Muriel Cohéré de Coh’energy, infirmière et bioénergéticienne

Publié le 1er avril 2024, par Katia Crabé

Temps de lecture : 25 min

Présentation de Muriel Cohéré de Coh’energy, infirmière et bioénergéticienne

Interview de Muriel Cohéré de Coh’energy

Le Nouveau Monde selon Muriel Cohéré de Coh’energy

Le portrait chinois de Muriel Cohéré de Coh’energy

Interview de Muriel Cohéré de Coh'energy pour le podcast Aujourd'hui écrivons demain

Katia : Muriel Coheré m’accueille dans son cabinet à Bénesse-Maremne dans les Landes (14 février 2024). C’est avec une certaine émotion que je la retrouve pour l’interviewer. En effet, elle fait partie de ces humains engagés et déterminés qui ont tenu bon malgré la tempête. Muriel a été, comme moi, empêchée de pouvoir exercer son métier en septembre. a depuis changé de cap. Muriel a créé son entreprise, Coh’Energy, et exerce désormais en tant que bioénergéticienne. Avec du recul, c’est un mal pour un bien. Quand nous nous sommes rencontrés il y a un peu plus d’un an aux portes ouvertes de chez Dolores que vous avez découvert le mois dernier, nous ne savions pas que nous partageons cette expérience commune. Encore moins que nous avions été collègues dans le même établissement sans jamais s’être rencontrés. Elle était infirmière la nuit, moi, psychologue, le jour. Il a fallu que la vie nous réunisse de manière fortuite pour le découvrir, mais était-ce vraiment un hasard ? Je suis ravie de pouvoir lui donner la parole pour qu’elle puisse nous raconter son parcours et nous expliquer ses nouveaux engagements, toujours au service de l’humain et de son bien-être. Installez-vous confortablement et immiscez-vous dans notre conversation. Bonne écoute.

Katia : Bonjour Muriel.

Muriel : Bonjour Katia.

Katia : Comment vas-tu ?

Muriel : Très bien. Je suis ravie d’être là avec toi. J’ai une certaine émotion que je partage parce que, comme tu l’as bien décrit, effectivement, nous étions collègues sans nous être jamais vues physiquement, mais la vie nous a permis de nous recontacter. Et sur le plan symbolique, nous sommes allées voir ensemble le film sur les soignants suspendus et quelque part, la boucle était bouclée.

Katia : Et c’était un énorme clin d’œil quand même. C’est vrai. On a été voir le film de Fabien Moine, « Suspendus … des soignants entre deux mondes ». Je me souviens, oui, on a eu beaucoup d’émotions. Je l’avais déjà vu une première fois, mais j’ai eu beaucoup d’émotions à le revoir avec toi en salle de cinéma, avec d’autres soignants. Et peut-être de réaliser aussi ce parcours par lequel nous étions passés.

Muriel : Oui, et de le partager avec des personnes qui n’étaient pas au courant de tout ça, sincèrement. Oui.

Katia : Est-ce que tu aurais envie de nous raconter un petit peu ? Est-ce que ça a été aussi le déclencheur de ce que tu fais aujourd’hui ?

Muriel : Alors, ce que je fais aujourd’hui, depuis très longtemps, je savais que je le ferais un jour. Sauf que là, ça m’a donné un bon coup de pied. La formule n’est pas de moi, mais c’est une sorte de coup de pied occulte. Donc oui, ça a un peu précipité les choses, mais moi, c’était clair dans ma tête que je ferais ça un jour exclusivement. Oui, c’est parce que c’était un… C’était un long cheminement, en fait. Ce n’est pas juste pendant le Covid que j’ai réalisé que je pouvais faire autre chose. Non, non, c’est vraiment un parcours qui avait plus de 15 ans. Voilà.

Katia : Ça veut dire que tu t’étais déjà intéressée à la bioénergie ?

Muriel : Oui, à plein de choses.

Katia : À la bioénergie ?

Muriel : Avant ? Enfin, il y a une quinzaine d’années. Oui, oui. Pour moi, à titre perso, et pour mes enfants, mes proches. Je m’étais intéressée à différentes formes de thérapie. Aussi bien, l’ostéopathie que la réflexologie. Enfin, j’avais testé plein de choses et il y a eu tout un chemin qui m’a amenée où je suis aujourd’hui, oui.

Katia : Par quoi commence-t-on ?

Muriel : Je me laisse guider. Je peux juste me présenter. Donc, Muriel, j’ai 54 ans, bientôt 55. Je suis maman de deux enfants qui ont 24 et 27 ans, qui ont été… C’est aussi mes moteurs, beaucoup. Et donc, je suis infirmière diplômée en 1993. Je suis une vieille infirmière. Mais cela dit, c’était une bonne école de la vie, je dirais. J’ai fait mon école d’infirmière mais elle n’existe plus, cette école. C’était l’école Saint-André, à Bordeaux, une école qui était publique. Et en lien avec l’hôpital. La directrice et les enseignantes étaient des anciennes infirmières à l’ancienne, on va dire. C’était à la fois beaucoup d’expérience. On nous a apporté beaucoup de connaissances dans des tas de domaines qui m’ont toujours servie tout au long de ma vie. Mais surtout, ces femmes étaient des modèles aussi pour nous, dans ce qu’elles étaient, des valeurs. Et il y en a une en particulier, Mme Dobijon, je me rappelle même de son nom, qui était une ancienne infirmière de Réa, et qui nous disait toujours : « il y a ce qu’on vous apprend à l’école, et il y a aussi le gingin infirmier ». C’est-à-dire qu’elle, elle appelait le gingin, le bon sens et l’intuition. Et là, ça a fait du lien avec ce que je fais aujourd’hui.

Katia : Quel est le lien ?

Muriel : Eh bien, le bon sens. Et écouter son intuition, sa petite voix intérieure. Et en fait, elle avait raison. Elle avait raison. Et ça a été le fil conducteur de beaucoup de choses que j’ai faites dans ma vie. Autant sur le plan pro que perso.

Katia : Tu avais une notion que tu écoutais ton intuition et que tu faisais tes choix peut-être à partir de ton intuition et cette petite voix ?

Muriel : Alors, maintenant, je le sais, que j’avais probablement ça depuis enfant. Mais à l’époque, non. Pour moi, c’était normal. Je pensais que tout le monde était un peu comme ça.

Katia : En quoi aujourd’hui, tu dirais que ça t’a guidée ?

Muriel : Parce qu’en fait, les choix que j’ai faits n’étaient pas toujours hyper rationnels, mais guidés par ce que je ressentais au fond de moi. Sans écouter forcément les conseils et les avis autour de moi. Ça s’est vérifié pour plein de choses dans mon parcours.

Katia : On en a parlé en aparté pour préparer, notamment en 2021. Tu as envie de nous raconter un peu plus comment tu as vécu les choses et comment, justement, cette petite voix que tu avais à l’intérieur de toi t’a guidée dans tes choix.

Muriel : Oui. Alors, donc, il faut replacer les choses dans leur contexte. J’étais infirmière de nuit. On était donc dans le même établissement sans nous croiser. Je lisais tes comptes rendus sur les patients. J’avais déjà fait des formations en bioénergie, etc. J’avais déjà fait tout ça. Donc, je savais qu’un jour, j’allais faire ça à temps plein. Mais là, ça devenait de plus en plus le grand écart dans ma tête entre ce que j’appliquais et ce que je faisais dans mon quotidien d’infirmière et ce que je savais, moi, d’autres choses que je ressentais des patients. Et de me dire que j’aurais pu apporter d’autres choses. Pas forcément sur le plan médical, mais plus dans la prévention. Voilà. Donc, ça, oui, ça devenait de plus en plus compliqué dans ma tête. Et le déclic s’est fait à un moment donné où on me devait tellement de jours de repos, de récup, etc. que j’ai eu, je crois, deux semaines. Et je suis partie chez une amie qui est dans une autre région. On était à la campagne, au milieu de champs de tournesol. Enfin, rien de particulier, je dirais. Mon amie n’est pas du tout dans le milieu médical. Donc, on a parlé de tas de choses. On était allées à des expos, des concerts. Ça m’a fait une vraie coupure. Quand je suis repartie travailler, là, c’est comme si je me regardais travailler. C’est comme si je m’observais travailler. Et là, je me suis dit, mais qu’est-ce que tu fais là ? Et j’ai formé deux jeunes infirmières qui venaient d’être embauchées. Je les ai formées au travail de nuit, qui a des spécificités. Et là, clairement, dans ma tête, c’était, ben, c’est bon, t’as passé le relais. Voilà.

Katia : Et ça, c’était quelle période ?

Muriel : Alors, je suis très mauvaise pour les dates. Je n’ai pas la notion de temps. C’était les années Covid. Et c’est là où, voilà, je me suis dit, non, là, vraiment, ce n’est pas juste pour moi. Mais j’étais la tête dans le guidon. Et puis, on avait besoin de nous. On était au front. Vraiment, j’avais la sensation de partir au front. Quand tout le monde était confiné et nous, on partait quand même travailler. Moi, je sortais toujours pendant les heures de couvre-feu. Donc, il y avait cette sensation, vraiment, de partir au front. C’est vraiment particulier ce qu’on a vécu.

Katia : Tu nous racontes, parce qu’on est à quatre ans de cette période de confinement, de crise sanitaire. Tu dis partir au front. On nous a annoncé que nous étions en guerre. On nous applaudissait le soir à 20h.

Muriel : Au début, on nous a applaudis. Et puis, au début, on n’avait même pas assez de masques. On n’avait même pas le matériel adéquat. La directrice de là où on travaillait à sacrifier des nappes en coton pour nous fabriquer des masques. Enfin, il faut le rappeler, quand même ce qu’on a traversé. On partait au front. Parce qu’on ne savait pas. On ne connaissait pas cette maladie, etc.

Katia : Avais-tu peur à ce moment-là, toi ?

Muriel : Pas pour moi, parce que j’avais confiance en mon système immunitaire. Et que probablement, dans ma carrière, j’avais dû croiser d’autres coronavirus. Enfin, certainement. Parce que moi, je passais au travers pendant un an, quand même. Mes collègues tombaient les unes après les autres. Par contre, oui, je me disais que, je pouvais ramener ça potentiellement à mes enfants. Parce qu’on ne savait pas, au début, exactement ce qu’il en était.

Katia : À l’inverse, tu n’as pas eu peur de contaminer les patients dont tu t’occupais ?

Muriel : Ben, on prenait un maximum de précaution. Comme on le fait dans d’autres cas, de bactéries immunitaires résistantes. Ça, on savait faire.

Katia : Parce qu’on a pu vivre aussi la pression dans nos institutions. « Surtout, il ne faut pas que ça rentre ».  C’est une phrase qu’on m’a répétée dans d’autres structures. Donc, la peur de transporter, de contaminer.

Muriel : Oui, oui, bien sûr. Bon, mais là, c’est les établissements qui ont mis des choses en place.

Katia : Et donc, là, à ce moment-là, où en es-tu dans ta réflexion ?

Muriel : Ben, là, je suis la tête dans le guidon. Il faut être là. Il faut être présent, soutenir les collègues, remplacer au cas par cas celles qui sont malades. On était dans le guidon à ce moment-là. Donc, on avance. Très fatiguées toutes. On était quand même tous très fatiguées. Et on avance et on ne veut pas lâcher. À ce moment-là, c’était ça, quoi. On était plus dans cet état d’esprit, je pense.

Katia : À quel moment y’a-t-il eu le point de bascule ? J’ai parlé de septembre 2021.

Muriel : Oui. Alors, il y a eu ce déclic personnel, un titre personnel, où je me suis dit, voilà, t’es plus à ta place maintenant. Bon, moi, j’avais attrapé le Covid. Je pense que c’est le variant anglais, je crois, que j’ai chopé, à un moment donné, où j’étais très fatiguée. Mais ça m’a obligée aussi à m’arrêter et à faire une pause. Et quand on a commencé à nous parler d’obligation vaccinale, ben là, c’est mon corps qui a parlé. Et c’est difficile à expliquer, parce que c’est du ressenti. Je ne vais pas donner d’explication vraiment rationnelle et logique. Mais c’était vraiment un rejet de tout mon corps. Et je voyais que c’était sans issue, quoi. Que je n’avais pas de possibilité de négocier. Que c’était où tu te fais vacciner, où tu pars.

Katia : Te rappelles-tu à quel moment tu as ressenti ça ? Quelle période ? Est-ce que ça a été suite à l’annonce du 12 juillet ? Est-ce que c’était bien avant ? Est-ce que tu pressentais que ça allait venir ?

Muriel : Oui, là, oui, je crois que c’était le 12 juillet, quelque chose comme ça. Ça a été le couperet, là, vraiment. Où là, je me suis dit, mais ce n’est pas vrai ce qu’on est en train de vivre. Je suis en France.

Katia : Le 12 juillet, annonce du président qui nous oblige nous soignants et professionnels, alors, il n’y avait pas que des soignants concernés par la loi, à être vaccinés au 15 septembre 2021. Sinon, on allait être suspendus, donc on n’allait plus pouvoir travailler. Plus l’instauration du pass sanitaire. Enfin, on est dans cette période-là, donc effectivement, 12 juillet, couperet.

Muriel : Oui, et là, vraiment, j’ai l’impression que ce que l’on vivait était surréaliste. Et qu’en France, on puisse m’interdire d’exercer mon métier d’infirmière, c’était difficile pour moi de l’admettre.

Katia : Oui. Ça t’a mis le doute qu’on te menace de te faire perdre ton travail, sur la décision que tu prenais, en t’écoutant toi intérieurement, plus profond de toi, mais tu as quand même douté de ta prise de décision ?

Muriel : Ben, il y a déjà les problèmes, je dirais, pratico-pratiques. C’est-à-dire qu’on part sans filer… sans droit au chômage ni aucune indemnisation.

Katia : J’ai lu ces derniers jours que ceux qui ont bénéficié du RSA doivent rembourser les aides qu’ils ont eues.

Muriel : Oui, oui, oui. Donc, c’était partir sans filer. Mais j’étais déterminée parce qu’au fond de moi, je l’ai pris comme, « bon, ce que tu voulais toujours faire, c’est maintenant ! » Voilà. Parce que moi, je savais ce que je voulais faire.

Katia : Que voulais-tu faire ?

Muriel : Les années précédentes, j’avais commencé des tas de formations, je lisais énormément de livres, je suis allée à des conférences. Je m’intéressais à énormément de choses. Je me suis formée auprès de Marie-Hélène Bosson, qui est bio-énergéticienne à Soustons. Elle m’a permis de grandir, je dirais. Ce sont beaucoup de connaissances basées sur la médecine chinoise, entre autres. C’est une méthode particulière. On travaille un peu comme un radiesthésiste, mais tout est basé sur la médecine chinoise. On essaie de comprendre les causes des causes, des mal-être et des pathologies. Donc, je pense que ça m’a fait grandir aussi. Et prendre de l’assurance. Et puis là, j’avais vraiment une méthodologie qui rassemblait plein de choses qui m’intéressaient.

Katia : Tu as été suspendue ou tu as…

Muriel : Non, j’ai démissionné. Tu as démissionné.

Katia : À quel moment ?

Muriel : J’étais en arrêt maladie parce que j’étais quand même bien fatiguée. Enfin, voilà, je n’étais pas au top de ma santé. Mais un peu après le 15 septembre, je ne sais plus exactement. Ça reste flou dans ma tête. Ce n’est pas une période youpi tralala. Mais j’ai démissionné. J’étais quand même actrice de ce que je faisais.

Katia : À quel moment as-tu décidé que tu allais démissionner et pas rester suspendue ? Parce que c’est une sacrée décision.

Muriel : Ouais. Et puis, je voulais partir en bon terme malgré tout. Parce que ce n’était pas ni mes collègues ni la direction qui avaient voté la loi. Je voulais quand même rester en bons termes. J’avais quand même passé des années dans cet établissement.

Katia : Tu y avais travaillé depuis combien de temps ?

Muriel : Je crois que j’étais à la huitième année, là.

Katia : Il faut quand même faire preuve, comment dire, d’un sacré détachement et d’abnégation, je ne sais pas si c’est le terme, mais pour arriver à ne pas en vouloir à ses collègues et à sa direction à ce moment-là, qui malgré tout met en application la loi aussi scélérate qu’elle soit.

Muriel : Sur le moment, je crois qu’il y a eu toutes les blessures. On les a toutes vécues : l’abandon, la trahison, l’injustice, le rejet, l’humiliation. Ça a été vraiment les montagnes russes. Bon, ben, ça m’a obligée à faire un travail sur moi. Maintenant, le recul, c’est ce que je me dis, c’était peut-être un mal pour un bien, je crois que tu l’as dit. Mais c’était vraiment une démarche personnelle. Je tiens à le dire. C’était dans mon processus personnel. Sauf que là, ça a été un gros coup de pied. Et après, ben, ça s’est enchaîné assez rapidement. J’ai trouvé mon cabinet et les choses se sont enchaînées très, très vite.

Katia : Avec fluidité.

Muriel : Avec fluidité, vraiment.

Katia : Donc, tu as décidé de t’installer à ton compte ?

Muriel : Oui. J’ai trouvé assez rapidement le cabinet où nous sommes aujourd’hui, à Bénesse-Maremne. Donc, je suis dans de bonnes conditions.

Katia : Et tu n’es pas qu’à Bénesse-Maremne ?

Muriel : Alors, non. Depuis juin dernier, je vais à Cambo-les-Bains. Et depuis 2024, j’y suis tous les jeudis. Et en fait, c’est pareil. Ce n’était pas calculé de ma part. Ce sont des patientes qui ont insisté, qui me disaient : « Je connais des gens qui viendraient vous voir. Vous êtes loin dans les Landes ». Donc, elles m’ont trouvé des points de chute. Et puis, j’ai commencé sans trop savoir si ça allait fonctionner. Et puis, ma foi, il y a une réelle demande. Et puis, pour moi, c’est un retour aux sources, parce que je suis originaire d’Espelette. Donc, j’ai retrouvé des copines de collège. Enfin, c’est rigolo. Donc, tout s’enchaîne, de manière assez fluide. Même si, plus d’une fois, je me suis demandée si, effectivement, je n’avais pas fait de bêtises. On se remet tout le temps en question.

Enregistrement de l'interview de Muriel Cohéré de Coh'energy

Katia : Aujourd’hui, tu aurais la possibilité de travailler à nouveau en tant qu’infirmière, puisque la loi a été suspendue. Repartirais-tu travailler en tant qu’infirmière ?

Muriel : Ce serait compliqué, maintenant parce que je suis passée à autre chose. Je travaille en indépendant. Je fais ce que je veux, quand je veux, comme je veux.

Katia : Est-ce que tu pourrais être infirmière et travailler comme tu veux, quand tu veux, où tu veux ?

Muriel : Je ne sais pas. Peut-être, est-ce que l’intérim, ce serait une solution ? Je ne sais pas. Je ne sais pas trop.

Katia : Ça ne t’appelle plus, aujourd’hui ?

Muriel : Non. Je suis passée à autre chose. Vraiment.

Katia : As-tu fait le deuil de ta profession d’infirmière ?

Muriel : Oui et non, parce que j’ai toujours mon tensiomètre, là. Dans ma tête, je reste infirmière, mais avec des nouveaux outils. J’ai gardé une trame de travail.

Katia : Comme si tu avais fait évoluer ta pratique, finalement. Avec, comment dire, d’autres dimensions.

Muriel : Oui, d’autres dimensions et d’autres outils. Mais dans ma tête, je reste infirmière.

Katia : Comment te présentes-tu d’ailleurs ? Que dis-tu dis quand on te demande ce que tu fais ?

Muriel : Souvent, c’est ce que je dis. Je suis infirmière et bioénergéticienne. Je pense que ça me correspond.

Katia : Infirmière un jour. Infirmière toujours.

Muriel : Oui. Oui, je crois. On peut dire ça comme ça.

Katia : Comment travailles-tu aujourd’hui ? La bioénergétique, ce n’est pas très bien connu.

Muriel : Puis, c’est un terme tellement général qu’il y a tellement de pratiques différentes. Donc là, moi, dans la méthode que j’utilise, je travaille plutôt comme une radiesthésiste, on va dire, au pendule et avec l’antenne de Lecher, qui est un instrument de mesure. Ce qui me permet dans un premier temps, de faire comme un recueil de données. Une anamnèse. Et voir sur quels leviers je vais travailler. C’est plus basé sur la médecine chinoise, ce que je fais. Je travaille plus sur les points d’acupuncture. Mais pas seulement. Je peux être amenée aussi à donner des conseils sur l’alimentation, ce genre de choses.

Katia : Tu me disais que tu travailles en partenariat ou avec des compléments alimentaires ?

Muriel : Ou, toujours en prenant mes mesures, parce que je mesure tout ce que je fais, ça, j’ai gardé. Si je m’aperçois que la personne peut avoir besoin d’un soutien de certains compléments alimentaires, il peut m’arriver de la conseiller. Comme je veux rester indépendante, c’est moi qui choisis vers qui je peux orienter les personnes parce que c’est le produit que je connais, pour le prendre moi-même, avec une vraie éthique derrière, une vraie qualité, sans excipients. Ça peut m’arriver. Un peu comme ferait une naturopathe.

Katia : Qui vient te voir et pourquoi ?

Muriel : Alors, pour avoir discuté avec pas mal de consœurs, je n’ai pas une clientèle exclusivement féminine ou exclusivement ceci ou cela. Parce que pour moi, c’était comme quand j’étais infirmière, on soigne tout le monde, hommes, femmes, et tous les âges. Et donc, même s’il y a plus de femmes que d’hommes qui viennent, mais pas que. On vient me voir pour des grosses fatigues : pré-burnout, post-burnout, des gros nœuds émotionnels à dénouer. Ou on vient me voir un peu en mode, « j’ai essayé plein de choses, je ne sais plus quoi faire, donc je viens vous voir. Peut-être que vous avez des pistes ». Donc, c’est essentiellement ça. Et comme ce que je fais est applicable à tous les âges de la vie, je remarque que j’ai de plus en plus d’enfants. Je le prends comme un cadeau.

Katia : Comment est-ce que tu comprends que ta clientèle puisse évoluer et que tu as de plus en plus d’enfants ?

Muriel : Mon cheminement personnel je pense. Ça me paraît être la base. Quand on se dit thérapeute, c’est déjà soi-même, travailler sur soi. Ce qui fait que, par exemple, au début, j’avais beaucoup de veuves, comme moi. Mais comme j’ai dû travailler sur ça, maintenant, je n’en ai plus autant. Et maintenant, oui, ça s’élargit à tous les âges de la vie et ça me remplit de joie.

Katia : Pourquoi viennent-ils te voir tous ces enfants ?

Muriel : Ils sont souvent envoyés par la grand-mère. J’ai souvent vu la grand-mère avant.

Katia : Tu as déjà eu leur grand-mère en consultation ?

Muriel : Oui, en consultation. Oui, souvent. Pas toujours, mais souvent. Et donc, ça peut être pour la gestion des émotions, des problèmes de phobie scolaire, des problèmes de sommeil, des problèmes digestifs. Et pour les plus petits, une grossesse et une naissance compliquées qui les ont obligés à rester en néonat. Donc là, il y a des peurs et de l’anxiété à libérer. Et comme il n’y a pas la barrière du mental, ça agit plus vite.

Katia : Comment réagissent-ils quand ils viennent te voir ?

Muriel : Ils sont étonnamment ouverts à tout ce que je peux faire. Quant à 4 ans, je leur explique que mon pendule, dans un sens, il dit oui, dans l’autre, il dit non, c’est une réponse tout à fait satisfaisante. Et puis, ils peuvent me parler de tout. Ça se passe bien.

Katia : Parce que qu’est-ce que dit maman ou papa quand ils viennent l’accompagner ? En fait, on va voir qui ? On va voir…

Muriel : Une dame à qui tu peux parler de tout. Ce sont des enfants qui ont vu des médecins, des psychologues ou des orthophonistes avant moi. Je suis une personne de plus qu’ils viennent voir. Cela se passe très naturellement parce qu’il n’y a pas d’a priori chez les enfants.

Katia : Tu parles de médecins et de psychologues, travailles-tu en partenariat avec d’autres thérapeutes professionnels ?

Muriel : En lien ? Alors… Euh… Pas directement, non, mais ce que je fais peut venir en complément, oui. Et moi, je peux avoir des pistes de réflexion. Donc, il peut m’arriver de dire aux gens ben là, ce serait bien de suggérer à votre médecin de vérifier, voilà, si vous n’êtes pas en carence de vitamine D, par exemple. Là, je les renvoie vers leur médecin. Pour donner un exemple précis.

Katia : Tu participes régulièrement à des salons. C’est une manière pour toi de te rendre visible, de te faire connaître ?

Muriel : Ben oui, parce qu’au début, donc, il a fallu démarrer vraiment l’activité de pas grand-chose. Et donc, oui, ça a été une manière de mieux connaître ce milieu de bien-être, de la thérapie douce, alternatives. Pour avoir une visibilité et expliquer ce que je fais, parce que c’est particulier ce que je fais. Donc, oui, c’était un moyen de me faire connaître.

Katia : Tu commences même à faire des conférences, parce qu’il y a un salon sur lequel tu as fait une conférence sur la bioénergie.

Muriel : Là, je me suis lancée, sur des salons où il n’y a pas trop de monde parce que je n’étais pas trop à l’aise avec ça au départ. Ce n’est pas inné.

Katia : En tout cas, il y a peut-être une démarche d’information et de sensibilisation, d’explication de ce que c’est.

Muriel : Oui. Et puis, parce qu’il y a énormément de thérapeutes qui ont fleuri depuis les années Covid. Les gens sont perdus au milieu de tout ça. Ils ne comprennent pas trop quelle est la différence, comment on travaille, et puis il y a une relation de confiance qui s’instaure. C’est plus facile si les gens mettent un visage, une façon de parler. C’est important.

Katia : C’est ce qu’on se disait aussi en off (on parle toujours beaucoup en off) sur le fait de se montrer sur les réseaux sociaux. Ce n’était pas quelque chose d’inné, de spontané pour toi, mais tu as appris à montrer ton visage parce que c’est un gage de confiance.

Muriel : Oui parce que même si c’est le bouche-à-oreille fonctionne, les gens me le disent : « j’ai regardé votre page Facebook ou Instagram ». Ils ont vu à quoi je ressemblais, que je n’ai pas des plumes sur la tête. Je pense que j’ai une image de maman. Enfin, je pense que c’est ce qui se dégage de moi. Ça peut être rassurant.

Katia : On le dit que ça humanise. Comme dirait Louis Fouché, tu as appris à être une activiste numérique.

Muriel : Ce sont mes enfants qui m’ont poussée au début : « Ah, maman, il faut que tu sois sur les réseaux sociaux ! ». Ils m’ont guidée parce qu’il y a des clés et des codes et ma génération ne les a pas forcément. Donc, on apprend, on se trompe, on recommence, on fait. Et puis, c’est quand même chronophage. Donc, on apprend un peu à maîtriser tout ça.

Katia : Quand on est à son compte, on est gestionnaire, commercial, communicant, comptable. On a plein de casquettes, on est multi tâche.

Muriel : C’est intéressant aussi.

Katia : Est-ce que tu avais toujours voulu être à ton compte ? Parce que tu disais que cela faisait 15 ans, du moins, tu savais que tu ferais ce que tu fais aujourd’hui.

Muriel : Oui. Mais j’ai eu un parcours de vie un peu atypique. Nous étions des travailleurs indépendants avec mon mari. C’est quelque chose que je connaissais et je savais que ça me correspondait. C’est mon caractère. C’était évident pour moi.

Katia : Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que la suspension a été, enfin, la perspective de la suspension a été une chance pour toi ?

Muriel : Maintenant, oui. Mais sur le moment, c’était violent. J’ai été projetée en avant, cela a accéléré le processus.

Katia : Quel regard portes-tu sur tout ça aujourd’hui ?

Muriel : J’ai l’impression que ça fait très longtemps que je suis là. Déjà que je n’ai pas trop la notion de temps, là, j’ai l’impression que ça fait dix ans que je suis là. En fait, non, ça fait à peine un peu plus de deux ans.

Katia : Es-tu bien installée dans ton activité ?

Muriel : Oui, ça commence à tourner. Je m’y sens très bien. J’ai l’impression que ça fait très longtemps que je fais ça, alors qu’en réalité, non. C’est assez étonnant.

Katia : Quelle est la raison d’être aujourd’hui, de ton activité ? Ce qui a vraiment motivé, alors, au-delà de la perspective de la suspension, qu’est-ce qui vraiment a été l’élan, la motivation, le pourquoi ?

Muriel : Déjà, à titre personnel, je m’intéressais à plein de choses, à plein d’approches différentes, qui étaient complémentaires de la médecine allopathique, qui est un complément, j’insiste là-dessus. J’avais compris qu’il fallait aussi s’intéresser à l’émotionnel, à des vieux schémas dans lesquels on est un peu englués, qu’on n’est pas qu’un symptôme. C’était cette démarche-là. Donc, pour moi, ça s’inscrit dans cette démarche qui était déjà la mienne à titre personnel et en tant que maman. C’est juste la continuité de ce que j’appliquais pour moi au quotidien. Mais je reste dans le soin et ça, c’est ce que j’aime faire, par-dessus tout. Et je me sens à ma place.

Katia : Je préfère le terme d’évolution professionnelle, que reconversion. Finalement, il y a une continuité.

Muriel : Moi, c’est vraiment une continuité.

Katia : Tu mets au service des autres toutes les qualités que tu as acquises, tes compétences d’infirmière, plus tout ce que tu as appris en aparté. C’est complémentaire. Souvent, j’ai l’impression, pour tous ceux que j’ai invités jusqu’à présent, il y a comme un puzzle. Il manquait une dernière pièce du puzzle où on comprend enfin pourquoi, peut-être, on a eu telle et telle expérience. Aujourd’hui, ça y est, ça prend sens.

Muriel : C’est exactement ce que j’ai ressenti. Je suis à ma place. Je sais pourquoi je suis là. Je sais ce que je fais.

Katia : Les pièces du puzzle se sont assemblées.

Muriel : Tout à fait.

Katia : Comment vois-tu la suite ?

Muriel : Alors, j’adore ce que je fais, mais je suis toujours en train de m’intéresser à de nouvelles choses qui s’articulent avec ce que je fais. Donc, même si je m’intéresse à des choses qui, a priori, n’ont pas de lien, c’est quand même des choses que je peux mesurer, à ma manière.

Katia : La mesure.

Muriel : J’ai fait un bac scientifique, l’école infirmière, j’ai été formatée à l’hôpital. Je pense qu’on garde quelque chose de tout ça. Je continue à me former sur le système digestif. Je reste dans le médical. Et puis, à titre perso, il y a des choses sur lesquelles je continue à me former, mais qui vont avoir du sens aussi avec ce que je fais.

Katia : As-tu d’autres projets ?

Muriel : Oui, dans le sens où je continue à ajouter des outils dans ma caisse à outils. C’est plus dans ce sens-là. Et puis, aussi, les patients nous posent des questions et nous font grandir et nous intéresser à d’autres domaines. On se remet en question, on se dit : « Ah oui, tiens, ça, c’est vrai, ce serait bien que je creuse. »

Katia : Comment parlent-ils de toi, d’ailleurs, tes patients ? Puisque tu dis que le bouche-oreille fonctionne bien, qu’est-ce qu’ils disent aux autres de ce que tu fais, de ce que tu leur apportes ? Est-ce que tu as notion de ça ?

Muriel : Globalement, ce qu’ils se disent, ce sont les effets. C’est-à-dire sur la fatigue, sur le stress, sur le fait d’avoir pris du recul sur beaucoup de choses, d’être moins impactés, de moins subir les choses. Ça peut être au niveau professionnel, moins subir la pression de la hiérarchie ou des collègues. Si c’est un étudiant, au niveau de l’école, être moins impacté, un regain d’énergie. En fait, tout ce que je cherche à faire, c’est remettre un maximum de choses à l’équilibre. Et après, la nature fait le reste. Ou les autres praticiens de santé. Parce que moi, si je relance les énergies et que la personne qui continue ses séances de kiné, ça fonctionnera d’autant mieux, par exemple.

Katia : C’est souvent ça qui revient, je pense.

Photo de Muriel de Coh'energy et Katia Crabé du podcast Aujourd'hui écrivons demain

Muriel : C’est surtout ce que tu peux leur apporter, plus que ta fonction, ton métier. C’est vraiment le bénéfice qu’ils auraient à venir te voir. Et les gens qui viennent par le bouche à oreille, c’est ce qui les motive, se dire : « ah ben oui, j’ai vu que, par exemple, mon collègue, ma belle-sœur, je la trouve moins stressée, je la trouve plus détendue ».

Katia : Donc, ils ont observé par eux-mêmes, les bénéfices.

Muriel : C’est subtil, mais voilà. C’est plutôt ça. C’est ce que je perçois.

Katia : Quelles sont les valeurs qui t’animent ?

Muriel : L’épisode de la suspension a fait rejaillir le fait que, quand j’ai passé le concours d’entrée à l’école infirmière, mes valeurs étaient de soigner les gens quelles que soient leurs conditions d’âge, conditions sociales, conditions…

Katia : Sans aucune discrimination.

Muriel : Sans aucune discrimination. Au début de ma carrière, j’ai travaillé dans des services où il y avait beaucoup de SDF, par exemple. C’est ce que je voulais garder.

Katia : Le soin inconditionnel.

Muriel : C’est ça mon fil rouge.

Katia : Qu’est-ce que tu aurais envie de dire à la petite Muriel ?

Muriel : Alors, c’est une très bonne question. Peut-être de continuer à croire en ses rêves. Un jour, elle fera ce qu’elle veut, comme elle veut.

Katia : Tu lui parles tout doucement.

Muriel : Oui, parce qu’elle avait besoin de douceur.

Katia : Je sens l’émotion aussi.

Muriel : Mais oui, bien sûr. Elle est là, elle est avec moi. Je l’amène avec moi.

Katia : Et à la grande Muriel, qu’est-ce que tu aurais envie de lui dire ?

Muriel : A la grande Muriel ? Continue comme ça.

Katia : Il y a quelqu’un qui t’a fait une réflexion au tout début, quand tu t’es lancée de t’accrocher, de continuer à faire ce que tu faisais ?

Muriel : Oui, une personne avec qui je suis en partenariat. Ce n’est pas du partenariat, mais enfin, les labos avec lesquels je peux être amenée à travailler. Il y a une personne qui m’a dit : « Muriel, je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ça va fonctionner. Vous n’éparpillez pas. Accrochez-vous. Ne prenez pas forcément un job à côté. Vous ne vous mettez pas dans le rouge. Concentrez-vous sur votre activité pour la développer. » Et maintenant, je lui ai dit qu’elle avait eu raison. Mais oui, ça m’a aidée à tenir à un moment donné, parce que quand on se lance, évidemment, au début, ce n’est pas évident de remplir son agenda.

Katia : Quel conseil pourrais-tu donner à une personne qui nous écoute, homme, femme, peu importe, qui est dans la même situation que toi il y a 10-15 ans et qui sait qu’elle fera autre chose dans sa vie, mais qui ne se lance pas ? Tu savais que tu ferais ce que tu fais aujourd’hui, mais il a fallu des événements de vie violents pour passer à l’acte. Qu’est-ce que tu dirais à quelqu’un qui nous écoute, qui est dans la même situation que toi il y a quelques années, et qui sait, ou qui aurait envie de faire autre chose ?

Muriel : C’est compliqué, parce que c’est propre à chacun, vraiment. C’est lié à son histoire. Qu’est-ce que je lui dirais ? D’être souverain en son royaume et de ne pas subir les choses. C’est plutôt ça que je lui dirais. De ne pas subir.

Katia : Et de s’écouter, parce qu’on a parlé d’intuition au tout début, la petite voix, l’intuition.

Muriel : Oui. De s’écouter. De ne pas se perdre dans les y a qu’à, il faut, je dois.

Katia : Et comment fait-on pour écouter sa petite voix ?

Muriel : Ah, il faut se débrancher du mental. Ça peut être se promener au bord de la mer ou dans la forêt ou des choses très simples, comme ça, où on se retrouve soit avec soi. Je crois que c’est ça, savoir se préserver des moments de soi avec soi. Je ne sais pas si j’ai répondu à ta question.

Katia : Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises.

Muriel : C’est ce qui me vient spontanément. Il n’est peut-être pas facile de répondre, donc j’accueille.

Katia : Je donne la parole aux acteurs du Nouveau Monde, qui, comment dire, prend le contrepied, avec un ancien monde, un monde avec lequel je ne suis pas tout à fait raccord. J’ai envie d’autre chose et je me dis que tu t’es inscrite dans cette lignée-là. Parce que tu disais, toi, que tu étais dans une forme de dissonance aussi dans ton métier d’infirmière, et que tu avais envie de proposer autre chose. C’est quoi pour toi, le Nouveau Monde ?

Muriel : Alors, moi, dans mon domaine, ce que je dis aux gens : « Je vous remets sur les rails, mais le chemin, c’est vous qui le faites ». A un moment donné, on ne va pas bien, il y a des dysfonctionnements, on est un peu dépassé, débordé, on n’a plus le recul sur soi nécessaire. C’est là où j’interviens. Mais après, c’est la personne qui, voilà, qui suit sa route. Et c’est vraiment être acteur de sa vie.

Katia : Et être dans l’autonomisation. Tu n’as pas intérêt à voir tes clients revenir sans arrêt ?

Muriel : Non, les gens qui sont dans la consommation, je ne pense pas qu’ils viennent me voir ou juste une fois. Parce que je n’ai pas de baguette magique, même si ça ressemble à une baguette. Mais ce n’est pas une baguette magique. Il faut quand même être acteur.

Katia : Prendre sa responsabilité aussi.

Muriel : Oui, c’est ça. Ne pas attendre tout de l’extérieur. Ça devenait pesant.

Katia : Qu’ils ne soient pas juste des consommateurs.

Muriel : Et non, on n’est pas que des consommateurs.

Katia : Je crois que c’est un des fils rouges de toutes les interviews que j’ai faites depuis le début. Cette volonté de responsabiliser. Que chacun se responsabilise, reprenne sa responsabilité, s’autonomise sur l’éducation, la santé, reprenne sa vie en main, sa souveraineté. C’est un terme qu’on entend et dont on ne sait pas très bien toujours ce que ça veut dire.

Muriel : Être souverain de son royaume. Décider pour soi de ses choix, de son mode de vie, de comment on élève ses enfants, de ce qu’on mange.

Katia : Et comment est-ce que tu penses que tu contribues à ce nouveau monde ?

Muriel : Ma petite pierre à moi, c’est ça. À un moment donné, où les gens perdent pied, où ils sont soit extrêmement épuisés, soit en mode cocotte-minute, prêts à exploser, c’est de les apaiser et de les remettre sur leur chemin, de les accompagner, qu’ils soient aptes à le faire.

Katia : Nous approchons de la fin de l’interview. Est-ce qu’il y a une question que je ne t’ai pas posée, que tu aurais aimé que je te pose ?

Muriel : Je ne vois pas. On a parlé de beaucoup de choses.

Katia : Est-ce qu’il y a quelque chose que tu aimerais partager, que tu aurais aimé partager, que tu n’as pas encore abordé ? Ou un message que tu aurais aimé transmettre ?

Muriel : Non, je ne vois pas.

Katia : C’était important pour toi de prendre la parole aujourd’hui ?

Muriel : Ça a du sens, parce que c’est avec toi et qu’on a échangé à ce sujet. Donc, il y a une démarche. Derrière, ce n’est pas juste parler pour parler. C’est une vraie démarche. Et puis, parce que j’adore parler de ce que je fais. Donc, ça, je peux en parler pendant des heures.

Katia : Et c’était aussi de te raconter, toi, un peu plus intimement, aussi.

Muriel : Oui, oui, d’expliquer mon parcours.

Katia : On va te découvrir sous un autre angle, à travers ton histoire. Je termine avec mon portrait chinois. Si tu étais… Tu te rappelles Alors, si tu étais un plat ?

Muriel : Bon, allez, petit clin d’œil à Espelette, l’axoa d’Espelette.

Katia : Qu’il y a-t-il dans l’axoa pour ceux qui ne sont pas du coin ?

Muriel : C’est à base de veau, de piment, d’oignon. Je pense que ce plat a été créé avec les restes qu’on avait et qui est devenu le plat emblématique d’Espelette.

Katia : Si tu étais un livre ?

Muriel : Alors, je vais citer deux livres : celui de ma copine Agnès Capély, « Dans la pièce d’à côté ».

Katia : Coucou, Agnès.

Muriel : C’est un livre que j’aurais aimé avoir, il y a un certain nombre d’années. Et donc, je lui fais un gros clin d’œil. Et puis, c’est une chouette fille. Et puis, aussi, Marie-Anne Bosson, qui vient de sortir cette année son livre « La bio-énergie et Madame Tout-le-Monde ». Elle m’a formée. Elle parle de son parcours personnel, comment elle en est venue là, la bio-énergie. Et qui pose les fondements de cette méthode. Donc, je fais un petit clin d’œil aussi.

Katia : Alors, je n’ai pas lu son livre, mais j’ai lu celui d’Agnès que j’ai eu la chance d’interviewer. Franchement, j’invite tout le monde à le lire. Et à la rencontrer. Si tu étais un dicton ?

Muriel : Alors, je ne sais pas d’où ça sort, mais je le dis souvent, il faut raison garder. Je ne sais pas d’où ça vient mais je l’utilise souvent. Parce qu’en fait, bien souvent, on perd le bon sens. Tout simplement. Et qu’il faut garder le bon sens.

Katia : L’idée d’évoluer dans ta pratique professionnelle, c’était de retrouver le bon sens. Et si tu étais un film ?

Muriel : Alors, il y a un film que j’ai regardé à plusieurs reprises, que j’aime bien. Il s’appelle « Mange, prie, aime » avec Julia Roberts. Elle se cherche, à savoir qui elle est. Elle est dans une quête existentielle, spirituelle. Je pense que ça correspondait à un moment de ma vie.

Katia : Et si tu étais un super-héros ou une super-héroïne ?

Muriel : Je pense qu’à une époque, il avait une cape. Ce n’est pas un super-héros au sens Marvel, mais c’est quelqu’un qui est inspirant pour moi. C’est l’abbé Pierre. Ça va te surprendre peut-être. Mais pour moi, c’est un super-héros que je trouvais touchant. Et ce qu’il a fait, ça a du sens aussi pour moi.

Katia : Ils ont fêté, puisque là, on enregistre le 14 février. Ils ont fêté ou ils allaient fêter les 70 ans de son appel de 1954 le 1er février. Il y avait une soirée. Et le mois dernier, j’ai interviewé Gabi, qui est le créateur et fondateur de la ferme Emmaüs de Baudonne à Tarnos. Très en lien aussi avec le mouvement Emmaüs.

Muriel : Parce que chaque hiver, quand on entend qu’il y a des personnes en France qui meurent de froid, à chaque fois, j’ai une pensée pour l’abbé Pierre parce que ça me révolte tellement. C’est un autre combat. Ça fait partie des choses qui me touchent profondément. Peut-être aussi parce que, comme je t’ai dit avant, dans mon parcours d’infirmière, j’ai côtoyé beaucoup de sans-domicile fixe. C’est eux qui m’ont offert les plus grosses boîtes de chocolat dans ma vie en tant qu’infirmière.

Katia : Quel souvenir en gardes-tu ?

Muriel : Ça, c’est quand je travaillais à Cambo, quand j’étais jeune infirmière. Il y avait des services de tuberculeux encore à l’époque. C’était parfois rude. Des personnes authentiques et très touchantes.

Katia : Merci, Muriel de ta participation.

Muriel : C’est moi qui te remercie parce que je trouve très chouette ta reconversion, pour le coup.

Katia : Beaucoup d’émotions, pour moi, en tout cas, de te donner la parole. La vie est drôlement faite et tellement bien faite aussi. Je nous vois nous retrouver il y a un an chez Dolorès. Et on se met à discuter. Puis tu me dis que tu travailles dans un établissement. Tu ne me dis pas où. Tout d’un coup, je te demande mais où étais-tu ? Et là, on se dit, mais c’était toi. Et là, tout d’un coup, je me suis sentie moins seule. Ça m’a fait tellement de bien de te retrouver et je suis tellement heureuse de faire ta connaissance.

Muriel : Pareil, exactement. Les chemins sont sinueux et intéressants. Oui. Oui.

Katia : Parce qu’on n’avait aucune raison quasiment de se croiser dans la structure où on était. Enfin, on était le jour et la nuit. Donc, merci.

Muriel : Merci à toi.

Katia : Et merci beaucoup pour votre écoute. J’espère que le parcours de Muriel Coheré vous aura inspiré. N’hésitez pas à la contacter directement sur ses réseaux. Vous trouverez donc tous les liens dans la description de cet épisode. À bientôt.

Retranscription de l’interview à l’aide d’AutoScript.

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