plaisante. Je suis en chemin. Je chemine. Je tombe et je me relève.

Katia : Toutes les peintures que tu réalises sont faites à partir de géométrie sacrée, ou pas seulement ?

Marie-L’Or : Non, pas du tout. Peut-être qu’en coulisses, en sous-marin, à l’intérieur de moi, il y a la présence de la géométrie sacrée, parce qu’en fait, ce n’est pas moi qui le décide, nous l’avons dit toutes les deux, la géométrie sacrée, en fait, elle existe partout. Le vide n’est pas vide, tout est vibration, donc tout est onde, et donc dans les ondes, il y a partout ces formes de mandala. Donc, c’est la vie, en fait, qui œuvre partout. Donc, moi, je ne décide de rien. Mais c’est vrai qu’il y a eu des périodes avec les voiliers, ensuite il y a eu les femmes de l’Inde avec des nues aussi que j’ai peint, et ensuite il y a eu plutôt les statues spirituelles. Je suis venue dans la géométrie sacrée, et de par ce chemin de connaissance de moi-même, évidemment, j’ai visité aussi le chamanisme, en tout cas j’en ai eu le parfum, et donc il y a les rêves, les rêves éveillés, les voyages sonores, avec la vibration, et donc il y a également les animaux totems. Donc, je me suis intéressée sur la deuxième et troisième année, de manière à faire évoluer aussi les collections que je peux présenter au public. Il y a eu comme un intérêt tout à coup de m’approcher des animaux, des animaux totems, parce que ça rejoint de la symbolique avec les archétypes. Donc, on peut être du signe de l’animal, par exemple, comme un signe du Zodiaque, ou alors ça peut être un animal qui est venu nous visiter, dans des rêves, ou dans un voyage sonore, ou alors peut-être une attirance qu’on ne pourrait pas expliquer, mais on se sent connecté à un ou plusieurs animaux. Et donc, moi, ça a été très riche de visiter ça, et je crois aussi que l’élan premier, et que j’aime beaucoup les animaux, donc j’ai un chat qui m’accompagne, Sacha, qui est très souvent à côté de moi lorsque je peins. Il est le gardien, d’ailleurs, de ces espaces invisibles qui sont ouverts lorsque je suis dans le processus de peinture. Et j’ai eu très envie de peindre les poils des animaux. C’est-à-dire, pour moi, c’est comme une caresse. C’est vraiment, avec le pinceau, pour moi, le pinceau glisse sur la toile, et autant j’ai caressé la peau des indiennes pour rendre toute la beauté de ces indiennes dans des saris flamboyants, autant là, je me suis délectée du pelage, des plumes, de la chouette, du loup blanc. Je crois que quand je touche du plaisir, eh bien, il y a de l’amour dans le tableau. Il y a quelque chose qui est au-delà de moi-même. Je perds la notion du temps, et ça se ressent dans les peintures. Et les gens peuvent être interpellés et découvrir.

Photos de Marie l'Or art-thérapeute à la plage avec une planche de surf

Katia : Il y a une petite phrase sur ton site que je t’ai piquée. « Peindre, c’est un moyen de comprendre la vie. Il y a autant de solutions que d’êtres humains ». C’est une citation de Georges Tooker.

Marie-L’Or : Oui, elle a quelque temps, celle-là. Et c’est vrai que ça me permet de me replonger dans ce monde. Alors là, je vais glisser sur une conscience plus de l’art-thérapie. Parce que cette phrase, elle dit que nous sommes tous différents, et que nous voyons le monde avec nos propres perceptions. En fait, c’est une projection. Donc, effectivement, dans le monde, il y a des milliers d’individus, enfin, des millions d’ailleurs, d’individus différents. Donc, il y a plusieurs, il y a plusieurs solutions. Et là, c’est le propos de l’art-thérapie, c’est-à-dire d’une consigne qui est demandée lors d’un atelier en groupe ou individuel. La même consigne, elle va être donnée à la personne qui est là. Et en fait, il va y avoir une interprétation, donc une projection. Donc, en fait, c’est très subjectif. Et l’art-thérapie vient vraiment travailler de manière individuelle, c’est-à-dire qu’on utilise des principes de manière universelle, parce que dans la psyché profonde, nous sommes tous les mêmes, parce qu’on descend dans les cellules. Et donc, en fait, nous sommes tous pareils. Nous cherchons de l’amour, de la reconnaissance. Nous sommes divinement bons, généreux. Nous sommes amour et lumière. Et ensuite, il y a la différenciation qui commence à opérer. Donc là, on part du soi au centre du mandala. Et donc, la différenciation vient opérer. Et on va vers les bords du mandala. Et on commence à être tous différents, avec un physique différent, des histoires différentes, des perceptions différentes, des ouvertures aussi différentes. Donc, ça vient colorer. C’est comme si on mettait des lunettes. Et on va avoir des verres différents, un peu teintés de rose, de bleu, de vert. Donc, en fait, la manière dont nous voyons la vie est colorée de notre perception de la vie. Et donc, elle est très personnelle. Elle est unique à chacun. Et donc, le chemin de l’art-thérapie, c’est de pouvoir toucher l’autre à cet endroit de son unicité, pour pouvoir l’accompagner au mieux dans son histoire personnelle.

Katia : Donc, tu es art-thérapeute. Et tu utilises la peinture comme média dans tes accompagnements ?

Marie-L’Or : Oui, tout à fait. Alors déjà depuis toute petite, voilà, je gribouillais mes cahiers à l’école. Je suis d’une génération où l’art n’avait pas été une matière secondaire. Je n’ai pas eu l’élan suffisant de demander à mes parents. C’est-à-dire, j’aurais pu vraiment porter ma voix et avoir des envies. Et je pense que mes parents auraient pu m’écouter. Mais je me suis laissée entraîner par le programme de l’école de cette époque-là. Mes parents aussi. Donc, on m’a proposé très classiquement secrétaire coiffeuse ou dans la gestion, etc. Je suis partie dans le tourisme. Déjà, un élan de voyage. Mais je peignais tout le temps. J’étais très bien, très bonne, des bonnes notes en dessin et en peinture. Mais pour moi, c’était secondaire. Donc, je le faisais à la maison. Et puis, ensuite, c’est aux Antilles, sur les bateaux. Comme j’étais hôtesse marin, équipage sur les bateaux, j’avais du temps de libre et pas forcément toujours la possibilité de rejoindre la terre pour faire des activités sur la terre. Et donc, j’ai très vite peint sur le bateau. Donc, c’était un entraînement de peindre avec la vague. Mais au mouillage, c’était un autre mouvement. Et c’est ensuite la vie qui m’a ramenée à ma ville d’origine. Donc, à Saint-Etienne, je suis stéphanoise. Et là, j’ai découvert, ma maman était déjà décédée depuis plusieurs années, que mon papa était en difficulté de vie, tout simplement vieillissant. Et j’ai fait le choix de rester auprès de lui. C’est dans ma ville natale que j’ai poussé les portes d’un atelier de peinture. Et en fait, je croyais que je rejoignais juste des gens pour aller peindre en groupe. J’avais complètement occulté le mot art-thérapie sur la porte à l’entrée. En fait, c’est une amie des Antilles auquel je dis bonjour, Tassa, je t’aime, qui m’a aidée parce que pour moi, c’était beaucoup de chagrin de quitter le bateau et les Antilles et de me retrouver dans ma ville natale à accompagner mon papa vieillissant. Ça faisait beaucoup d’événements qui cumulaient des difficultés. Elle me dit il faut absolument que tu trouves quelque chose qui te nourrisse ici, puisque tu vas y passer plusieurs années et que ça va être challengeant pour toi. Il faut que tu trouves une activité qui te soutienne. Et elle dit, regarde, t’as toujours peint seule, mais peut-être que tu pourrais rejoindre un groupe. Bon, l’idée m’a effleurée et donc j’ai poussé cette porte. Mais vrai, vrai, vrai, vrai. Je n’avais pas vu art-thérapie. Et le plus fort de ça, c’est que la vie nous propose, je trouve et j’observe, et j’en ai eu l’effet vraiment réel. Avec une difficulté, une maladie, une peine, une difficulté, une épreuve, la vie nous propose, des ressources pour accompagner ce cheminement. Et donc moi, cette art-thérapie, cet art-thérapeute Gérald Kito que je remercie à l’atelier Vers Lumière et que j’honore, j’ai de l’émotion dans la voix, était spécialisé dans l’accompagnement des personnes âgées. Ça faisait 30 ans qu’il œuvrait dans un hôpital qui s’appelle La Charité à Saint-Étienne. Et il proposait ces ateliers d’art-thérapie à visée analytique transpersonnelle. Donc il y avait un peu de spirituel, même beaucoup, sur l’accompagnement de la personne âgée. Donc c’était cadeau.

Katia : Tu as poussé la porte de cet atelier sans savoir tout ça ? Incroyable !

Marie-L’Or : C’est en cela que je dirais que ma vie est riche de synchronicités. Et je crois que c’est une vibration, c’est un élan, comme l’élan auquel j’ai répondu avec la géométrie sacrée. C’est comment on réussit à s’écouter et à répondre parce que la vie nous parle à l’intérieur de nous tout le temps. Et donc là, il y avait Tassa, bien sûr, qui m’a aidée. Mais j’aurais pu fouiller sur n’importe quel autre site. Mais ma main a été téléguidée, mais pas été téléguidée dans cette rue pour pousser cette porte. Et donc, au départ, j’ai suivi les ateliers. Très vite, je me suis inscrite à la formation. Je dirais plutôt à titre personnel. La vie était intense d’accompagner une personne âgée, une personne qu’on aime, vers une destination où on n’a pas envie d’aller. Et c’est que bien plus tard que j’ai réalisé qu’il était possible que je puisse accompagner les autres. Et d’ailleurs, les modules que j’ai proposés au printemps, là, ce cycle de trois modules sur le sujet important du deuil, c’est parce qu’en fait, moi-même, je n’ai pas réussi. Il se trouvait qu’au décès de mon papa, je devais rendre le mémoire, la soutenance pour mon diplôme d’art thérapeute. Et je n’arrivais pas à écrire. J’étais bloquée. Ce n’est pas du tout ma grande spécialité non plus d’écrire. Et en fait, Gérald m’a dit, mais écoute, écris sur ton expérience. Écris donc sur le deuil. Parce que je ressentais que ça me coupait de ce qui était actif à l’intérieur de moi à quelques mois du décès de mon papa. Et donc, ça m’a permis de continuer de plonger profondément dans les émotions, d’explorer toutes les facettes du deuil qui existent, et donc le mémoire. Donc, du coup, je me me sens légitime et assez pointue pour pouvoir accompagner justement cette étape qui peut être difficile, qui est une étape quand même assez taboue, assez muette. Il y a de la pudeur avec les émotions, avec la mort. Il y a comme un parfum que si on s’en approche, on pourrait soit augmenter le chagrin, soit peut-être ne jamais s’en relever si on s’approche de l’émotion, soit peut-être aussi mourir nous-mêmes. Parce que finalement, il y a symboliquement peut-être une petite mort aussi lorsqu’on le deuil, enfin le deuil qui se vit à l’intérieur de nous. Et moi, j’ai envie de dire que le deuil peut se vivre autrement. C’est une libération de déposer des couleurs sur la feuille par rapport au deuil, et que ça peut être beaucoup plus joyeux qu’on ne pense parce que le fardeau est beaucoup moins sur nos épaules, mais déposé sur le papier, sur le tableau.

Photo de Marie l'Or art thérapeute en posture de yoga

Katia : Et c’est peut-être d’autant plus tabou encore aujourd’hui que dans la nouvelle classification du DSM-5, qui est la classification des troubles psychiatriques et des maladies mentales, le deuil est reconnu comme pathologique au-delà d’un mois. Tu te rends compte ? Ça veut dire qu’ils considèrent dorénavant que si au-delà d’un mois, après la perte d’un travail, d’un être cher, tout ce qui peut provoquer un processus de deuil, si ce n’est pas réglé au bout d’un mois, c’est que tu es du côté de la maladie mentale. Donc ça dit bien qu’il y a quand même une problématique dans la considération de ce que c’est que le deuil. On sait bien que c’est un processus qui est très complexe. Donc là, c’est un non-sens, un non-sens absolu. Donc c’est peut-être d’autant plus important de pouvoir proposer des accompagnements comme tu le fais, parce que ça peut être très vite psychiatrisé. Or, on sait qu’il faut du temps, et parfois il faut une année, peut-être deux, parce qu’il y a aussi des dates anniversaires, parce qu’il y a des événements de vie qui nous ramènent, qu’il faut du temps.

Marie-L’Or : Oui alors je ne connaissais pas cet extrême. Donc un mois, c’est juste impossible. Donc moi, je dirais, voilà, en art-thérapie aussi, il y a une phrase dont j’ai oublié l’auteur, mais il y a urgence à prendre son temps. En fait, il peut y avoir vraiment un grand chamboulement. Donc dans le deuil, on considère tout ce qui est perte, en fait. Il peut y avoir, comme tu l’as mentionné, la perte d’un travail, une séparation, un divorce, un déménagement. Lorsque les enfants grandissent, il y a les enfants qui quittent la maison, donc il peut y avoir le syndrome du nid vide. En fait, la vie est un processus de perte. On perd un stylo, on perd un animal, on perd notre jeunesse, on perd des cellules chaque jour. Et puis, il y a quand même aussi le processus où nous en gagnons aussi. Donc, en fait, c’est comment est-ce qu’on peut porter de la conscience à ce phénomène de perte qui, mine de rien, nous affecte et de ne pas attendre qu’il y ait une grosse perte, justement, pour être en difficulté. Ça demande encore d’être au plus proche de nos émotions. Et cette société veut nous justement, enfin, ce n’est pas qu’elle veut, mais il y a des règles du jeu de ne pas être trop connecté à nos émotions, même pas du tout, parce que ça dérange. Donc, en fait, s’intéresser au deuil, c’est s’approcher de quelque chose de très intime, de très émotionnel. C’est quelque chose qui peut déranger. Et tu as parlé aussi de notion de cycle. Et donc, en fait, il faut laisser œuvrer la vie aussi. Donc, il va y avoir à partir de la perte, peu importe, la perte, il va y avoir donc un premier été, un premier automne, la date anniversaire, la première visite où on retourne dans un lieu qu’on a connu avec la personne, ou alors de retrouver un nouveau travail. Et donc, en fait, c’est comment réapprendre à vivre. C’est-à-dire qu’il y a un arrêt sur l’image. Ce n’est plus jamais comme c’était avant. Ce n’est pas encore comme ça va devenir. Et là, on est dans un état où le puzzle, les pièces du puzzle ont explosé. J’ai envie de dire aussi qu’il y a des effets collatéraux qui sont oubliés à une séparation, un divorce ou la perte d’un être cher, dans le sens où ça change le mode de vie. On peut être obligé de déménager, on peut être obligé de changer de situation. Il peut y avoir un vraiment une situation financière qui peut être modifiée. Donc, en fait, on va avoir plein d’espaces qui sont modifiés. Et ça, c’est très déséquilibrant pour l’être humain. Et on nous demande de réintégrer le travail illico presto. Donc, il y a plusieurs choses, malgré tout. Le fait, des fois, d’avoir un travail où on est obligé d’aller, ça va nous aider. Parce que, quelque part, ça va nous tenir debout, là où on n’a pas envie d’aller. Mais ça peut être un tuteur. On va l’appeler comme ça. Mais aussi, aussi, des fois, ça va vraiment nous épuiser. Donc, en fait, c’est comment justement l’accompagnement du deuil, c’est aussi de pouvoir aider la personne à s’approcher de l’équilibre. À quel moment c’est aidant, à quel moment ça ne l’est pas. Bien sûr, ça ne veut pas dire qu’on pourra éventuellement quitter ce travail. Mais on pourra avoir modéré les attitudes vis-à-vis des choses et trouver des ressources. Donc, dans le processus du deuil, dans un premier temps, c’est d’accueillir. Et c’est d’accueillir les bras grands, grands ouverts, la peine, le chagrin. Et de se laisser aller aux larmes. Et c’est vraiment une libération émotionnelle. Ça libère des tensions. Ça soulage. Ça allège le cœur et ça allège les épaules. Et il n’y a pas de quantité de larmes. La perception, on en revient à ce que nous sommes tous différents. Il n’y a pas de petits et de grands malheurs. Il y a la perception intérieure de ce qui nous arrive. Et ça, c’est un petit peu conditionné aussi par notre enfance. Et le cheminement que nous avons eu jusqu’à cette étape. Il n’y a pas de vie non plus sans difficulté. Donc, on ne peut pas enlever les épreuves de vie. L’art-thérapie ne propose pas de vivre une vie lisse sans épreuve. Par contre, elle propose d’être tenue par la main et de cheminer ensemble pour réussir à traverser l’épreuve. Donc, il y a l’accueil émotionnel dans ce premier module. Ensuite, il y a la mise en transformation. Parce que, de ce principe, où il y a un dépôt sur l’étoile et une décharge émotionnelle, ça nous laisse de l’espace à l’intérieur de nous pour prendre du recul. Bien sûr, ce sont des grands principes. Donc, on prend du recul et de ce détachement et de prendre du recul, on peut avoir une vision plus globale de la situation. Et moi, j’aide la personne à mettre en transformation. Et en le mettant d’une manière concrète en transformation sur le tableau, qu’on peut découper, qu’on peut brûler éventuellement dans un feu purificateur ou qu’on peut transformer avec des couleurs, on agit concrètement sur la matière. Donc, il y a un premier mouvement dans l’accueil qui part de l’intérieur. L’émotion se dépose sur le tableau. Donc, je pars de l’intérieur de moi-même. Je vais vers l’extérieur à travers mon bras, ma main, le pinceau sur la toile. Au moment de la transformation, il y a un mouvement concret de transformation dans la matière qui, de manière intrinsèque, vient agir à l’intérieur de ma psyché. Donc, je pars du tableau, de l’extérieur. Ça rentre à l’intérieur de moi. Et en transformant le tableau, eh bien, il y a un effet de transformation à l’intérieur de moi. Et le troisième module, c’est l’acceptation. C’est accepter le principe de vie. Vivre, c’est mourir. Il y a un début et une fin. Et on appelle ça une fin, mais en fait, logiquement, on dit en yoga, c’est une transformation d’état. Et donc, en fait, on passe de l’état physique à l’état invisible. On peut partir du postulat que l’âme continue son chemin. C’est le corps, qui part. Et donc, évidemment, on ne peut pas nier la réalité. Donc là, je reviens au premier module qui est l’accueil de la peine et du chagrin. C’est que lorsque quelqu’un meurt, en fait, c’est le chagrin de ce qui reste qui est là. Parce qu’il va y avoir un vide dans la maison. Il va y avoir le vide de la séparation, de la perte d’une personne ou d’un animal ou d’une situation. Ou le passage à la retraite. On perd notre vie active. On perd le côté social de se rendre dans un bureau et de dire bonjour et d’avoir des amis. On est mis sur le côté de la route. Et les gens qui, par exemple, auraient dédié toute leur vie à travailler tête dans le guidon, tout à coup, le jour de la retraite, à la fois pendant quelques semaines ou quelques mois, il y a un repos, il y a du loisir, il y a du plaisir. Et puis tout à coup, il y a un vide intersidéral éventuellement. Si on ne trouve pas des ressources, des activités et de se relier au monde du vivant. Donc là, moi, je parle de tous les deuils et de toutes les pertes. C’est vraiment global. Et bien, dans cette acceptation de la vie, il y a un changement d’état. Donc là, la perte crée le vide, donc la peine de ceux qui restent dans cette situation qui n’a pas été choisie. Donc la retraite, etc. C’est le temps qui passe. On vieillit. On voudrait bien arrêter le temps. Moi-même, je le souhaite. Donc, c’est comment d’accepter que ça va être inhérent à la vie. Il y a des pertes. Et donc, il y a plaisir et difficulté. Il y a bonheur et chagrin. Et donc, c’est comme les deux faces, c’est pile et face d’une même pièce. Donc, on revient à la symbolique de la dualité de ce monde, où nous venons expérimenter la séparation. Nous sommes partis du tout. Alors, je reprends le grand concept. Cette conscience invisible s’incarne. Elle descend dans ce corps, qui est un véhicule, qui est notre temple, de manière à ce que nous puissions faire l’expérience de la vie. Sentir, goûter, aimer, entendre, vibrer avec la musique, etc. Donc, c’est tous les sens du corps. Et le corps, c’est pour ça que le corps est si important. Ce n’est pas le corps, c’est la conscience qui habite ce corps, qui nous permet de faire l’expérience de la vie. Seulement, nous vivons la séparation du grand tout. Nous sommes passés de lumière et tout amour à la totalité par une étape très, très agréable dans le ventre de la maman, où là, on est en symbiose totale. La fusion. Et derrière, clac, séparation. Naissance, séparation. La froideur d’une éventuelle pièce d’accouchement, séparation. Ensuite, il y a selon, justement, la maman et le papa, accueillant, doux, et puis très tactile, il va y avoir les sentiments, les sensations de sécurité de base qui sont nécessaires à l’établissement de la confiance dans la vie. Donc, l’enfant, le bébé, va grandir. Ouah, la vie est une aventure, j’ai confiance. Ou éventuellement, j’ai peur, le monde est dangereux. Et bien sûr, il y a des nuances à l’intérieur, ce n’est pas blanc ou noir. Mais donc, dès la naissance, au moment où l’enfant accouche et qu’ensuite, un an, deux ans, il va prendre conscience de son individualité, lorsqu’il se regarde dans le miroir et qu’il est séparé de la maman, il y a donc séparation. Et ça amène chagrin, parce que nous sommes séparés inconsciemment, chagrin, du grand tout. Et donc, on peut trouver l’amour, on crée une famille, on va s’accrocher à un travail. Tout ça, c’est des amours conditionnés, parce que c’est conditionné à des circonstances, avec un début et une fin. Et pour moi, la vie, c’est de venir réussir à descendre à l’intérieur profondément, pour trouver cet état de calme qui rejoint le grand tout. Sur lequel on peut s’appuyer. Et puis, en fait, c’est réaliser la lumière, l’amour, le grand tout avant de mourir à notre tour. Puisque, à la mort, éventuellement, c’est un postulat. Bien sûr, on l’accepte, on l’accueille ou pas. Ça regarde chacun et chacune. Que lorsqu’il y a le corps qui meurt, l’âme continue son voyage vers d’autres incarnations. En tout cas, moi, ça me fait du bien. Il y a quelque chose à l’intérieur de moi qui me pousse à considérer la vie ainsi. Ça me porte. Ça me fait du bien.

Katia : Alors, tu as mené ta première session d’atelier sur le deuil. Alors, tout ce que tu nous racontes en termes d’évolution d’un module à un autre, moi, ça m’a fait penser, effectivement, à toutes les étapes du deuil et comment on est dans l’introjection, c’est ça ?

Marie-L’Or : Projection, au départ. Et puis comment on intériorise…

Katia : C’est ce terme-là, oui. Introjecter. Comment est-ce qu’on introjecte l’autre disparu en soi et quand on… Comment dire ? Quand on arrive à le faire vivre à l’intérieur de soi sans éprouver de la tristesse ou être envahie par des émotions, là, on a réflexion peut-être dans ce travail d’acceptation et on peut considérer peut-être qu’on a fait le deuil de ce qu’on a vécu. Dans ce que tu nous racontes, dans l’évolution de tes modules, effectivement, tu nous fais faire aussi peut-être un travail de deuil, l’air de rien à travers ton accompagnement d’art-thérapie. C’est peut-être aussi ça l’intention.

Marie-L’Or : Oui, oui, oui, tout à fait. Je vois que tu connais bien le sujet parce que tu as dit les mots…

Katia : Ce sont des restes de ma vie de psychologue. En palliatif, en gériatrie.

Marie-L’Or : Ah ben voilà, c’est ça. Parce que c’est les mots que j’aurais employés dans le sens où, comme j’ai dit, au moment de la perte, il y a donc dans cette réalité quelque chose qui n’est plus là. La présence d’une situation ou la présence d’un être humain, la présence d’un animal ou d’un lieu. C’est-à-dire que si on subit un déménagement ou une faillite et qu’on change de région, il y a tous nos repères qui sont modifiés d’une situation que l’on n’a pas choisie, donc que l’on subit. Lorsqu’on subit, il y a souffrance, il y a résistance à l’intérieur de nous. C’est très fatigant aussi. C’est très épuisant. Ça prend énormément d’énergie. Le cycle est construit comme ceci pour justement apporter l’évolution, mais c’est quelque chose qui va se vivre au quotidien. Moi, je donne la piste, je donne l’élan et ça se vit bien sûr au quotidien avec la personne. Et donc, en fait, c’est en posant, tu me disais, comment est-ce que concrètement on peut introjecter ? Donc, c’est le terme exact. C’est-à-dire que de ce vide, de par la perte de situation ou de personne, il va y avoir des actes très concrets. Et c’est en cela que l’art-thérapie peut venir nous aider. Alors, moi, j’ai été spontanément, enfin, non, j’ai pas été spontanément, mes pas m’emportaient vers l’atelier de peinture à Saint-Etienne. Donc, ça a été parfait pour moi. Et ça peut se faire avec de la musique, avec un instrument. Ça peut se faire au travers de la danse. Ça peut se faire aussi avec de la terre. C’est beaucoup plus archaïque. On touche d’autres émotions. J’ai un ami ici sur Anglet aussi qui utilise la bibliothérapie, c’est-à-dire c’est à travers les livres, donc Lionel. C’est merveilleux parce qu’il y a différentes propositions et qui vont résonner justement avec chacun et chacune puisque nous sommes tous différents. Le chemin demande du courage, un engagement et de l’implication. Donc, je dirais aller vers quelque chose qui vous appelle. C’est-à-dire que lorsqu’il va y avoir du plaisir à peindre ou à danser et d’ailleurs, ce n’est pas exclusif parce qu’on peut glisser de l’un vers l’autre, ça va être plus facile sur le chemin parce qu’au moment où ça va être un petit peu exigeant, qu’il va y avoir des émotions et puis qu’il se passe des choses intenses, c’est toujours plus facile avec un médium qui nous a attirés et qui nous plaît. Et donc, c’est vraiment par des actes concrets. Donc, moi, ça va être sur le tableau. Ça va être en peignant, en prenant du plaisir. Une amie de Saint-Étienne, auquel je fais encore un clin d’œil, Rosemonde, a appelé son atelier d’art-thérapie la peinture sur soie. Donc, il y a un jeu de mots avec la soie qui est une texture noble, donc qui nous ramène aussi à notre nature noble et qui en même temps, soie, donc le grand soi qui est à l’intérieur de nous. Donc, en fait, en passant du temps, en peignant sur les tableaux, en les découpant, on fait des collages également. Il y a des peintures spontanées, il y a des peintures beaucoup plus réfléchies, il y a celles où on va passer du temps, il y a des expresso, on dit, comme le café, où ça va être juste 5-10 minutes pour jeter de l’énergie sur le tableau. Donc, il y a plein de petits outils, enfin non, de grands outils puissants en art-thérapie qui sont proposés et qui vont œuvrer, c’est-à-dire que le propos du travail sur le deuil, c’est de faire le lien entre le concret et l’invisible. Donc, concrètement, en agissant dans la matière, on agit à l’intérieur de nous et après, c’est patience, douceur, accueil, il va y avoir des vagues. Ce n’est pas un long fleuve tranquille. Donc, on peut une semaine se sentir bien, un jour, on se sent moins bien. Donc, c’est comment aussi je peux amener de la confiance. Ok, je ne me sens pas bien, mais j’ai confiance. Il y a aussi une phrase importante, c’est qu’il y a une chose permanente, c’est l’impermanence. Donc, tout passe et tout se modifie et tout se transforme. À chaque seconde, tout est différent et n’est plus comme c’était. Donc, cette peine, qui vous assaillit ce jour-là, si vous n’êtes pas obligé d’aller à votre bureau, laissez-vous aller à cette peine. Parce qu’en plongeant dans l’émotion profondément, peut-être prendre de l’écriture et jeter des mots, peindre pendant un petit quart d’heure, il y a quelque chose qui va se décharger, une libération de tensions émotionnelles, qui va faire que derrière, il y a une éclaircie, un espace qui s’ouvre. Le deuil est très éprouvant, très fatigant et donc, l’art-thérapie vient ouvrir des petites fenêtres, des petites éclaircies où on peut, respirer un peu. Ce n’est pas gagné encore, on n’est pas totalement dans le flot de la vie avec bonheur, mais il y a une petite embellie. Et d’embellie en embellie, de petit pas en petit pas, eh bien, un matin, c’est plus doux, c’est plus léger. On peut peut-être se rouvrir à rire, à un cinéma, à une soirée avec des amis, peut-être se réouvrir à la rencontre. Mais, il est vraiment important de venir transformer à l’intérieur de soi pour se réouvrir avec amour et pas se réouvrir avec peur. Voilà, il me semble.

Photo de Marie l'Or pour le podcast Aujourd'hui écrivons demain

Katia : Je rebondis aussi sur ce que tu dis, sur le fait que ce n’est pas un processus linéaire. C’est vrai qu’on a pu aussi être biaisé par les travaux d’Elisabeth Kübler-Ross qui a décrit les cinq phases du deuil. On passe du déni à la colère, la dépression, il m’en manque une, et l’acceptation. Mais en fait, le problème, c’est qu’on croit qu’une fois qu’on a passé ces cinq étapes, ça y est, c’est terminé, on a fait notre deuil. Or, en fait, il y a des va-et-vient. Et comme tu dis, il peut y avoir un moment de tristesse et de chagrin. Et si on peut ne pas aller travailler, peut-être de consacrer du temps et accepter qu’on est dans cet état-là à ce moment-là, à condition que ce ne soit pas un état dans lequel il se soit cristallisé non plus. Mais il ne faut pas penser non plus qu’on passe d’une étape à une autre et ça y est, c’est terminé. On y revient, en fait. Et c’est le temps aussi qui fait son travail. Et c’est là où ça peut être des étapes décourageantes.

Marie-L’Or : C’est là, oui, tout à fait. En fait, le livre est à côté de nous.

Katia : Oui, tu m’as sorti son livre sur le chagrin. Donc, les cinq étapes, c’est déni, colère, marchandage. Il m’a manqué celui-là. Tiens, intéressant de l’avoir oublié, celui-là, marchandage, dépression et acceptation.

Marie-L’Or : Tout à fait. Donc, ce sont des étapes très importantes. Donc, elle a été précurseur avant nous toutes. Et donc, je m’appuie là-dessus. Et effectivement, ce n’est peut-être pas si mentionné dans le livre, mais depuis, on a du recul, que c’est fluctuant. Et c’est là où ça va être éventuellement décourageant. Et c’est là où toute la difficulté est d’être sur le fil du rasoir. Moi, je suis là pour donner l’élan avec des étapes de modules. Mais bien sûr, ce qui serait plus… Ce qui serait intéressant, c’est que la personne s’engage dans un travail beaucoup plus régulier et de longue haleine. Et également, donc, avec cette implication. Mais le fil du rasoir, c’est d’être en équilibre. Et la grande sagesse, en fait, c’est de réussir à accepter que les états sont changeants. Et donc, c’est décourageant. C’est un peu comme quelqu’un qui commence à faire un régime. Et en fait, on ne va pas avoir les effets tout de suite. On est plutôt dans la frustration. On est plutôt dans la faim. Peut-être pas un régime, mais comme par exemple un jeune. On est plutôt dans la frustration au début. On est dans la faim. Le mental ne s’arrête pas. On ne pense qu’à ça. Et donc, l’effort est surhumain. Et donc, il faut suffisamment tenir un petit peu. C’est-à-dire de continuer à poser des actes. Et donc, c’est pour ça que je propose de l’écriture tous les jours, même que 5 minutes. De faire un petit dessin, même que 5 minutes. Parce que 5 minutes, c’est 5 minutes de gagner. Et c’est le côté répétitif, répétitif, répétitif, sans voir le bout du tunnel, qui va de toute façon agir. Parce que c’est une notice, en fait. C’est un protocole. En agissant, c’est-à-dire qu’on voudrait avoir des résultats nouveaux, sans changer le quotidien. Donc, pour avoir un autre résultat, il faut absolument changer nos actions dans la journée. Donc, 5 minutes de peinture, 5 minutes de lecture. Un cadeau aussi, aller marcher dans la nature, écouter une belle musique. On peut pleurer 5 minutes avant et pleurer 5 minutes après. Et tout à coup, je me souviens aussi, en art-thérapie, on nous parle de l’intelligence de l’enfant. C’est-à-dire cette conscience qui est toute neuve. L’enfant, il pleure, il rit. Mais quand il rit, il est pleinement dans son rire. Et quand il pleure, il est pleinement dans son chagrin. Par contre, ça peut durer 2 minutes. Donc, l’invitation, c’est de descendre pleinement dans l’émotion. À partir du moment où on descend pleinement, elle se dissout. Elle se dissout tout simplement parce qu’elle a été entendue, reconnue et vécue. Elle n’a plus besoin d’être là. Les émotions sont des drapeaux qui viennent nous dire, eh, eh, eh, occupe-toi de moi, occupe-toi de toi, occupe-toi de moi. Ce sont des… C’est… On nous parle.

Katia : En tout cas, je crois qu’il ne faut pas banaliser le deuil, quelle que soit l’origine ou la cause du deuil. En t’écoutant parler, en échangeant avec toi, je me souviens, j’ai travaillé dans une structure spécialisé en soins palliatifs. Donc, on avait des lits et une unité de soins palliatifs. On accueillait spécifiquement des personnes atteintes d’une maladie grave. On faisait de l’accompagnement au deuil pour les aidants, pour les familles, mais était toléré, on va dire, un à deux entretiens. Sauf qu’un ou deux entretiens ne suffisent pas à accompagner quelqu’un à faire son travail de deuil. La peur, c’était peut-être qu’on soit moins disponible sur les services, mais en fait, il n’y avait pas tellement de demandes d’accompagnement de deuil. Les familles n’osaient pas ensuite revenir dans les services, ce que je pouvais aussi comprendre. Donc, il y a des familles que j’ai accompagnées sur du long terme, mais c’est pour te dire aussi que même en étant dans un service très spécialisé, on considérait qu’en deux séances, ça y est, c’était réglé. Deux séances avec la psy, à parler pendant trois quarts d’heure, c’était suffisant pour régler le problème. Or, pas du tout.

Marie-L’Or : C’est déjà bien que ça existe, mais ça dénote encore de quelque chose qui ne commence pas déjà. C’est-à-dire que ces enfants qui ont grandi sont un jour en deuil, en accompagnement d’un parent qui part ou d’une maladie en soins palliatifs. Donc, ayant grandi, en s’éloignant des émotions et de l’accueil et de la connaissance de soi, eh bien, après, on est des grands adultes, mais finalement complètement handicapés au niveau émotionnel. Et donc, du coup, on a des mécanismes de défense. On a des personnages pour tenir debout. Donc, c’est vrai qu’il ne faut pas qu’on s’écroule non plus. Et donc, il y a tous ces tabous et tous ces invisibles qui s’installent. Enfin, pas vraiment ces invisibles, mais disons des espaces qui cloisonnent tout cela. Et donc, ensuite, ce sont ces mêmes adultes qui sont au chevet des parents qui partent. Donc, le parent ou la personne qui est dans la maladie est complètement démuni, ne n’avait pas éventuellement travaillé ou envisagé ou ne s’était pas éventuellement posé la question en amont. Donc, au moment où on est au cœur de la douleur, au cœur du désespoir, au cœur de la souffrance, il y a très peu d’énergie pour pouvoir mettre en perspective. Alors, il arrive, on pourrait dire, comme un miracle des shifts, parce qu’en fait, c’est là où il y a la bascule. Parce qu’en fait, au pied du mur, il peut y avoir la bascule. Et puis, en même temps, elle n’arrive pas forcément, et c’est surhumain de demander, enfin, d’imaginer que la personne, sur son lit de maladie et de mort, va pouvoir conscientiser réellement cette approche du passage. Et pour les accompagnants, pareil. En fait, on est des handicapés émotionnels de la relation. La relation à soi et la relation aux autres. Donc, ça commence en amont. Donc, ça existe. Donc, c’est bien. Mais je crois, alors, peut-être, en plus, avec cette période que nous vivons, le plus grand challenge est de se prendre par la main, de ne pas attendre de l’extérieur et de cheminer. De cheminer nous-mêmes. Parce qu’en fait, toute la vie est là. Toute la vie, il y a des grands sages aussi qui nous l’expliquent. Toute la vie est là pour apprendre à mourir. Mais apprendre à mourir, ça ne fait pas mourir. Et moi-même, j’avoue que je n’y pense pas beaucoup. J’ai une bonne santé, donc je ne vis pas dans la peur de la mort. Mais par contre, j’apprivoise, avec la philosophie, avec les enseignements du yoga, avec la gestalt-thérapie qui m’a aidée à me connecter au corps par le massage et à descendre dans cette intimité intérieure, de manière à pouvoir relationner au monde plus profondément. Et puis, à l’art-thérapie aussi. J’apprivoise ce changement d’état. Et donc, pour essayer de l’apprivoiser et j’ose espérer être habitée, avec moins de peur au moment fatigué et peut-être avec plus de conscience pour ce passage. C’est un passage. Mais il est important de s’y préparer et d’accompagner les gens qui le vivent. Et donc, on revient à quelque chose qui peut se cristalliser à l’intérieur de nous. Donc, il y a un phénomène à l’intérieur de nous naturel. Nous sommes naturellement dotés pour rentrer en résilience par rapport au deuil. Si nous avons une écoute suffisante de nous-mêmes et si nous nous donnons du temps, de la douceur, de la bienveillance. Et comme on est un peu cerné par un monde de fonctionnement qui va vite, c’est ça qui nous déconnecte aussi de ce temps qui est nécessaire à une certaine maturation. Donc, ça peut se cristalliser à l’intérieur de nous sans que nous en ayons conscience parce que nous avons sauté l’étape un petit peu précipitamment. Donc, ça veut dire qu’on s’est distrait, on a un peu refoulé, on s’est distrait, on est reparti dans des activités très rapidement et en fait, l’expérience nous sera reproposée. Pas forcément avec une autre perte, mais à une autre occasion parce que la vie est intelligente… Alors, des fois, si on n’écoute pas, ça va nous être proposé de manière plus intense, avec plus de gravité, plus d’impact sur nos vies. Et au contraire, si on élague, si on transforme, si on gère un peu par là la poussière sous le tapis, à droite, à gauche, et bien des fois ça revient, mais de manière plus légère, comme pour nous montrer, ah, où est-ce que j’en suis sur ce sujet-là ? Alors, il ne faut pas croire qu’on est en échec. C’est-à-dire que l’expérience peut nous être proposée, une épreuve, mais ce n’est pas que ça n’a pas fonctionné avant. C’est tout simplement que ça nous est proposé à un autre niveau vibratoire pour un peu checker où est-ce qu’on en est. Et c’est toujours en évolution. Il y a une spirale vertueuse qui nous tire vers le haut dans le processus d’individuation. Donc, c’est en cela que tout est impermanent, comme on le disait. Il y a des vagues. Ne pas perdre courage. Et les temps qui sont difficiles, on va pouvoir observer qu’ils se raccourcissent. C’est-à-dire qu’avant, on peut être plongé pendant plusieurs mois ou quelques années dans des choses difficiles. Après, ça se raccourcit à quelques mois. Après, ça peut être sur une semaine ou une matinée. Et après, des fois, on peut sentir. On peut sentir arriver la situation. Hop, hop, hop, on a ce recul. Et on sent qu’on pourrait avoir le scénario qui se met en route à l’intérieur de nous. C’est-à-dire d’agir comme avant et d’avoir le conditionnement et la croyance d’avant. Et là, hop, ah non, mais attends. Ok, et là, je suis en vigile. C’est ok, je suis tout de suite là et tout de suite, je modifie.

Katia : Je pense que tu as déjà répondu à la question, mais d’où te vient ton intérêt pour la transformation de l’humain ? Est-ce que ça s’origine dans l’expérience personnelle que tu nous as partagée tout à l’heure ?

Marie-L’Or : Je crois que oui. Je suis tombée et c’était la faute du monde entier. Donc, dans ma vie, j’ai eu des expériences difficiles, comme tout le monde. Ni plus, ni moins. Je crois que c’était surtout ma perception aussi colorée par une enfance particulière qui m’a fragilisée dans certains espaces de ma vie. Et pendant une étape de vie, c’était la faute d’un mauvais travail ou de mes relations, où je n’habitais pas au bon endroit, où je ne faisais pas les choses qui allaient bien. Enfin, voilà. Et puis, j’ai déménagé et quand j’étais sur ce bateau, je me suis arrêtée dans une bibliothèque municipale à Saint-Martin et j’ai attrapé un livre d’Arnaud Desjardins, « Un grand sage qui nous a quittés ». Et je crois que c’était le tome 1 de « La sagesse de la vie » ou « La vie », tout simplement. Et lorsque je l’ai lu sur le bateau, le livre m’est tombé des mains parce que c’était comme s’il était écrit pour moi. C’est-à-dire que ça parlait des émotions, du mental, de l’inconscient, le conscient, ça parlait de comment on pouvait se sentir séparés. Et j’ai dit, mais donc en fait, je me disais il y a donc quelqu’un qui a écrit ce livre et qui ressent ce que moi j’ai pu ressentir. Donc ça m’a fait déjà me sentir moins seule au monde. Dans ce livre, j’ai lu qu’il pouvait y avoir moyen de prendre de la distance avec tout cela et de comprendre que ça pouvait se passer autrement. Et l’année d’après, je commençais le yoga et derrière, avec les enseignements, avec l’Inde. En fait, c’est ma blessure. De toute façon, c’est où je continuais d’être « malheureuse » parce que j’arrivais à maintenir un équilibre de façade ou alors je pouvais toucher ma vraie nature et donc m’accomplir. Et ce livre m’a fait comprendre que je pouvais trouver des ressources. Voilà, c’est ça. Donc après, je suis allée de livre en livre, de podcast, en conférence, des séminaires, des ateliers. J’ai trouvé ça passionnant et je me sens extrêmement vivante lorsque je suis en stage, lorsque je suis en séminaire ou en retraite parce que, étant donné que tout est concentré sur l’étude de soi et la connaissance de soi, je trouve qu’il n’y a rien de plus vivant.

Katia : Oui, parce qu’on n’a pas parlé de toutes tes autres casquettes. Alors, tu as glissé de temps en temps la Gelstrat-thérapie, le yoga. C’est pour ça que je ne t’ai pas présentée au début parce que tu fais plein de choses et je ne savais pas comment tu voulais te présenter, ce que tu voulais mettre en avant aujourd’hui.

Marie-L’Or : Je ne sais pas trop moi-même. En fait, j’ai cheminé au fil des épreuves de vie qui m’étaient proposées en étant complètement protégée, et guidée par une énergie lumineuse autour de moi qui, à chaque difficulté, me donnait des ressources et des outils. Donc, en fait, en partant naviguer sur l’eau, j’ai trouvé la contemplation et l’union avec la mer et donc la mer M-E-R-E, l’océan, mais également la mer M-E-R-E. Et je me rends compte que sans en avoir conscience, ça a guéri beaucoup de choses à l’intérieur de moi avec ce mouvement de bercement sur la mer. De cette île où j’étais à Saint-Martin, j’ai poussé la porte d’une école, enfin, d’un stage de massage qui m’a amenée à la gestalt-thérapie ou sensitive gestalt-massage. Donc, ça m’a permis de descendre dans mon corps et d’être à l’écoute de la respiration, à l’écoute des sensations corporelles. Ça m’a réconciliée avec le toucher, avec l’autre. Donc, du coup, j’ai perdu, enfin, j’ai gagné en confiance du contact physique. De ce contact physique, j’ai eu un relationnel beaucoup plus apaisé avec les autres êtres humains. Ça m’a amenée ensuite à l’art-thérapie à Saint-Étienne qui m’a permis d’accompagner au plus juste mon papa. Et j’ai envie de dire, ma maman était déjà décédée, mais j’avais été dans l’évitement, j’avais été dans la fuite. Et donc là, je suis restée sur place et j’ai réussi à ne pas m’enfuir. Donc, je dirais que c’est mon papa qui m’a accompagnée parce qu’en fait, il m’a appris éventuellement à mourir et à s’approcher de ce passage. C’est initiatique d’accompagner quelqu’un vers la mort. Et ensuite, en sous-marin de tout ça, en socle de la maison, des fondations, il y a le yoga qui m’accompagne depuis toutes ces années. Donc, avec le Hatha Yoga dans un premier temps. Je suis celle que je suis grâce au Hatha Yoga. Et depuis ces dernières années, j’explore le Kundalini Yoga qui également transforme la femme que je suis. J’ai encore un cycle tantrique qui m’a permis aussi de m’approcher de la femme sacrée. Et donc, de réconcilier en moi le féminin sacré, donc la polarité avec la polarité du masculin sacré qui fait énormément écho au Kundalini et à la géométrie sacrée. Et donc, en fait, je ne peux parler que de ce que je connais bien, de ce que j’ai exploré moi-même en toute humilité parce que sinon je serais tombée. Et d’ailleurs, je suis tombée, mais je dirais que ces différentes cordes à mon arc que j’ai aujourd’hui, c’est ce qui m’a permis de me relever. Donc, j’ai envie de le partager aux autres parce que j’ai envie de dire c’est possible. C’est possible et puis d’aller vers ce que vous aimez. Moi, j’ai été vers des élans qui vont peut-être parler à certains ou à certaines. Donc, oui, c’est possible.

Katia : C’est possible. Je pense qu’on a compris qu’elle était ta raison d’être. Aider l’autre à cheminer et à se transformer. Et dernièrement, notamment dans son parcours de deuil, puisque c’est ce vers quoi tu t’orientes aussi, puisque tu as de nouveaux ateliers à la rentrée.

Marie-L’Or : Oui, tout à fait. C’est un module qui a été mis en place et puis qui a mijoté, qui est arrivé à son accouchement. Et donc, il y a un module de printemps qui peut être aussi à une période où justement on peut se délester du passé pour s’ouvrir au printemps et à l’été qui arrive. Et il y a aussi le phénomène de l’automne, où c’est un moment où on va descendre à l’intérieur de nous, les feuilles vont tomber des arbres, on est dans le dépouillement. C’est une bonne occasion de venir explorer à l’intérieur de nous. Et puis, de toute manière, c’est un sujet qui peut être à l’ordre du jour à tout moment de l’année. J’ai envie de dire que ça peut être joyeux, c’est-à-dire que travailler sur le deuil, ça n’est pas forcément souffrir toute une journée lorsque je propose le module. Et au contraire, vous pourriez être surpris de découvrir qu’il y a de l’allègement, de la joie, de la bienveillance, de la douceur, parce que c’est un espace de cocon, un espace d’intimité. Et il y a également les ateliers de peinture un peu plus ludiques. Donc, moi, j’ai une personnalité riche, je suis un bélier, tout feu, tout flamme, je brille au printemps, c’est pour ça que j’ai plusieurs facettes qui brillent, qui rayonnent. Et donc, il y a également la peinture dans un axe de joie et de partage, où on va découvrir l’espace d’un artiste connu, et comment est-ce qu’on pénètre sa vie, comment est-ce qu’on pénètre les émotions qui l’animaient, et au niveau du pinceau, comment est-ce qu’on va utiliser le pinceau différemment, justement, avec la technique du peintre. Donc, c’est des espaces qui sont complètement différents, qui peuvent s’adresser à des publics différents, mais par contre, moi, comme je reste la même, je vais y laisser mes connaissances d’art-thérapie, et dans l’art-thérapie avec le deuil, j’amène ce côté pétillant et jouissif de la vie, parce que c’est la vie, la vie est partout. À chaque instant, il y a mort-vie, mort-vie, mort-vie. On ne peut pas se séparer.

Katia : On te retrouvera au festival organisé par Dolorès au mois de décembre, dont la thématique principale, on peut le dire, c’est sur la géométrie sacrée.

Marie-L’Or : Tout à fait. Dolorès est quelqu’un qui réunit les êtres humains, qui est très ambitieuse. Il y a à nouveau ce festival des arts, le 7, 8 et 9 décembre, axé principalement sur tout ce qui est vibratoire, et la géométrie sacrée, et les ondes de forme. Et donc, j’ai l’honneur d’y avoir un stand, donc on pourra à la fois admirer les tableaux, et j’animerai des ateliers vibratoires, avec certainement le mandala, qui est une peinture méditative, en neuf étapes, donc ça se déroulera dans la journée, sur plusieurs épisodes, il y aura une petite inscription sur place, et ça va être des moments très chaleureux pour ce début du mois de décembre. Dolorès est une personne qui a été importante dans des moments de vie délicats pour moi, en 2017, 2018, 2019, et puis maintenant, on partage du bonheur, c’est-à-dire je surfe la vague de la joie.

Katia : Comment est-ce qu’on peut te retrouver ou communiquer avec toi ?

Marie-L’Or : Alors, j’ai une page Facebook, j’ai également le site soam-biarritz.com il y a mon numéro de téléphone, j’ai une chaîne YouTube dont je te donnerai les coordonnées, qui est relativement timide, qui n’est pas très alimentée pour l’instant, mais que je peux petit à petit nourrir de plus en plus. Je suis également sur Instagram de temps en temps, on peut me téléphoner, bien sûr j’ai un email, on peut voir les peintures de manière régulière dans des lieux d’exposition, ou des fois dans des salons de bien-être, donc ça je communique par publication. Et donc, il y a pour l’instant ces projets de modules qui existent déjà, et qui vont se proposer, pourquoi pas, deux fois par an. Il pourrait y avoir des projets selon la demande d’ateliers plus réguliers d’art-thérapie, peut-être bimensuel. Il y a les propositions ponctuelles de peinture d’un artiste connu sur un module de trois heures qui peut se faire à domicile, ou également dans une salle. Et il pourrait y avoir prochainement des projets de communication sur vivre le deuil autrement, donc ça, ça serait l’éventuel titre qui pourrait se faire par vidéo, par podcast, et hors scène, je te communiquerais le nom de quelqu’un qui souhaiterait te rencontrer et peut-être collaborer.

Photo de Marie l'Or art-thérapeute et de Katia Crabé à la plage

Katia : Qu’est-ce que tu aurais envie de dire à la petite Marie-Laure ?

Marie-L’Or : Alors, tu entends par quoi la petite Marie-Laure ? Tu veux dire l’enfant intérieur, à l’intérieur de moi ?

Katia : Tu entends la question comme tu as envie de l’entendre.

Marie-L’Or : Ok, alors, du coup, la petite Marie-Laure, j’ai envie de, et ça va me faire monter, de l’émotion …

Katia : C’est la séquence émotion à chaque fois.

Marie-L’Or : J’ai envie de lui dire que je suis fière. Je suis fière et je la félicite d’avoir su se relever quand c’était difficile. Je la félicite de grandir au fur et à mesure. Actuellement, je peux observer que je réussis à vivre de mieux en mieux du contentement, et ça pour moi, c’est une grande sagesse. Le contentement de la simplicité, d’un soleil qui se lève, du sable sous mes pieds, d’une peinture que je peux peindre, de l’amitié qui est autour de moi. Donc, je suis fière de la petite fille qui est encore à l’intérieur de moi et qui habite cette femme d’aujourd’hui. Cette petite fille qui, des fois, réclame encore de la reconnaissance et qui peut avoir des larmes, mais j’arrive de mieux en mieux à être le parent de cette petite fille, à l’accueillir, et on marche main dans la main. Donc, je crois que je réussis à aimer de plus en plus cette petite fille à l’intérieur de moi, et du coup à aimer, à accueillir la femme que je suis devenue. Et qui chemine encore vers le meilleur de moi-même. Merci.

Katia : Merci.

Marie-L’Or : Merci, Katia.

Katia : J’interview les acteurs du Nouveau Monde. C’est quoi pour toi le Nouveau Monde ?

Marie-L’Or : Alors, le bélier est idéaliste, donc c’est l’âge d’or. C’est-à-dire, il y a comme une boucle vertueuse qui est en train de se reproposer. Nous entrons dans l’ère du verseau. Le Nouveau Monde, c’est la sagesse intérieure, c’est vivre l’amour et la lumière. C’est solidarité, partage, conscience, amour de soi et amour des autres. C’est vivre au plus juste de ses valeurs intérieures à chaque petit pas du quotidien. Il semblerait que nous entrons dans l’ère du verseau, vers un nouvel âge d’or, bien sûr, qui sera réactualisé par rapport à ce qu’il a été bien avant. Je ne sais pas si je vais en voir totalement sa réalisation au sens du monde entier. Mais par contre, au quotidien, je m’attache à être, avec des personnes qui ont une vision commune vers un phare, vers un cap qui élève d’ailleurs, qui me fait monter le menton et les yeux vers le ciel, vers toutes ces femmes et tous ces hommes qui œuvrent vers le meilleur de nous-mêmes. Voilà, le monde nouveau. Le monde nouveau, c’est l’amour et la paix.

Katia : Alors, on a déjà répondu en filigrane tout le long de l’interview, mais comment tu participes à la création de ce monde nouveau ?

Marie-L’Or : Eh bien, j’essaye en œuvrant sur moi-même, c’est-à-dire cette paix que je n’habite pas toujours au quotidien, sept jours sur sept, eh bien, j’essaye de la cultiver justement, de la mettre en œuvre. Et en la mettant en œuvre et en étant au contact de d’autres personnes qui œuvrent de la même manière, elle se diffuse et elle se répand. Et du coup, d’une manière un petit peu plus officielle, j’ose porter ma voix à d’autres personnes qui œuvrent de la même manière. Dire que je propose l’accompagnement et qu’on peut venir participer, voilà, j’œuvre de cette manière-là.

Katia : On arrive à la fin de l’interview. Quelle est la question que je ne t’ai pas posée que tu aurais aimé que je te pose ?

Marie-L’Or : Je ne sais Je ne sais plus. Et je crois qu’en fait, c’est Satanam, c’est juste. Il en est ainsi. Et d’ailleurs, mon site s’appelle soambiarritz.com parce que Soam, c’est Soam, c’est cela, c’est-à-dire sans adjectif. Donc, ça vient de Arnaud Desjardins. C’est, « Il en est ainsi, ainsi soit-il ». Donc, en fait, je ne sais plus quelle question tu n’as pas posé et c’est très bien ainsi.

Katia : Est-ce que tu souhaites nous dire quelque chose de plus avant qu’on termine sur le portrait chinois ?

Marie-L’Or : J’ai envie de dire merci, gratitude à la vie, merci d’être venue, de t’être ouverte à ma demande parce que c’est très profond et gratitude. Voilà, c’est ça, c’est gratitude, lumière et amour.

Katia : Merci à toi.

Marie-L’Or : Merci, merci, merci.

Katia : On termine sur le portrait chinois. Tu te rappelles du jeu, si tu étais, je ne sais pas, peut-être tu l’as fait plus jeune ou plus récemment, si tu étais un plat ?

Marie-L’Or : Alors, j’aime toutes les cuisines et tous les légumes, mais en fait, il y a un parfum indien quand même grâce à tous les épices qu’il peut y avoir là-bas. Alors, j’ai peut-être oublié, c’est le palak panir. C’est du fromage avec des tomates, des épinards, et puis il y a une sauce avec des épices indiens. Donc, je dirais la cuisine exotique, la cuisine orientale. Elle est parfumée, elle est épicée, elle vient parler à tous mes sens. On la mange avec les doigts parce qu’il nous explique qu’en fait, les parfums et le goût des aliments passent à travers les pores de la peau et donnent des informations à notre cerveau. Donc, l’Orient, la cuisine indienne.

Katia : D’accord, ça tombe bien parce que je pose toujours cette question quand c’est bientôt l’heure du repas. Il est 11h55. Si tu étais un livre, tu serais ?

Marie-L’Or : Alors, j’ai eu énormément de mal à choisir. Je n’achète plus de table de chevet étant donné que ce sont les livres qui tiennent les lampes à côté du lit. Je vais peut-être revenir à l’origine. Ce livre de la sagesse d’Arnaud Desjardins. C’est-à-dire, il y a eu ce déclic sur ce bateau en allant dans cette librairie. Ce livre que j’ai pris sur un rayon que je ne savais pas du tout. Et le chemin a commencé ce jour-là. C’est La sagesse, Arnaud Desjardins. Le tome 1. Et j’ai lu les autres, bien sûr. Oui, il y en a plusieurs. Oui, j’ai suivi les enseignements, d’ailleurs, après parce qu’il était proche de ma région. Donc, oui, c’était merveilleux.

Katia : Si tu étais un dicton ?

Marie-L’Or : Alors, le dicton, j’ai repris de l’école de tantra yoga, kundalini yoga que je suis là depuis plusieurs années. Il y a l’auteur, poète mystique persan Rumi. Et donc, la phrase, le dicton, c’est « la blessure, est l’endroit par lequel entre en vous la lumière ». Ça me touche beaucoup.

Katia : Si tu étais un film ?

Marie-L’Or : Je n’ai pas hésité. J’ai passé beaucoup de temps sur les bateaux, donc j’ai été très peu au contact des films et de la télévision, d’ailleurs, que je n’avais pas et que je n’ai toujours pas. Mais La belle verte, Colline Serrault. Le film est ancien. Il a peut-être vieilli au niveau de l’image et des costumes. Mais pourtant, il est complètement anticipatoire.

Katia : Qu’est-ce qu’il est d’actualité ?

Marie-L’Or : Il est complètement d’actualité.

Katia : C’est une référence qu’on m’a donnée fréquemment dans mes interviews. C’est ce que je te disais tout à l’heure. Il y a souvent les mêmes références qui viennent. Les plats indiens reviennent très fréquemment.

Marie-L’Or : Ça, c’est drôle. Je pense que Colline Serrault, tout à coup, elle, en faisant ce film, a été habitée de quelque chose d’universel. La cuisine indienne est quand même sur le territoire de la sagesse indienne spirituelle. Donc, il y a quelque chose qui habite tout ça. Et Colline Serrault, ce film, c’est un film pour toujours.

Katia : Si tu étais un super héros…

Marie-L’Or : Là aussi, j’ai eu du mal à soit me connecter à quelque chose de beaucoup plus universel depuis la nuit des temps, ou alors à quelque chose de contemporain et moderne. Et donc, j’ai choisi quelqu’un qui nous a quittés il y a quelques mois, six mois ou un an, je ne sais plus, Tina Turner. Alors, pour moi, Tina Turner, c’est-à-dire que moi, j’ai eu la chance, en bateau et avec la peinture, d’écouter beaucoup de musique. Je n’avais pas de télé, mais j’ai la musique. Donc, mes créations de peinture sont énormément portées, par la vibration du son et de la musique, les mantras, ou Tina Turner. Et Tina Turner, c’est quelqu’un qui, au cœur de sa difficulté de femme et de la souffrance, s’est connectée au bouddhisme. Et en fait, c’est les chants de mantras qui l’ont tenue, mais dans l’invisible, c’est-à-dire qu’elle n’en a pas fait la publicité, parce qu’en plus, elle était maltraitée. Et donc, c’était son jardin secret. Et c’est ce jardin secret, cette architecture par le bouddhisme et par le chant des mantras qui lui a donné un jour le courage de quitter l’hôtel, de s’enfuir, de demander à un autre hôtel. Et en fait, elle est sortie de cet enfer. Donc, pour moi, et derrière, elle a eu une carrière, elle s’est réappropriée son nom, elle s’est réappropriée son nom de femme. Et des années, des années, des années après, elle a réouvert son cœur à l’amour. Donc, pour moi, il y a un chemin de résilience et il y a une force intérieure qui a été amenée par cette énergie, cette lumière du mantra, du chant, de la lumière et de la conscience. Donc, Tina Turner, c’est mon héroïne.

Katia : Il y a une question que je ne t’ai pas posée. Du moins, il y a quelque chose dont on n’a pas parlé. C’est l’orthographe de ton nom. Parce que Marie l’Or, mais ce n’est pas Marie-Laure. Alors, ton profil sur Facebook, c’est Marie-Laure L-A-U-R-E. Mais ton nom d’artiste, c’est Marie l’Or.

Marie-L’Or : Alors, depuis quelques temps, mais du coup, on ne peut pas l’entendre à l’audio. C’est par écrit. En fait, depuis quelques temps, depuis 2020, c’est devenu Marie l’Or. Donc, lorsque je vous parle qu’il y a eu tel an de peintre de la géométrie sacrée, et donc les mandalas et les shriyantras, c’était pour retrouver un équilibre intérieur, mais d’une manière inconsciente. Passer des heures toute la journée à peindre, ça agit sur moi. Et en fait, je suis entourée aussi avec des amitiés très profondes. Et c’est mon amie Clara, donc Tara, la musicienne, auquel j’ai assisté à un concert. Et elle a cette chanson de l’alchimiste. Elle crée des concerts qui s’appellent des concerts de l’oracle, où on tire un petit papier et il y a une chanson qui va être chantée pour nous. Et au cœur de 2020, au cœur des confinements, au cœur d’une tension extrême et d’un désespoir qui m’habitait, parce que je captais tout ce qui allait se dérouler dans l’égrégore de l’ensemble de la planète, j’ai tiré l’alchimiste. Donc, changer le plomb en or. Et ce jour-là, vraiment, des larmes ont roulé, d’ailleurs, à plusieurs concerts de Clara, de Tara. Les larmes roulent sur mes joues. Et j’ai pleuré à larmes chaudes et je me suis accrochée pendant tous ces mois et toutes ces années à transformer le plomb en or. Donc, aujourd’hui, je dirais que c’est une identité qui parle de moi. C’est comment, au quotidien, j’œuvre à moi à régler mes blessures intérieures et à rentrer en résilience et en guérison et à accompagner les autres. Et donc, le plomb en or, donc Marie-Laure, L-A-U-R-E de mon nom de naissance donné par mes parents, eh bien il y a à l’intérieur de l’or qui a été révélé par cet ami très cher, L’OR et pour l’instant, ça habite mes moments de joie. Et lorsqu’il y a des doutes qui viennent s’initier à l’intérieur de moi, eh bien je me rattrape, je m’accroche à cette branche qu’effectivement, on ne voit pas toujours et on peut cheminer dans le tunnel sans voir tout de suite la lumière du bout du tunnel. Mais en tout cas, ça me rappelle que je dois continuer de marcher.

Katia : Merci Marie-Laure de ta participation.

Marie-L’Or : Merci beaucoup, Katia.

Katia : Et merci beaucoup pour votre écoute. J’espère que le parcours de Marie-Laure vous aura inspiré. N’hésitez pas à la contacter directement sur ses réseaux. Vous trouverez donc tous les liens dans la description de cet épisode. A bientôt ! A bientôt ! Merci beaucoup, Katia. J’espère que vous aurez pris plaisir à nous écouter. Si vous avez aimé cet épisode et que vous souhaitez continuer à découvrir les histoires de ces acteurs du Nouveau Monde, abonnez-vous ! Et si vous voulez être tenu informé de la sortie du prochain épisode, retrouvez-nous sur les réseaux. Tous les liens sont dans le descriptif. Merci d’avoir pris le temps de passer ce moment avec nous. Je vous dis à très vite pour un nouveau témoignage d’une belle âme !

Marie-L’Or : Au revoir.

Retranscription effectuée à l’aide d’AutoScript.

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