Juliette Dargand, auteure et créatrice du podcast Rencontres Naturelles
Publié le 29 avril 2024, par Katia Crabé
Temps de lecture : 45 min
Présentation de Juliette Dargand, du podcast Rencontres Surnaturelles
Interview de Juliette Dargand
Le Nouveau Monde selon Juliette Dargand
Le portrait chinois de Juliette Dargand
Présentation de Juliette Dargand, du podcast Rencontres Surnaturelles
Katia : Aujourd’hui, je suis très honorée de recevoir à mon tour Juliette Dargand. En effet, j’ai eu le plaisir d’être interviewée par elle pour un épisode spécial de son podcast. Nous nous sommes rencontrées lors d’un bootcamp pour devenir podcasteuse professionnelle. Juliette est écrivaine et la créatrice du podcast Rencontres surnaturelles. Elle est également musicienne et chanteuse, une artiste complète. Chaque mois, elle nous embarque dans une histoire envoûtante, quelque peu étrange, remplie de fantômes, de créatures ou de monstres en tout genre, issus de faits réels ou de légendes. Et elle nous fait voyager dans le monde entier, tantôt en Irlande, tantôt en République tchèque, tantôt aux Etats-Unis. Vous êtes adepte de la sorcellerie, des phénomènes paranormaux et des châteaux hantés ? Vous allez être captivée par les récits sonores de mon invitée parce qu’elle vous propose de véritables immersions. Prix sans garantie. La particularité de cette interview est de… Toutes les autres interventions de Juliette et que vous ne la verrez pas. Pas de photos, pas de visuels, pas de selfies. Vous l’entendrez seulement parce que Juliette Dargand est un nom d’emprunt. Elle fait le choix dans l’immédiat de rester dans l’anonymat. Elle va nous expliquer pourquoi. Je ne vous en dis pas plus. Installez-vous confortablement et immiscez-vous dans notre conversation. Laissez-vous transporter par sa voix. Bonne écoute.
Interview de Juliette Dargand
Katia : Bonjour Juliette.
Juliette : Bonjour Katia.
Katia : Comment vas-tu ?
Juliette : Je vais très bien. Il fait beau. Tout va bien. La vie est belle.
Katia : Tu as bien de la chance parce qu’ici, c’est quelque peu tempétueux. Je suis ravie de t’avoir avec moi aujourd’hui. Merci d’avoir accepté l’invitation.
Juliette : Merci à toi aussi. Je suis ravie. Je t’écoute très souvent. C’est un vrai privilège de pouvoir participer dans ton salon à toi.
Katia : Qu’est-ce que tu pourrais ajouter à la présentation que j’ai faite de toi ?
Juliette : Tu m’as bien cernée. C’est plutôt pas mal. Tu sais que tes auditeurs doivent m’imaginer avec un casque de moto à la Daft Punk sur la tête pour le côté anonyme. J’ai quelque chose de plus féminin. Alors oui, je suis effectivement auteure. Je dis auteure. Chanteuse musicienne, des choses qui m’ont tenue depuis toute petite. La partie auteure était moins évidente puisque j’ai plutôt creusé la musique très très longtemps et la partie auteure est ressortie. À l’occasion d’un début de burn-out que j’ai fait en 2021 qui m’a forcée au repos pendant un long mois qui m’a fait beaucoup de bien mais qui du coup, c’était une période où je ne pouvais pas faire de la musique non plus. Ce n’était pas le moment. Et en fait, ça a livré et ouvert des portes qui m’ont remenée vers l’écriture que j’avais laissée de côté depuis très longtemps. Les premiers romans que j’écrivais, je devais avoir 12-13 ans. J’étais dans mon petit monde imaginaire avec ma petite machine à écrire. Et c’est ressorti. Avec quand même de la musique en bruit de fond. Mais j’ai écrit, écrit, écrit. J’ai écrit un roman carrément que j’ai retravaillé ensuite pendant une bonne année. Puis j’ai commencé à écrire des histoires qui m’ont menée à effectivement à terme les créer en audio, donc mêler un peu les deux mondes. Voilà, c’est moi, effectivement.
Katia : Donc l’écriture fait partie de ta vie depuis très longtemps. Si tu dis que tu commences à écrire à l’âge de 12-13 ans, qu’est-ce que tu écrivais à cette époque-là ?
Juliette : J’étais très romantique. J’écrivais des aventures avec beaucoup de chevaux parce qu’à l’époque, j’adorais les chevaux. Ça me fait beaucoup rire maintenant quand je relis les débuts de choses que j’écrivais. Après, j’ai écrit une pièce de théâtre un peu sur fond apocalyptique. Je devais avoir 13-14 ans. J’ai écrit un roman, j’en ai écrit un autre jeunesse. Je devais avoir 13-14 aussi. C’était vraiment la pleine période où j’avais besoin de sortir plein de choses et qui, du coup, étaient science-fiction déjà. Donc, il y avait déjà des prémisses sur le côté fantastique. Mais oui, l’écriture a toujours été là. Après, je pense que je l’ai transposée dans mes chansons puisque je suis auteure-compositeure. Du coup, le côté écriture était plutôt dans l’écriture des chansons et pas dans les livres. Mais l’écriture a toujours été là et ça avait besoin de sortir. Maintenant, je pense que peut-être on en reparlera plus tard, mais tout arrive au moment où ça doit arriver. Il fallait peut-être que j’aie des choses à mûrir aussi et à digérer dans mon parcours pour pouvoir revenir sur l’écriture et retrouver des choses. J’ai trouvé ce moment-là.
Katia : Écrire des romans, ce n’est pas la même chose que d’écrire des textes de chansons. Encore moins d’écrire des histoires comme tu les racontes aujourd’hui. Comment est-ce que tu fais pour passer d’un format à un autre ? Comment est-ce que te viennent les idées ?
Juliette : En fait, je marche beaucoup au feeling et à l’instinct. Je tombe amoureuse d’histoire, en fait. C’est un peu ça. J’ai quelque chose qui m’attire. Ça peut être un thème, ça peut être une histoire, ça peut être un échange émotionnel. Ça part souvent de faits réels. Et sur ce fait réel-là, je vais partir en extrapolant et créant une histoire de toute pièce. Après, avec la pratique, je m’aperçois qu’encore une fois, la musique a vraiment sa place là-dessus parce que pour moi, c’est vraiment un déclencheur de l’écriture. Je n’écris pas du tout pareil si je n’ai pas de musique, par exemple. Et pas les mêmes types de musique. C’est assez drôle. Ça, je l’ai découvert quand j’écrivais mon roman, justement, en 2021. En fait, si je me mets de la musique classique, je peux partir et écrire des pages et des pages et des pages. C’est vraiment comme si j’étais branchée et que ça sortait. Et ça se crée et ça sort de ma plume. Après, bien sûr, c’est un premier jeu. Il faut le retravailler. Mais tout ce bouillonnement d’idées et de créativité est là, dans le crayon. Et je ne me limite pas, en fait. C’est vraiment… Et par contre, c’était vraiment drôle parce que je coupe la musique, ça s’arrête. J’ai une liaison étrange avec la musique.
Katia : Comment est-ce que tu expliques cette connexion que tu peux avoir ? Comme si tu étais connectée à quelque chose… Donc, cette musique est là à t’accompagner.
Juliette : Oui. Je ne sais pas ce que ça ouvre. Je pense que c’est l’imaginaire, mais sans doute peut-être lié à du plus grand. Je pense qu’il y a aussi la notion d’onde et d’énergie, en fait. Moi, je sais que, par exemple, quand je fais de la musique, j’ai eu des groupes, notamment de rock, électro, à une période.
Katia : Ah oui ?
Juliette : Oui, pour le coup, ce n’est pas musique classique, ce que je vois. C’était un peu plus rythmé. J’ai fait beaucoup de scènes. Et en fait, j’ai toujours eu ce côté un peu instinctif, toujours primal, presque, en fait. Tu vois ? La musique qui ouvre une porte et libère un être. Alors, c’est presque chamanique, des fois, en fait. La façon dont je le ressens et quand je lis des descriptions de gens qui se sont découverts chamanes, c’est presque de cet ordre-là, en fait. C’est assez drôle. Je passe sur un autre niveau. Et finalement, je n’avais jamais réussi à marier ça avec l’écriture. Je ne savais pas que j’en étais capable. Et je l’ai découvert, en fait, en 2021, quand j’ai travaillé sur le livre, en fait.
Katia : Est-ce qu’en fonction du type de musique que tu écoutes, tu vas écrire des choses différentes sur des thématiques différentes, avec une tonalité différente ? Est-ce que ça conditionne ce que tu écris ? Enfin, dans l’angle choisi, le ton ?
Juliette : Oui. Alors, je suis beaucoup plus libre sur de la musique classique, encore une fois. Plutôt thème romantique. Grosse musique, avec des cordes. Ça, ça me parle. Pareil, une sorte de vibration, j’imagine, d’instrument qui amène des choses. Là-dessus, ça ouvre la porte de la créativité. Maintenant, ce qui est assez drôle, c’est que si tu me fais écouter du rock ou des choses comme ça, je vais pouvoir travailler, mais pas dans la créativité. Je vais pouvoir affiner, je vais pouvoir me concentrer différemment pour retravailler certains. La musique, c’est comme un composant dans mon cerveau, qui est actif, mais pas les mêmes choses, quoi. On voit ça sur certaines plateformes d’écoute, d’ailleurs. Ils ont des playlists orientées selon les types d’actions que tu veux faire. Par exemple, sur la concentration, sur le boost, etc. Et moi, c’est un peu cet ordre-là, mais sur la créativité et l’écriture, quoi.
Katia : Est-ce que tu crois que ce que tu vis, ça peut être applicable à d’autres ? Parce que je pense à une méthodologie pour aider à déployer sa créativité.
Juliette : Oui, carrément.
Katia : Ça me vient là comme ça.
Juliette : Après, tu as la musicothérapie. Je pense qu’elle est un peu de cet ordre-là, ça, c’est sûr. Moi, je sais que sur mon espace de discussion, pour le coup, je suis très orientée livre et auteur et éditeur. J’ai interviewé plusieurs auteurs qui… Et à chaque fois, je leur pose un peu la question pour savoir comment est-ce qu’ils le vivent. Alors, ils n’ont pas tous ce ressenti vis-à-vis de la musique, mais ceux qui l’ont, en tout cas, cette vibration, effectivement, la musique leur… Ils cèdent beaucoup de la musique pour écrire. Je pense à Véronique Lessard, par exemple, qui est au Canada, qui est très dans la littérature médiévale. Et elle me disait qu’elle, elle se sert, effectivement, quand elle a besoin de travailler certaines scènes, elle va mettre des musiques de cet ordre-là pour se plonger dedans. Donc là, tu vois, c’est presque plus de la musique cinématographique, presque, en fait.
Katia : En discutant avec toi, je me rends compte qu’il peut m’arriver, sans le vouloir, de mettre parfois certains morceaux de musique pour m’accompagner quand je travaille et effectivement, j’ai l’impression d’avoir une plus grande productivité. Alors qu’on pourrait être distrait par la musique qu’on écoute, mais comme c’est une musique, comme tu dis, cinématographique, souvent, il n’y a pas de paroles. Est-ce qu’effectivement, la fréquence du morceau écouté fait que…
Juliette : Moi, j’en suis assez persuadée, mais après, c’est par rapport à mon expérience à moi. Je ne sais pas s’il y a des études scientifiques qui ont été faites là-dessus. Ça serait intéressant, pourquoi pas, de mettre des petits capteurs pour ce qui se passe là-dedans.
Katia : Avant qu’on revienne plus précisément à tout ce que tu fais aujourd’hui, qu’est-ce que tu pourrais nous dire qui soit racontable sur ton parcours dans les grandes lignes ?
Juliette : Alors, mon parcours plus global, outre le fait, effectivement, que je suis auteure, musicienne, chanteuse, ça, c’est une casquette de ma personnalité. J’insiste sur le thème casquette.
Katia : Oui, parce que ce n’est pas ton activité principale.
Juliette : Non, ce n’est pas mon activité principale. Effectivement, je n’en vis pas. À côté de ça, j’ai un poste assez exposé dans une entreprise parisienne dans la finance, avec un poste à très haute responsabilité. Je dirige une équipe, etc., avec beaucoup de stress. Donc, ce n’est pas du tout le même univers. En fait, en y réfléchissant, je m’aperçois que j’ai toujours fait un peu la part des choses entre la sphère professionnelle et la sphère artistique. Je nourris ma sphère professionnelle de ma créativité. Ça, il n’y a pas de souci. Mais j’ai toujours fait la part des choses quand je travaille. Je ferme des portes, en fait, autour de moi. On pourrait y revenir, mais je pense que c’est aussi le fait que je suis une empathe, en fait. Moi, je me prends de plein fouet les émotions des gens. Je n’ai pas de filtre.
Katia : Peux-tu expliquer ce que c’est un empathe pour ceux qui nous écoutent ? Parce qu’entre être empathique et être empathe, hypersensible, comment s’y retrouver ?
Juliette : C’est le côté hypersensible mais poussé un peu à outrance. Alors, pas dans le terme complètement médiumnique, mais un peu. C’est-à-dire qu’en fait, moi, je me mets en vibration avec la personne qui est en face de moi et je me prends de plein fouet ces émotions, en fait. Et ça, je l’ai toujours eu depuis que je suis petite, en fait. On a une famille un peu particulière, mais… Moi, je sais que j’ai toujours eu ça depuis que je suis petite, ce qui m’a permis, d’ailleurs, de pouvoir raisonner, vibrer et sentir des choses, en fait. Me protéger aussi dans certaines situations par rapport à de la colère qui n’était pas forcément avouée ou, tu vois, ou des sentiments un peu de menace tendue. Des fois, moi, le côté empathe se mêle beaucoup avec l’instinct. Les deux marchent bien ensemble et j’ai toujours fait beaucoup confiance à ça. Et si je reviens sur le côté travail, je pense que ce côté empathe, il n’est pas compatible, en fait, avec la sphère professionnelle où on a tous un rôle à jouer. Le milieu professionnel, tu dois rentrer dans un certain moule, un certain cadre. Il n’y a pas forcément énormément de place pour… En tout cas, ça commence à venir, mais pour l’humain, pour même la folie. Tu vois, j’ai une petite part de folie, ça, c’est sûr. Mais du coup, je l’ai toujours un peu domestiqué pour pouvoir rentrer dans ce moule-là et avancer. J’y ai glissé quand même dans cette sphère professionnelle. Je te dis, ma créativité, mais mon côté riche en émotions quand même pour faire avancer les choses et interagir et puis, voilà, le mettre dans les actions que je pouvais faire. Mais j’ai toujours fermé des portes, en fait. Parce qu’il y a ce côté primaire quand même en moi, même presque primal. Je ne peux pas s’exprimer dans le milieu professionnel, parce que ça sera un petit peu compliqué, quoi. Donc, du coup, voilà.
Katia : Tu peux cloisonner, finalement, ce qui est de ta vie professionnelle et de ta vie extra-professionnelle.
Juliette : Oui, tout à fait. Après, ce n’est pas un mal non plus parce que ça me permet une certaine liberté aussi que peut-être je n’aurais pas si j’avais mélangé les deux. C’est-à-dire que, justement, comme tu as ce côté de la vie professionnelle, de la représentation professionnelle, surtout sur des postes exposés, je ne pourrais pas me permettre d’être aussi libre que je le voudrais sur ma sphère artistique purement perso. Enfin, j’aurais du mal à concevoir les deux. Donc là, quelque part, le fait d’avoir un nom de pub, ce qui est relativement assez commun, de toute façon, dans l’édition, tu as beaucoup d’auteurs qui ont un pseudo depuis la nuit des temps. Tu vois, par exemple, au 19e, les femmes n’avaient pas le droit d’écrire parce que ça ne se faisait pas. Elles prenaient un nom masculin pour pouvoir écrire. Moi, ce n’est pas le même niveau social, mais un peu. Tu vois, les deux sphères qui sont bien délimitées. Et quelque part, moi, Juliette Dargand, ce personnage, c’est aussi une partie de moi, tu vois, qui vit et qui a besoin d’exister et qui est en toute liberté. Elle peut s’exprimer comme elle veut. Enfin !
Katia : Tu as une liberté en incarnant ce personnage-là que tu n’aurais pas si tu avais gardé ton nom avec lequel on te connait.
Juliette : Non, je n’aurais pas pu faire autant de choses. Je n’aurais peut-être pas pu partir sur le thème que j’explore parce que moi, dans mes histoires, j’explore le côté surnaturel, paranormal. C’est une part que j’ai toujours eue. Je parlais du côté empathe. Je ne suis absolument pas médium. Je ne suis pas à ce niveau-là, mais on a toujours eu certains ressentis dans ma famille. Encore une fois, je parle beaucoup d’émotions et de sentiments. On a toujours eu des choses. D’ailleurs, j’en parle dans mon podcast, dans le deuxième épisode de ce qui m’est arrivé quand j’étais enfant, de choses dans ma famille. Dans des maisons assez habitées.
Katia : J’ai envie de te dire, est-ce que ce n’est pas ça la médiumnité finalement ? Qu’est-ce que ça recouvre pour toi quand tu parles de ressentis, de sensations, d’émotions dans ce que tu décris dans ton épisode ?
Juliette : Oui, j’ai une certaine part, mais je ne suis pas, tu vois, comme certains médiums que j’ai rencontrés parce qu’ils ont travaillé. Je pense qu’ils l’ont exploré aussi ce talent-là. Moi, je ne l’ai pas fait parce que je ne ressentais pas le besoin non plus. Je laisse venir ce qui vient, mais surtout, je suis plutôt empathe et c’est déjà bien. Je ne vais pas creuser plus que ça. Je laisse venir les choses telles qu’elles sont en fait. Mais c’est vrai que du coup, j’ai quand même ce terrain-là depuis très longtemps en moi et il n’est pas forcément compatible avec la sphère professionnelle. Et pourtant, il avait besoin de sortir au moment où il devait sortir. Donc du coup, prendre le nom de plume m’a permis justement de l’exploiter complètement et d’être complètement libre en fait pour le faire. Ce qui est vraiment une vraie chance en fait.
Katia : Comment l’as-tu choisi ? Si tu peux répondre à cette question. Comment est-ce qu’on choisit sa deuxième identité ?
Juliette : Je n’ai pas cherché très loin. Je ne vais pas donner des pistes. De toute façon, personne ne me connaît.
Katia : Moi, il faut que je fasse attention à ne pas t’appeler par ton vrai prénom. C’est un vrai challenge pour moi. Par chance, là, on est en visio et c’est ton nom de plume qui apparaît. Donc, c’est très bien. Ça m’aide.
Juliette : Je n’ai pas cherché très loin puisqu’en fait, Juliette est mon troisième prénom et Dargand, est un anagramme de mon nom de jeune fille.
Katia : Et comment est-ce que tu gères justement cette double identité ? Alors, ça reste toi. Mais comment est-ce que tu fais pour passer d’une casquette à une autre ? On a fait une formation ensemble. On t’a connue avec ton nom, ton vrai prénom et ton vrai nom. Même pour nous, c’est un peu schizophrénique.
Juliette : Oui, je peux comprendre.
Katia : Peut-être que c’est plus compliqué pour nous à l’extérieur que ça l’est pour toi.
Juliette : Bon, après, je pense que c’est toujours le cas avec des gens qui ont un pseudo, tu vois, et qui communiquent quand même dans un petit cercle fermé en one-to-one avec leur vrai nom. Parce qu’en fait, effectivement, si je suis en relation en direct avec une personne, je vais plutôt passer par mon vrai nom. Ça me semble un peu plus naturel. Mais je comprends effectivement cet aspect schizophrénique. Désolée.
Katia : Ça demande une attention de se dire qu’il ne faut surtout pas que je fasse la gaffe de t’appeler par ton vrai prénom qui est au demeurant très joli et de respecter ce nom d’emprunt. Il n’y a pas de difficulté pour toi de passer de l’un à l’autre.
Juliette : Non, puis en plus, en fait, si tu veux, là où c’est facile, c’est que moi, dans ma famille, ils ne sont pas trop servis de mon deuxième prénom, mais entre le premier et le troisième, il y avait du switch assez rapidement, assez habituellement. Donc, ça me parle. En fait, on m’a souvent appelée comme ça. Donc, encore une fois, je ne suis pas allée chercher très, très loin.
Katia : Et est-ce que dans ta vie pro, il a pu t’arriver de donner ton nom de plume ? Quand tu rencontres quelqu’un de nouveau par exemple ?
Juliette : Non. Non, non, dans la vie pro, c’est non. Non
Katia : Oui, tu fais bien le switch.
Juliette : Oui, oui. Après, c’est aussi presque en termes de concentration. Tu vois, c’est marrant parce que quand je suis dans la vie pro avec mon vrai nom, quelque part, en fait, je rentre dans la vie pro et je me mets dans ma bulle en tant que de concentration pro. Et en fait, Juliette Dargand, elle n’interfère pas. Jamais, je ne vais pas me mettre à penser à mon roman, à mon histoire, à ce que je dois faire. C’est vraiment, je suis concentrée, quoi. C’est vraiment une notion de concentration. Et c’est pareil quand je suis en train de travailler en tant que Juliette, pour le coup, je n’ai pas de problème non plus, tu vois. C’est vraiment, les deux sont bien fermés, en fait. Je pense que les gens qui m’écoutent doivent se dire : « mais elle est complètement folle ! »
Katia : Ça me fait penser parce que ça, c’est une vraie pathologie, par contre, aux troubles dissociatifs de l’identité. Alors, on parle souvent à tort de la double personnalité dans la schizophrénie, mais en fait, ce sont les troubles dissociatifs de l’identité où il y a plusieurs identités qui cohabitent, effectivement, où ils passent de l’un à l’autre, c’est une vraie pathologie.
Juliette : Je ne pense pas que j’en sois là, parce que ça reste très raisonnable.
Katia : Non, tu ne passes pas de l’un à l’autre quand on discute. Est-ce qu’on peut parler de ton projet de podcast ? Est-ce qu’on parle de ton roman ? De quoi est-ce qu’on parle ? Parce qu’il y aurait tellement de choses à dire.
Juliette : C’est ça. Les deux se rejoignent en fait au final, parce que le projet de podcast, il est parti du roman, ce qui est assez drôle. En fait, encore une fois, de toute façon, un roman, tu ne l’écris pas à partir de rien. Tu l’écris à partir de la matière que tu as en toi, de ce que tu as vécu, de ce qui t’a blessé, de ce qui t’a marqué dans ta vie. C’est là où tu déverses, en fait, plein de choses et que tu construis, mais en mode imaginatif. Voilà, ce n’est pas un roman autobiographique, bien sûr, mais il y a une maison hantée, ça se passe en Bretagne, là où j’habite, dans une vieille maison, un peu manoir. Tu vois, il y a quand même des pistes, en fait, par rapport à là où je suis réellement. Je lui ai glissé plein de petits trucs, justement. Quand je le sortirai, je pense qu’il y a des auditeurs qui verront un peu le rapprochement avec l’épisode 2, Genèse, qui raconte un peu mon enfance. Parce que voilà, il y a des choses que j’ai vues, justement, dans cette maison de famille, cette main, en fait, qui flottait dans l’air. C’était dans la maison de mon grand-père et je l’ai remise dans le roman parce que c’est vraiment un élément marquant, moi, qui m’a suivi toute mon enfance, en fait, et qui a marqué tout mon imaginaire. Comme j’avais commencé par le roman, il me semblait évident que ça devait être dedans. Je l’ai mis dedans. C’est une histoire de maison hantée, une histoire d’amour. Entre deux personnages, il y a des époques qui se croisent, en fait. Pour le XIXe siècle, il y a une période, moi, qui me parle énormément et la période actuelle sur fond un peu de violence conjugale, aussi, sur le personnage principal. C’est toute une saga, en fait, familiale, avec des secrets, des non-dits qui sont dévoilés à deux époques différentes. Voilà. Il est presque fini. J’en suis quand même à la fin. C’est la septième réécriture. Je l’ai fait auditer par ma sœur qui travaille là-dedans, qui fait des audits de livres parce qu’elle a beaucoup travaillé dans le cinéma et du coup, elle m’a donné cette chance de prendre mon livre et de l’auditer vraiment comme si elle était en mode cinématographique. Ce qui ne se fait pas trop dans le côté coaching de livre parce qu’on est plutôt côté juste édition. Elle, elle a ce talent de pouvoir justement se servir de toute sa palette cinématographique pour y apporter sa touche personnelle. Moi, j’ai adoré bosser avec elle et, elle m’a éclairée sur plein de choses. Donc, j’ai une dernière réécriture à faire pour enlever la petite patine qui ne va pas et remettre ce qui doit aller. Elle m’a vraiment permis de pointer certaines faiblesses du livre et de pouvoir le pousser plus loin avec même un personnage à rajouter dedans et en enlever un autre. Donc, c’est vraiment de la relecture profonde pour le coup, de la réécriture profonde mais qui sera, qui sera bonne pour le livre. Voilà. Donc ça, dès que j’ai fini de le faire, c’est mon projet sur, sur les six prochains mois de réussir à le terminer et puis après, je vais l’envoyer en édition. Si je ne trouve pas de maison d’édition, ça sera auto-édition comme beaucoup font aussi. Après, de toute façon, je veux qu’il sorte, ça c’est sûr. En travaillant sur ce livre, je me documentais beaucoup autour de légendes urbaines. Je suis tombée sur des blogs, des forums de faits réels ou de phénomènes paranormaux parce que j’avais besoin de me documenter pour étayer certaines scènes pour voir ce qui pouvait avoir déjà eu lieu. Et du coup, bah comme, quand j’ai fait ces recherches, je suis tombée sur plein d’histoires, de faits réels, de gens qui témoignaient de choses qu’ils avaient vues, de lieux hantés ou spirituellement marqués depuis très longtemps. Et du coup, je me disais, bah oui, mais je ne peux pas mettre tout ça dans mon livre, ça va pas. Et du coup, bah en fait, à un moment, j’étais un peu fatiguée, j’avais laissé de côté le livre sur deux, trois jours et puis, j’avais quand même la musique qui était là dans mes oreilles et puis le papier-crayon. Alors, c’est pas de l’écriture automatique, mais voilà, j’avais besoin et c’est sorti et j’ai fait ma première histoire en fait. Donc, La fiancée sur la colline qui est le premier épisode sur la légende de Bluebell Hill. Et du coup, alors je ne savais pas du tout que j’allais aller dans le podcast au départ. Je me suis juste dit, bon bah, c’est un texte de plus. Bon, je fais ça, je suis, je ne vais pas m’empêcher, j’ai besoin d’écrire, j’écris. J’en écris une deuxième, une troisième, etc. Et puis en fait, petit à petit, je me suis mise à écouter de plus en plus de podcasts. Alors, je ne sais même pas comment je suis tombée dessus. Ici, c’est un ami à moi qui fait de la réalisation sonore de podcasts que je salue Studio Fantasque à Nantes qui font plutôt des podcasts enfants et la Grim Academy et Rodolphe et Gala que j’adore avec mon petit garçon et qui me dit, tiens, je sais que tu aimes bien tout ce qui est un peu paranormal, voilà, je fais la réalisation sonore de Feu de camp qui est le podcast de Taous Merakchi et ben voilà, je vais écouter. Et premier podcast que j’écoute et là, waouh, ah oui, j’adore ce format. Vraiment, le côté audio, ça me parle même plus que l’image en fait. Je ne sais pas, plus que le côté vidéo parce qu’on a tellement de séries préformatées. Là, je ne sais pas, ça crée une sorte d’espace de liberté où tu as l’impression d’être avec la personne qui te parle. En même temps, tu n’as pas ce brouillard d’images où on est tellement sollicité sur l’image. Je trouve que ça rentrait directement dans ma tête, mes médias et je suis rentrée à fond dedans. Puis après, j’ai écouté plein d’autres podcasts un peu, pas que sur le paranormal mais sur tout. Donc vraiment, j’ai eu une accroche sur ce média-là et je me suis dit mais en fait, c’est ça quoi. J’ai ces histoires, pourquoi est-ce que je ne les transformerais pas en histoire racontée ? J’ai du matériel technique, je suis musicienne, voilà. Donc après, je n’avais pas plus d’idées que ça. Je me suis juste mise devant mon logiciel sur lequel je faisais mes compos, si tu veux, pour enregistrer mes petites maquettes. Et puis, j’ai enregistré ma voix et puis là, je me suis dit bah oui, mais c’est un peu plat. Je suis la voix, bon ouais, ce n’est pas aussi bien que ce que j’ai en tête. Et puis voilà, ça a commencé à me travailler. J’avais des personnages dans la première histoire et j’avais essayé de faire avec ma voix, ça ne sortait pas, ça non. Du coup, je me suis dit bon, je vais prendre des comédiens. Tu vois un peu le truc ? Alors, c’est là où c’est hyper drôle parce que toi, tu parlais de synchronicité et moi, j’en ai eu plein aussi et je pense ça, dans l’après-midi, un copain justement du studio Fantasque, Alain Chaillot, qui fait de la voix off, me contacte pour me proposer de la voix off. Alors que je n’avais rien posté, rien quoi.
Katia : Spontanément comme ça ?
Juliette : Spontanément, ouais. Un truc de fou. Alors après, je ne sais plus, j’avais dû commencer à poster quand même un petit peu d’explications autour de comment j’avais écrit l’histoire de la fiancée sur la colline. Tu vois, l’histoire de Bluebell Hill. Et en fait, il prend mon texte et il l’enregistre en voix off. Mais vraiment, avec les effets, la voix, tout quoi. Et du coup, en fait, c’est marrant, encore une fois, je parle d’onde, mais la voix d’Alain, elle m’a happée tout de suite. En fait, c’est vraiment, en termes de fréquence, ça me parlait. Il m’a touchée dans sa façon de jouer, dans sa façon de parler, sa hauteur de voix, ce qu’il dégageait. Et donc, du coup, on est parti sur cinq épisodes, cinq de mes histoires directement, où il m’a écrit. Il m’a enregistré les différents personnages. Je lui ai envoyé les parties de voix que je voulais qu’il fasse. Donc, j’étais super contente, super fière et tout. Donc, il m’a envoyé ça. Puis, il me manquait les autres personnages. Donc, j’ai cherché, etc. Puis voilà, petit à petit, j’ai fait un vrai casting pour créer mes personnages. Donc, j’ai mis ça bout à bout. Et puis après, il y avait le côté musique aussi qui manquait parce que moi, mon côté musicienne, forcément, il pointe le bout de son nez et je ne peux pas sortir quelque chose sans musique.
Katia : De quel instrument est-ce que tu joues ?
Juliette : Moi, je fais du synthé. Je suis un peu touche-à-tout encore une fois. Je ne me limite pas. Je fais beaucoup de piano, des synthés, beaucoup de bidouillages en synthé, comme on dit en musique électro. Vraiment, encore une fois, j’avais un vieux synthé où j’allais vraiment modifier l’onde avec les potards qui vont bien. Pas de ce qu’on appelle des précèdes, donc des préréglages. C’était vraiment, j’allais faire l’onde moi-même. Ça, ça me plaît en fait. Voilà, j’ai essayé un petit peu de cordes, j’ai essayé un peu plein de choses, mais c’est plutôt piano-chant moi en fait qui me parle. Donc voilà, puis après, du coup, j’ai apporté tout l’habillage musical à ma première histoire. Je trouvais que ce n’était pas encore suffisant parce qu’en fait, dans ma tête, moi, je voyais un film, si tu veux, dans mon histoire. Et donc, les voix, c’était bien, la musique, c’était bien, la narration, ça allait, mais il manquait les bruits en fait. Et donc du coup, alors là, c’était gros boulot parce que je n’avais pas de banque de son, je n’avais rien. Donc, je suis partie de zéro et j’ai cherché sur le net, j’ai enregistré des bruits en fait dans la nature, des bruits de vent, des bruits d’oiseaux. C’était nul au départ, mais j’ai recherché. Enfin voilà, bref, en tout cas, j’ai fait toute cette recherche, j’ai retravaillé ça sur mon histoire et j’ai réussi à sortir cette première histoire. Et c’est en fait, si tu veux, cette frustration de l’artiste, tu as un truc dans la tête, tu travailles et tu n’arrives pas à sortir ce que tu as et c’est la première fois où à la fin de ce long épisode de 30 minutes où je me suis dit c’est bon, j’ai réussi à sortir ce que je voulais. Et c’est vraiment libérateur en fait. Et puis du coup, j’ai continué.
Katia : Quel travail ! Combien de temps est-ce que tu peux passer à réaliser un seul épisode ? Parce qu’effectivement, quand on t’écoute, on se rend compte de la masse de travail que c’est entre les voix off, les bruitages, l’ajout de la musique, le chant, l’écriture, l’écriture en amont. Waouh !
Juliette : L’écriture, je ne la compte pas parce que je les ai tous écrites en amont. Je les retravaille juste avant pour les faire passer en ce que j’appelle format audio parce qu’en fait, la façon dont j’ai écrit quand tu le parles, ce n’est pas forcément idéal. Donc, il faut retravailler certaines choses dans le texte. Il faut élaguer. Il y a des choses que tu narres mais en fait, que tu peux remplacer par de la voix ou du bruit. Donc, je le retravaille toujours. L’écriture, c’est fait en fait. C’est vraiment ce qui a été fait en amont. Après, j’ai ce retravail-là. Après, un épisode, franchement, ça me prend énormément de temps. Je pense qu’il y en a qui vont rigoler quand je vais le dire mais je prends un mois pour les faire. Je prends vraiment un mois pour les faire en fait. J’irais beaucoup plus vite si je faisais ça à plein temps, c’est sûr parce que sachant que je bosse, moi, en fait, je travaille à 9h. J’ai un boulot, tu vois, normal, 9h-18h, voire des fois qui tombe un peu plus sur le 19h-19h30. Quand je sors de là, je vais mixer, je vais composer mon podcast en fait, comme un morceau, tu vois. Et des fois, je travaille jusqu’à 2h du mat. Sortie de ça, je ne dors pas parce que je suis encore dans mon truc. Et en fait, ça me bloque effectivement sur la création de ce côté où je ne suis pas à plein temps là-dessus. Et donc, du coup, je le fais quand je peux. Maintenant, je pense aussi que je suis une telle puriste du son qu’encore une fois, il y en a qui vont rigoler mais tu vois, il y a des fois où j’ai deux secondes de son, la combinaison de son qu’il faut avec les effets dessus.
Katia : Tu fais partie des perfectionnistes.
Juliette : Oui, mais parce qu’encore une fois, j’ai ce résultat que j’entends en fait. C’est hyper frustrant quand tu entends et des fois, je tourne, je tourne, je tourne. Tu vois, là, je suis sur l’épisode 9 sur la forêt de Hoia Baciu qui est en Roumanie, qui est une des forêts les plus hantées d’Europe. Donc, c’est toute une histoire en fait de… Je ne vais pas spoiler. Mais en tout cas, c’est des sons d’arbres, c’est des sons de vent. La première scène, ça se passe en haut d’une colline où ils regardent la ville et il y a la forêt derrière eux. Enfin, tu vois, c’est vraiment ce côté cinématographique que j’ai dans la tête mais j’ai aussi les odeurs, j’ai aussi le bruit, tu vois, que je pourrais entendre dans mes oreilles si j’y étais. Donc, c’est tout ça que j’essaye de mettre dans l’épisode. Et là, j’ai passé deux heures à chercher un bruit de vent mais qui n’était pas exactement celui que je voulais. Et je me moquais de moi-même. Enfin, j’étais là mais ce n’est pas grave, tu t’en fous, tu prends ce bruit de vent là et puis tu le mets, c’est bon, t’avances. Mais je n’y arrive pas parce qu’en fait, je vais revenir dessus et ça va me gêner, ça va me frotter jusqu’à ce que je trouve exactement ce que je veux. Mais bon, après, j’arrive à aboutir quand même mais c’est vrai que c’est long. C’est long mais c’est hyper enrichissant.
Katia : Alors, tu as expliqué déjà mais comment en es-tu venue à nommer ton podcast Rencontres surnaturelles ? Déjà, c’est quoi le surnaturel ?
Juliette : Alors, surnaturel, pour moi, ça représente toute la dimension qu’il y a de l’autre côté du naturel. Donc, c’est au-dessus du naturel. C’est toute cette dimension d’invisible, de merveilleux, d’extraordinaire qu’on n’ose pas toucher ou qu’on ne voit plus ou que certains voient mais n’osent pas dire. Après, ça représente aussi, bien sûr, pour moi qui y crois, des contacts éventuellement avec des entités, des esprits. Mais il n’y a pas d’obligation à y croire, encore une fois. Je ne vais jamais imposer mes croyances. Je dis ce que je crois. Après, on ne prend pas et chacun est libre de croire ce qu’il veut et c’est très bien comme ça. Maintenant, ce qui est important aussi quand même dans le terme dans le nom rencontres surnaturelles, c’est la rencontre, en fait. Il y a le surnaturel qui est important parce qu’effectivement, c’est le thème que je défends mais c’est la rencontre aussi, moi, qui m’intéresse. Toutes mes histoires, à chaque fois, c’est la rencontre d’une personne qui va se dépasser ou qui va être confrontée justement à ce côté surnaturel et qui va soit pousser plus loin ses croyances, soit rencontrer effectivement un esprit, une entité et changer ses perspectives. Tu vois, c’est cette notion effectivement de changement de perspective en fait qui m’intéresse, que j’ai vécu moi aussi, je pense. Encore une fois, je transpose. Et oui, qu’elle est en rapport au surnaturel. Alors moi, j’y crois beaucoup. J’y crois de plus en plus. Je pense qu’il y a une longue période de ma vie où je ressentais plein de choses mais je ne voulais pas les exprimer. Mais j’ai eu plein de trucs en fait de par ma famille, les maisons dans lesquelles on a vécu. On a tous eu des phénomènes entre la maison de mon grand-père. Là, je vais sortir un épisode aussi sur la maison où je vis qui est une maison qui a été rachetée par ma famille il y a 20 ans qui est un vieux manoir qui a plus de 1000 ans en Bretagne pour vraiment les fondations des premières pierres aujourd’hui dans lequel il s’est passé plein de choses et dans lequel on a tous eu des choses même des gens qui venaient et qui ne connaissaient pas la maison. Tu vois, quelqu’un d’hyper cartésien qui dit ah bah tiens, j’ai entendu quand je passais dans l’escalier et ils te disent tous un peu les mêmes choses tu vois, ou des courants d’air, des sensations de on te touche les cheveux quand tu dors, tu vois, des choses comme ça. C’est une maison habitée mais il n’y a rien de méchant dedans donc ça déjà, c’est important.
Katia : Oui, il y a différents types de subtils et d’énergie effectivement.
Juliette : Il n’y a rien de méchant dans celle-là en tout cas. C’est juste curieux, c’est juste là. Beaucoup habité. Oui, c’est ça. Après, moi j’y crois beaucoup. Je n’ai pas le creusé soit par peur soit parce que justement je n’étais pas prête et que j’étais trop dans le professionnel encore une fois comme je le disais tout à l’heure. Donc, ce n’était pas le moment de l’explorer. Et puis, il y a eu la mort de ma mère en 2016 qui a vraiment bouleversé toute ma vie parce que c’était la chandelle qui s’éteint d’un coup et ça a changé vraiment toutes mes perspectives et en fait, je vous en parle dans l’épisode mais c’est fou en fait ce qui s’est passé parce qu’en fait elle est morte d’un coup dans la maison dans laquelle je suis et elle était toute seule et en fait dans la semaine qui a suivi sa mort on n’a jamais eu autant de signes en fait tout le monde a eu des signes d’elle. Alors, il y a plein de gens qui penseront que c’est des coïncidences mais tu vois par exemple son amie d’enfance qui débarque le jour de son enterrement parce qu’elle vient la voir au moment où on fait son enterrement. Un ami qui ne venait jamais la voir qui passe le jour où elle venait juste de partir et qui sonne à la porte et qui dit pourquoi le chien est en train d’aboyer alors que la voiture est là et il n’y a personne il s’est dit bon ben elle a dû partir il est parti tu vois mais plein de cas comme ça plein de petits trucs plein de synchronicité donc moi c’était un moment déclencheur je pense qui m’a ouvert les yeux sur plein de choses on s’est installé dans cette maison là et il s’est passé plein de choses aussi encore une fois rien de méchant mais du coup je pense que ça a ouvert cette porte que j’avais fermée et qui m’a fait ressentir plein de choses en fait à partir de ce moment-là des présences des flashs. J’ai vraiment vu des choses pour le coup que j’avais pas j’en avais vu un petit peu quand j’étais petite mais j’avais occulté et en fait encore une fois je suis pas médium c’est vraiment juste des petits flashs tu vois un truc idiot parce que j’en parle dans l’épisode de la maison mais je vais faire pipi je reviens et je croise un homme en tenue du septième siècle tu vois qui est dans le couloir et moi un peu endormie je passe ok bon
Katia : C’est à dire que tu le vois, tu l’as vu ?
Juliette : Je le vois en flash en fait et c’est pas je pense un fantôme c’est une mémoire parce qu’on a des murs en granit. Et on dit beaucoup que les murs en granit stockent la mémoire donc je pense que c’est ça je suis sensible à ça et je chope des mémoires, des flashs comme ça j’ai pas de contact avec un fantôme qui serait là à me parler, non ça c’est pas j’ai jamais eu ça mais je sens des choses je sens des de temps en temps des petites présences mais sans échange et je sens j’ai eu des flashs comme ça. Après j’ai eu aussi alors ça c’est marrant parce que tu vois tu vis des choses en fait un peu extraordinaires ou un peu comment dire de l’ordre du surnaturel mais tant que t’es pas prête tu mets pas le doigt dessus en fait et tu ne peux le comprendre que quand t’es prêt à le comprendre et en fait j’ai vécu plein de choses bizarres mais j’avais jamais pointé le doigt dessus et je m’étais jamais dit ah oui ça c’est surnaturel tu vois mais par contre je l’ai compris plus tard tu vois par exemple en fait je me suis enfin j’ai jamais fait le rapprochement mais j’ai eu trois moments en fait dans ma vie à des moments différents où j’ai des proches qui étaient en danger de mort et en fait j’ai eu un je ne sais pas comment l’appeler est-ce que c’est une guidance un truc mais je suis intervenue. Alors je vais donner des détails parce que sinon c’est un petit peu flou mais par exemple quand j’avais 13 ans, mon beau-père a fait une crise d’épilepsie il est tombé dans sa chambre. En fait moi j’étais à l’autre bout de la maison avec mon petit frère je le gardais parce que c’était un moment un peu dur avec mon grand-père qui était en train de passer donc j’étais toute seule à la maison avec lui et mon petit frère. Et il a fait une crise d’épilepsie dans sa chambre tout seul à l’autre bout de la maison je ne pouvais pas l’entendre et en fait j’ai eu une pression, je n’arrive pas à le décrire. Je l’ai vécu plein de fois en fait dans ma vie. Il y a un film comme ça je crois que c’est avec Kevin Bacon,Psychose où il a sa nounou qui s’occupe mal de son fils et il est en soirée avec sa femme et il a une sorte de voile rouge tu vois qui pulse en disant danger, danger en fait j’ai vraiment eu la même chose la même sensation quoi et en fait du coup je suis allée voir ce qui se passait et effectivement j’ai vu qu’il était en train de faire une crise d’épilepsie et du coup j’ai prévenu les secours. Donc il y a eu cette première fois là et en fait il y a eu d’autres moments plus médicaux pour le coup où ma tante avait fait un AVC elle était en train de passer mon beau-père une autre fois il était plutôt sur la fin de sa vie il était en train de passer aussi et les deux fois en fait j’étais dans leur chambre d’hôpital toute seule avec eux parce que c’était un moment où on m’avait laissé toute seule avec eux et en fait je me suis assise et il y a eu un truc qui s’est passé. Je leur ai pris la main et en fait c’est encore une fois ce côté cette porte qui s’ouvre de calme comme une douche vraiment de calme en fait qui tombe je leur tiens la main et je reste là et en fait il y a un truc qui se passe quoi je ne sais pas mettre des mots dessus je reste juste comme ça et en fait ces deux fois-là alors que les médecins nous avaient dit mais de toute façon, il faut que vous leur disiez au revoir, il n’y a plus rien à faire, c’est fini les deux fois, ils ont réussi à se à se réveiller et à repartir. Mais les deux fois je n’ai pas mis des mots dessus je me suis dit bon bah ce n’était pas le moment mais j’ai un truc en fait je pense de je ne sais pas si c’est du magnétisme ou je ne sais quoi encore une fois je n’ai pas creusé mais je sais que j’ai ça avec de la pression avec de l’intuition. J’ai beaucoup d’intuition énormément d’intuition tu vois le côté danger dont je parlais je l’ai eu aussi avec des rencontres une fois en Irlande vraiment un mec bizarre qui voulait me, j’avais 17 ans, j’étais toute seule à visiter un lieu et je crois cet homme-là qui me suit et qui voulait absolument que je monte dans sa voiture pour m’emmener visiter un truc tu vois le truc dans tous les films d’horreur tu dis tu ne fais pas et bien là c’est pareil j’avais ce côté danger danger danger. Avec un petit ami aussi enfin voilà j’ai eu plein de moments comme ça en fait où sur le coup tu te dis tu fais confiance à ton intuition. En fait au bout du compte quand tu arrives à un moment de ta vie où tu découvres des choses, tu t’ouvres à des choses, tout ce qui s’est passé précédemment et tu dis que bon soit il y avait quelqu’un qui me guidait est-ce que c’est juste mon intuition je ne sais pas mais il y a eu quelque chose un fil rouge tu vois dans ma vie donc encore une fois ce n’est pas de la médiumnité. En fait je pense que je suis assez ouverte sur un autre niveau de connexion.
Katia : Peut-être il ne manquerait pas grand-chose mais en tout cas tu décris quand même une intuition très développée, des capacités à ressentir enfin tu dis à ressentir, peut-être même l’énergie ou l’histoire des lieux
Juliette : oui ça oui ouais ouais
Katia : Quelle est ton intention justement avec ton podcast de parler du surnaturel ? Sensibiliser le grand public, c’est pour un public averti ?
Juliette : Alors c’est un peu les deux. Encore une fois, je ne suis pas dans la démarche de prêcher la bonne parole comme faisait l’église à une période, ce n’est pas mon truc. C’est un espace qui est ouvert dans lequel on vient si on veut, il n’y a pas d’obligation ; je n’impose absolument pas mes croyances à qui que ce soit maintenant en fait en partageant quand même mon podcast, je me suis aperçue notamment sur Instagram qui est ma cible on va dire là où j’ai le plus d’auditeurs et de rencontres et d’accroches avec les gens, il y a énormément de gens qui pensent qui croient à tout ça. Mais en fait en France, on est tellement cartésien, c’est tellement tabou de parler de tout ça. Moi par exemple je suis sûre que là je te parle de tout ça il y en a plein qui sont en train de m’écouter qui me disent encore une fois elle est complètement folle, c’est n’importe quoi, bon bah ok libre à eux mais n’empêche qu’il y a aussi plein de gens qui eux pensent ça au fond d’eux depuis très longtemps, qui sont en souffrance aussi par rapport à ça parce qu’ils auraient besoin de l’exprimer mais ils n’osent pas parce qu’ils ont une famille qui n’est pas capable de le tolérer parce que ça ne se fait pas parce que voilà il y a le regard des autres qui n’est pas évident. Et donc du coup mon podcast, c’est un espace dans lequel on peut parler de tout ça sans tabou sans jugement, c’est ouvert. Après moi j’y crois personnellement il y en a peut-être qui vont venir écouter juste par curiosité ils repartiront sans y croire plus c’est pas grave, il n’y a pas de soucis. En tout cas, c’est possible de croire et de pouvoir écouter des discussions éclairées sur ce sujet-là sans que ça tombe tout de suite dans le sensationnel ou dans l’effet spécial tu vois comme on voit dans les films. J’essaye d’y mettre un petit peu de moi, de générosité, de respect, beaucoup de respect. Je trouve dans ce milieu-là encore une fois qu’il y a le côté sensationnel avec par exemple tout ce qui est urbex, chasseur de fantômes, il se passe plein de choses super mais en fait derrière t’as quand même beaucoup de lieux qui sont profanés par des gens qui connaissent pas vraiment ce que c’est le surnaturel. Ils voient des pratiques satanistes dans les films et ils vont faire des pintacles, saccager tous les lieux, faire des sacrifices. Il n’y a pas de respect des lieux, des énergies qu’il y a derrière. J’ai vu certaines chaînes de chasseurs de fantômes qui vont dans des lieux où il y a eu des histoires tragiques. Je pense à une chaîne de chasseurs de fantômes en Angleterre où il y avait un monsieur qui avait été séquestré dans sa maison battu à mort et qui était mort dedans et il venait essayer de le rencontrer. Comme il ne se manifestait pas, il se mettait à l’insulter. Alors on y croit, on n’y croit pas mais imagine qu’il soit là réellement ce bon monsieur qui est perdu qui n’a rien demandé à personne et le traumatisme d’avoir des gens à nouveau qui viennent dans sa maison l’insulter juste pour avoir de l’audience. Moi, j’espère réintroduire le respect dans ce thème-là qui est un peu trop sensationnel et de pouvoir en parler aussi de façon libérée sans tomber dans la folie.
Katia : Je te disais avoir accompagné des patients en fin de vie qui témoignaient voir leur défunt mari et leurs parents. Ils se sentaient suffisamment libres et en confiance avec moi pour en parler parce qu’ils savaient qu’ils n’allaient pas être médicamentés derrière et que je n’allais pas forcément le rapporter en équipe. J’avais bien compris que c’était des prémices d’une mort imminente c’est à dire que peu de temps avant le décès, j’avais commencé à comprendre que quand ils commençaient à témoigner de visions comme ça de leurs proches décédés, c’est qu’ils venaient clairement les chercher et que la mort était proche. Le problème souvent en équipe, c’est que c’était instrumentalisé et médicalisé c’est à dire que c’était psychiatrisé. Vision de défunt égale hallucination égale neuroleptique égale pas de prise en considération de cette vie dans l’invisible et de peut-être de la vie après la vie. Est-ce qu’il faut à tout prix le psychiatriser tant que ça ne génère pas de souffrance, d’angoisse et que c’est ok. Je pense qu’on a encore du travail et ceci dit j’ai quand même l’impression que la parole se libère aussi autour de ça alors est-ce que c’est dû aux personnes que je rencontre, qui sont tout à fait ok avec tout ça et connectées et qui en parlent très librement et du coup on en parle comme si on parlait de la pluie et du beau temps. Est-ce qu’il y a une vraie libération de la parole ?
Juliette : Je pense que ça va un peu dans les deux sens. On arrive au bout d’un cycle tourné vers le côté capitaliste à fond l’argent, la productivité qui dénie l’humain totalement, qui est tourné que sur l’individu, le fait d’avoir une existence uniquement si tu ramènes de l’argent tu vois des choses comme ça là je pense qu’on est au bout. Il y a beaucoup de gens qui ont compris que c’est fini ça en fait on est en train de mourir de ce système là et qu’il est vraiment temps d’en sortir maintenant malheureusement nos politiques ne nous aident pas à en sortir donc il y a beaucoup de gens qui prennent comme toi les devants pour créer d’autres choses. En travaillant sur le manoir, on a eu pas mal de jeunes qui sont venus nous aider et qui font partie de chantiers collaboratifs pour apprendre à créer, à rénover pour aller ensuite faire des tiers lieux, des choses hyper positives. Je trouve ça génial. T’as ce côté un peu matérialiste, d’ouverture d’esprit mais tu l’as aussi sur le côté humain parce qu’on a tellement nié notre capacité à être humain depuis très longtemps. Ça fait longtemps qu’on se traîne cette casserole humaine. Quand tu relis des textes millénaires, il y a toujours eu des cas un peu étranges.
Katia : J’ai l’impression quand même que ça se délit. Quand tu entends par exemple, Stéphane Alix prendre de plus en plus la parole sur les médias mainstream, être invité sur des plateaux où on n’aurait pas imaginé peut-être qu’il puisse prendre la parole pour raconter la vie après la vie, Nathalie Marquet dernièrement aussi qui parle énormément de ses connexions avec Jean-Pierre Pernaud, son mari. C’est peut-être l’affaire des célébrités mais tu vois on leur donne cette place-là. Peut-être petit à petit, ça vient prendre place et on vient accepter l’idée qu’il puisse y avoir autre chose ou du moins se questionner sur qui nous sommes véritablement. Est-ce qu’on est juste des êtres avec un corps physique ? Est-ce qu’il y a juste de la matière ? Est-ce qu’il n’y a pas autre chose ? Quel retour te font tes auditeurs de tes histoires entre les plus avertis, les moins avertis ?
Juliette : J’ai un peu tous les types d’auditeurs. J’ai des gens qui m’écoutent parce qu’ils ont besoin de s’évader. J’en ai beaucoup qui sont aussi à l’hôpital dans un moment un peu difficile parfois des fois, confrontés à la maladie, à la mort et ils s’interrogent en fait sur ce thème-là à ce moment-là.
Katia : Intéressant
Juliette : J’en ai aussi beaucoup qui prennent mon podcast comme ils prendraient une série Netflix parce qu’ils sont intéressés. Ils écoutent ça pour se divertir mais ils sont attirés par le thème. Puis après, j’ai aussi beaucoup de ce que j’appelle les sorcières modernes. Je vais faire un épisode là-dessus avec Justine parce qu’il y a plein de femmes ou d’hommes qui se découvrent des talents, des dons un peu comme ce que je te décrivais, être en pré-science ou guérir ou qui sont hyper proches de la nature aussi et qui vraiment ont besoin de se connecter à ça et ils se sentent proches en fait des thèmes que j’aborde.
Katia : Tu as utilisé un terme que je ne connais pas à plusieurs reprises en pré-science ?
Juliette : Pour moi, c’est de la pré-connaissance.
Katia : Quelles sont les valeurs de ton podcast ou du travail que tu accomplis dans l’écriture de ton roman parce que ça se rejoint aussi avec les histoires que tu racontes dans ton podcast ?
Juliette : Je mettrais en avant d’abord l’humanité, l’ouverture d’esprit dans le sens de je suis capable de m’ouvrir à autre chose et d’accepter ce qui se passe et de remettre les valeurs que je connais du monde et de la et de la normalité en question par rapport à quelque chose qui m’arrive et que j’ai du mal à forcément comprendre. En tout cas, ce sont mes personnages qui vivent ça dans les histoires souvent, ce sont des moments de transition. C’est le côté vraiment humain dans le sens où ils se révèlent différemment.
Katia : Est-ce que tu vis de ton podcast aujourd’hui ?
Juliette : Non après je suis toute jeune encore. Mon premier épisode date de juillet 23. C’est ma faute aussi parce que je me suis plutôt concentrée sur l’écriture des histoires, ça me prenait énormément de temps. On a suivi la même formation, tu en parlais dans ton épisode d’aujourd’hui du 23 février que j’ai beaucoup apprécié où tu parlais de ton bilan de l’année. On a suivi la même formation pour pousser plus loin et réussir à se professionnaliser et en vivre. Cette formation m’a beaucoup aidée dans le sens où ça m’a fait prendre conscience de plein de choses. Ça m’a aidée effectivement à professionnaliser le podcast, à mettre le doigt sur ce qui pouvait ne pas aller et à corriger ces petits défauts. Ça m’a aussi fait prendre en conscience que c’est vraiment un métier d’être chef d’entreprise et je me vois plus comme créatrice pour le coup. Si je fais le parallèle avec la sphère professionnelle, j’ai pas envie de rajouter la sphère professionnelle forcément dans le podcast qui est mon espace de création, donc là ça me gêne un petit peu de reprendre l’autre casquette. Je pars du principe que c’est hyper important de se faire accompagner d’être entourée parce que seule c’est hyper compliqué et on ne va pas très loin en termes d’énergie. Il y a Jean-Baptiste Fourré que je voudrais citer si je peux me permettre. On a un peu la même approche en termes de son c’est pour ça que c’est important de bosser ensemble sur l’épisode 5. Il a créé son agence, il fait beaucoup de podcasts et travaille notamment pour du podcast de marque mais il fait les siens. Il a une approche du son qui est vraiment proche de la mienne dans le sens respectueux du son et création globale. Si j’ai un truc à dire, ne pas rester seule parce que sinon je pense que je n’y arriverais pas .
Katia : Quand on voit effectivement la multitude de tâches que ça représente, à un moment donné, il faut ou dès que c’est possible, il faut pouvoir effectivement déléguer certaines tâches sinon c’est énorme. Comment est-ce qu’on peut t’aider aujourd’hui ? Si parmi ceux qui nous écoutent, il y en a qui pourrait avoir envie de te donner un petit coup de pouce ou quelque chose. Est-ce qu’il y a un moyen de t’aider ?
Juliette : En fait le nerf de la guerre sur le podcast, et c’est aussi pour ça que je fais ça, c’est être écoutée. Donc plus les gens peuvent m’écouter, partager, me soutenir avec des commentaires ou des petites notes, ça permet aux autres de vous découvrir aussi parce qu’on est plus mis en avant. Et puis bientôt, je vais ouvrir un espace pour des abonnés avec des contenus que pour mes abonnés. Je suis hyper frustrée parce que j’ai trop d’idées en fait en termes d’interview et je ne veux pas non plus trop en mettre sur le podcast ça serait trop compliqué à gérer en fait et donc du coup je vais avoir quand même pas mal de contenus que je vais mettre en disponibilité pour mes abonnés avec aussi des objets, des créations autour du podcast. Et puis il y aura mes livres aussi. Là j’ai pas mal de projets. Et puis je lance un appel aux maisons d’édition qui seraient intéressés parce que je rêve de pouvoir mettre en BD mes images, mes histoires, j’en ai 25.
Katia : Connais-tu Benoît Flamec ?
Juliette : Non je ne connais pas Benoît Flamec.
Katia : Je le connais depuis 3-4 ans virtuellement car je le suis sur les réseaux. Hier j’ai commencé à écouter une interview de lui extraordinaire et il raconte son activité d’illustrateur. Il a cette spécificité d’illustrer tout ce qui relève de l’invisible. Il a illustré les livres de Jean-Jacques Charbonnier sur les expériences de mort imminentes, dont La mort expliquée aux enfants. Il a illustré les livres de Louis Fouché, le livre de Philippe Guillemant sur la rétrocausalité, le quantique etc. Il a comment dire un domaine d’intervention qui pourrait peut-être t’intéresser.
Juliette : Ah bah oui complètement, merci beaucoup pour le nom, je vais le garder.
Katia : Benoît si jamais tu nous écoutes !
Juliette : Donc j’ai ce projet-là, mettre en image mes histoires en BD j’aimerais bien ça me plairait bien ou juste images et illustrés, à voir. Mais c’est un autre projet.
Katia : Il y a moyen de décliner tout ce que tu proposes. Quand tu parlais de ta sœur qui est plus dans le cinéma du moins qui a un regard cinématographique, je me disais : « mais son roman si ça se trouve il pourrait aussi être mis en scène ».
Juliette : Elle est plus sur le côté comédie mais effectivement je pense qu’à terme on finira par se croiser professionnellement là-dessus.
Katia : Qu’est-ce que tu aurais envie de dire à la petite Juliette ?
Juliette : Continue à croire en tes rêves, continue à rêver, écoute-toi fais attention à toi aussi, repose-toi de temps en temps, ça serait pas mal et continue à créer, créer, créer, créer, écrire, composer, nourrir de tout ça.
Katia : Il y a quelque chose que je n’ai pas spécifié. Les morceaux chantés qu’on entend dans tes épisodes, c’est toi qu’on entend chanter ?
Juliette : Oui sauf celui de de Rosabelle Lord sur l’épisode 6 en Irlande c’est la seule petite incursion où j’avais envie de la mettre en avant elle mais les autres oui effectivement, c’est vrai que moi. Mon podcast est vraiment très atypique.
Katia : Pour moi, ils sont de vrais voyages immersifs c’est-à-dire qu’on ne les l’écoute pas en cuisinant. Je trouve qu’ils méritent de prendre le temps d’y consacrer 30 minutes : on s’installe, on met son casque, on se prépare un café et on voyage avec toi. On ne fait pas autre chose en même temps. Ils ne méritent pas qu’on fasse autre chose en même temps. Ils méritent une attention pleine parce que tu nous embarques. Frissons garantis ! Le son amène quelque chose. Il y a un certain réalisme, je n’écouterai pas à 23h par exemple !
Juliette : Ce qui est déroutant pour les auditeurs, c’est le retour qu’ils me font, c’est que, comment est-ce qu’on pourrait appeler ça, pas un objet j’aime pas ce mot-là mais c’est quelque chose qui est à la frontière entre le livre et entre la série. C’est ce que je voulais faire. Avec la narration que tu as comme dans un livre ça te guide ça remplace l’image quelque part mais en fait ce qui est hyper intéressant c’est que ton cerveau qui est habitué à avoir du tout cuit avec la série les séries c’est du McDo presque en fait tu consommes et tu jettes tu t’en souviens plus là l’intérêt, c’est qu’avec l’ambiance musicale avec le son, les voix des comédiens et avec la narration projettent ton cerveau dans l’histoire. Et c’est toi qui imagines les images et elles ne te sont pas données. C’est intéressant parce que tu crées une vraie emprise chez l’auditeur qui part avec toi dans l’histoire.
Le Nouveau Monde selon Juliette Dargand
Katia : Moi j’ai créé ce podcast pour donner la parole aux acteurs du Nouveau Monde. Je trouvais que tu avais complètement ta place justement par ce regard que tu nous amènes sur le monde de l’invisible, sur le surnaturel qui nous entoure. C’est quoi pour toi le Nouveau Monde ?
Juliette : Le Nouveau Monde pour moi, c’est la fin de ce monde tellement triste dans lequel on a que des obligations dans lesquelles on se sent presque coupable d’espérer, de créer, de rêver, dans lequel quelqu’un qui a une super idée brillante, on va le rabaisser en lui disant, de toute façon t’es complètement hors de la réalité, t’y arriveras jamais, C’est ce côté où c’est possible en fait de faire et c’est plutôt tout le monde devrait être au service de ceux qui ont envie de créer des choses et qui ont envie et on devrait tous s’emparer de ces idées pour les co-créer tous ensemble plutôt que de toujours essayer de les mettre dans des cases ou de leur mettre des modèles préformatés. C’est tellement fini en fait tout ça parce qu’on les a tous vus et revus essayer et réessayer ces modèles-là, ils sont vraiment au bout de quelque chose. Pour moi le Nouveau Monde, c’est sortir de ce chemin obligé en fait et se faire confiance et faire confiance à l’humain. C’est vraiment un bonheur quand j’écoute tes invités, ça fait un bien fou parce qu’en fait c’est que des gens comme ça, il y en a tellement peu en fait qui ont la voix. Il est temps en fait qu’on ait des espaces de paroles pour ça mais en même temps ils sont tellement nombreux à être en action déjà là au quotidien ils sont là juste autour de nous mais on les voit pas nécessairement mais c’est ça qui est dommage c’est que la voix prédominante c’est toujours la même en fait et il y a une multitude d’autres voix qui sont là qui disent tous la même chose mais qu’on n’écoute pas et qu’on rabaisse et il est vraiment temps que ça s’inverse.
Katia : Sais-tu qu’aujourd’hui, il est dangereux de prôner la permaculture, la bienveillance, la communication non violente, l’entraide, la coopération ? Aujourd’hui tout ça c’est considéré comme sectaire. Donc on ne leur donne pas trop de place. Ce sont les nouveaux terroristes !
Juliette : Oui complètement c’est ça non mais c’est ça c’est complètement ça c’est pas aux Etats-Unis où ils ont réagi où ils ont rajouté justement cette notion d’aller contre l’ordre établi comme presque une maladie mentale.
Katia : Ah ben c’est ce qui est en train d’arriver ici. Ils ont rajouté une classification en France avec l’article 4 de la loi sur les dérives sectaires qui n’est pas encore la loi parce que pas encore pleinement votée mais ils ont rajouté un article qui a été enlevé et puis remis la semaine dernière et qui ne laisse pas tellement de place à la liberté d’expression. C’est-à-dire que si on venait effectivement à questionner les messages qui nous sont donnés, nous pourrions être des opposants.
Juliette : Et ben on va remplacer, comme ça me rappelle les heures sombres comme diraient les anciens de la seconde guerre mondiale où on va remplacer les mots par des carottes et des choux.
Katia : C’est ça, les carottes sont cuites. On en est déjà là c’est-à-dire que beaucoup sont censurés sur certains réseaux. Ils ont vu leur chaîne supprimée du jour au lendemain parce que considérée comme n’allant pas dans le sens dans lequel il serait bon d’aller. On peut se poser la question. Prendre la parole aujourd’hui ben c’est risqué, c’est vrai. Tu parles des Etats-Unis mais il suffit juste de regarder ce qui se passe chez nous, il n’y a pas besoin d’aller très loin. Donc l’idée c’est effectivement d’utiliser les espaces qui sont encore possibles aujourd’hui. Comment est-ce que toi tu penses que tu peux participer à ce nouveau monde ?
Juliette : Alors on a déjà évoqué plein de choses tout au long de l’interview mais après je pense que je le fais à mon humble niveau. Je ne suis pas quelqu’un de politique, ce n’est pas moi encore une fois, je n’aime pas imposer à l’autre. Je pense qu’avec mon podcast, je le fais d’une certaine façon en montrant qu’il y a d’autres choses qui sont possibles et qu’il n’y a pas de jugement. Ça reste effectivement dans mon domaine mais il est quand même assez large. Je vais parler de médiumnité, toute cette part d’humain elle est hyper importante. Il faut des personnes qui sont en bonne santé mentale pour pouvoir avancer et construire autre chose. Si on n’arrive pas à réconcilier nos parts d’extraordinaire et de merveilleux et cette part d’enfant qu’on a tous au fond de nous et qu’on a étouffé à coup de bien-pensance et de cadre pour aller travailler tous les jours, je pense qu’on n’y arrivera pas parce qu’en fait ce sera plus facile d’être salarié et de continuer sa petite vie sans jugement évidemment, on a tous des enfants des obligations mais il ne faut pas oublier sa part de rêve. Elle est importante et elle permet de faire des choses tellement extraordinaires, ne serait-ce que pour les enfants tu vois je pense que rien que lire une histoire à son enfant le soir et entretenir sa capacité à penser que le monde est merveilleux c’est juste énorme et il y a plein d’enfants qui ont pas cette chance là mais ça pour l’avoir, il faut y croire.
Katia : Est-ce qu’il y a une question que je ne t’ai pas posée que tu aurais aimé que je te pose ?
Juliette : Non parce qu’on est allées quand même assez loin dans le fond des choses.
Katia : Est-ce que tu souhaites nous dire quelque chose avant de terminer l’interview et avant que je te propose mon portrait chinois ?
Juliette : Bah écoute déjà te remercier de m’avoir laissé cette possibilité de m’exprimer à visage couvert puis souhaiter à ceux qui m’écoutent, plein de bonnes choses merveilleuses dans leur vie. C’est important de prendre soin de soi et de faire attention à soi et de cultiver son soi intérieur.
Le portrait chinois de Juliette Dargand
Katia : Tu te souviens de ce que c’est que le portrait chinois ?
Juliette : Pas vraiment de loin.
Katia : Si tu étais tu serais ? Si tu étais un plat, lequel serais-tu ?
Juliette : J’ai le droit de dire pour de vrai ? Alors, un énorme plat de pâte au fromage.
Katia : Tu n’es pas la seule à m’avoir donné un plat de pâte. Qui est-ce qui m’avait donné aussi un plat de pâte ? Ah oui vous avez été plusieurs à avoir parlé du plat de pâte, il y a un club des mangeurs de pâte !
Juliette : Moi je pourrais manger des pâtes tout le temps toute la journée à tous les repas !
Katia : Si tu étais un livre ?
Juliette : Ça va vous faire sourire sur le côté romantique mais Pride and Prejudice de Jane Austen.
Katia : Est-ce que tu peux nous en dire plus parce que moi je ne connais pas ?
Juliette : Orgueil et préjugé de Jane Austen excuse-moi je lis beaucoup en anglais désolée !
Katia : D’accord.
Juliette : C’est un livre qui m’a beaucoup marquée encore une fois. Parce que ça fait résonance à cette période du 19ème. Je ne sais pas si c’était une vie antérieure dans laquelle j’avais des accroches mais je me sens très très bien avec cette période du 19ème. J’accroche beaucoup à cet univers en fait dans lequel il n’y avait pas beaucoup de place à la parole mais beaucoup de respect. Pas d’agressivité comme on a nous dans notre monde et j’aime bien cet univers-là avec un autre temps pour dire les choses.
Katia : Si tu étais un dicton ?
Juliette ; Je suis nulle en dicton
Katia : Tu en as un peut-être ou tu n’en as pas
Juliette : Non je n’arrive jamais à les retenir.
Katia : Si tu étais un film
Juliette : Alors c’est marrant ça revient toujours au 19ème : « Chambre avec vue » de James Ivory pour le côté Italie de la vie découverte et sortir des conventions. C’est l’histoire d’une jeune fille qui découvre un peu plus la liberté et qui sort du côté victorien très fermé de la société victorienne.
Katia : Si tu étais un super-héros ou une super-héroïne ?
Juliette : Catwoman, j’aime bien sa combinaison en latex !
Retranscription effectuée à l’aide d’AutoScript.
Crédit photo : Stéphane Elfordy