Aujourd’hui, écrivons demain fête son premier anniversaire le 7 juillet 2024 !
Publié le 15 juillet 2024, par Katia Crabé (enregistré le 6 juin)
Temps de lecture : 30 min
Interview de Katia Crabé par Hélène Rose Biard
Présentation de l’épisode
Katia : Bienvenue sur un nouvel épisode d’aujourd’hui écrivons demain.
Mon podcast a fêté ses un an le 7 juillet dernier (2024). Je n’aurais jamais cru célébrer cela. Moi qui peux avoir tendance à ne pas aller au bout de mes projets, à abandonner par manque de motivation et de rigueur.
Il n’en est qu’à ses balbutiements et pourtant, il fait partie des 1% des podcasts qui dépassent les 23 épisodes. Il est vrai que cela demande du temps, de l’organisation, de la ténacité, de l’engagement et de la patience. Le podcasting est une course de fond.
C’est un épisode un peu spécial que je vous propose parce que ce n’est pas moi qui vais l’animer mais Hélène.
Hélène Rose Biard est coach et la fondatrice et la dirigeante d’Eklosion. Elle se décrit comme une « éclaireuse et allumeuse de réverbères ». La spécificité de son accompagnement est qu’elle nous aide à sortir du tunnel, du moins à entrevoir le bout du tunnel, lorsque l’on traverse des épreuves et que l’on ne voit que le côté sombre de ce qui nous arrive. Et en y regardant de plus près parce que j’ai re enregistré cette intro dans l’après-coup, c’est exactement ce qu’il s’est passé dans cette interview, pas comme les autres.
Une interview introspective, éprouvante enregistrée le 6 juin, dans une période compliquée pour moi qui pourrait s’apparenter à une séance de coaching en live ! Même si ce n’était pas du tout l’intention. Etonnant !
Hélène et moi, nous nous sommes rencontrées grâce à mon podcast il y a quelques semaines, sur les réseaux d’abord puis pour de vrai autour d’un café comme aujourd’hui. C’est naturellement qu’elle m’a suggéré l’idée de m’interviewer pour m’aider à faire le bilan de cette première année. Je n’ai pas réfléchi et ai accepté instinctivement, intuitivement sa proposition. Ce n’est pas l’exercice pour lequel je suis le plus à l’aise mais j’ai trouvé l’idée d’inverser les rôles sur mon propre podcast, originale et je me suis sentie en confiance. Je ne peux m’empêcher de penser à Nico, d’Osez by Nico, qui s’était prêté au jeu des questions de Stéphane Allix, qui lui avait proposé spontanément, comme Hélène l’a fait avec moi, de l’interroger pour fêter la première année de son podcast.
Nous n’avons pas vraiment préparé cette rencontre. Hélène m’a partagé les grandes thématiques qu’elle souhaitait aborder parce qu’elle voulait laisser la magie opérer et faire la place à la spontanéité du moment. Je passe donc mon micro à Hélène.
Installez-vous confortablement et immiscez-vous dans notre conversation. Belle écoute.
Interview de Katia Crabé par Hélène Rose Biard
Katia : Bonjour Hélène.
Hélène : Bonjour Katia. Comment vas-tu ?
Katia : Très bien. Je suis très heureuse d’être avec toi aujourd’hui pour fêter ce premier anniversaire.
Hélène : C’est le premier anniversaire de ton podcast que tu as célébré hier. Et en fait, c’est drôle parce que lorsque nous nous sommes rencontrées pour la première fois, je t’ai proposée de t’interviewer car tu as pour habitude de mettre en lumière les autres. Alors, je trouvais juste d’orienter le projecteur sur toi aussi. Et ça tombait bien parce que tu avais un créneau pour diffuser ce podcast au moment des un an. Et alors, comment tu sens-tu aujourd’hui à l’idée de fêter ce premier anniversaire ? Et à l’idée d’être mise en lumière ?
Katia : Alors, je suis très contente de pouvoir raconter à mon tour l’aventure de ce podcast et que tu m’aies fait cette proposition-là que je trouvais assez chouette. Je ne me voyais pas très bien faire un épisode toute seule à raconter mon aventure depuis cette dernière année. Donc, je trouvais sympa que tu me proposes de me questionner et puis de lâcher prise parce que c’est aussi un peu la thématique du jour. Et je suis un peu stressée en fait. On a un peu préparé avant d’enregistrer. Une espèce de stress à l’idée de prendre la parole et puis aussi rattachée à la situation du moment.
Hélène : Tout va bien.
Katia : Oui.
Hélène : Tout ira bien.
Katia : Là, tout de suite. Là, maintenant, tout va bien en effet.
Hélène : Oui. Tout va bien se passer. Alors, dis-moi, Katia. Lors de notre première rencontre, je t’ai proposé de te présenter en me disant qui tu étais. Parce que je trouve le qui tu es plus savoureux que le que fais-tu. Alors, est-ce que tu veux bien me dire qui tu es, Katia ?
Katia : Quelle question ! Je dirais une femme de 45 ans bientôt, en chemin. Mais en chemin de qui, de quoi ? Bonne question. En quête de sens. Je crois que c’est ça en fait. Peut-être encore en pleine crise existentielle ou du moins en questionnement existentiel. À essayer de comprendre où nous allons, où je vais, d’où je viens. Qu’est-ce que je fais là, sur cette planète et dans ce monde dans lequel je ne me reconnais pas. Je crois que c’est ce que j’aurais envie de te répondre. Dans une quête spirituelle, plutôt marquée en ce moment où on enregistre. Oui, je me pose beaucoup de questions sur « Mais qu’est-ce que je fous là ? »
Hélène : Est-ce que tu as une anecdote à raconter qui corrobore cela ?
Katia : Par rapport à mes questionnements existentiels ? Je sais que c’est la réflexion que j’ai faite à une amie quand on est allées marcher il y a quelques jours. On était en train de marcher autour du lac d’Hossegor et en train de parler toutes les deux de notre situation respective. Une amie que j’ai rencontrée à la Coopérative où je suis qui est aussi dans l’entrepreneuriat et qui va aussi changer de cap parce qu’elle a trouvé un travail pour la rentrée. Son activité n’a pas décollé comme elle aurait souhaité. Donc, on s’est questionnées toutes les deux sur notre situation et je lui faisais part de mes inquiétudes du moment, de mes questionnements. Et je lui dis qu’est-ce que je fais dans ce monde-là ? J’en suis même venue à lui dire que je quitterais ce monde, ce ne serait pas gênant pour moi parce que j’ai l’impression vraiment de ne pas m’y reconnaître du tout et de m’y reconnaître de moins en moins en fait. Et ça rejoint les questionnements qu’on a partagés en aparté. Quel sens donner à tout ça ? C’est encore une grosse période de remise en question. Et donc, ces questions-là reviennent sur le tapis. Qu’est-ce qu’on vient faire dans ce bas monde ? Est-ce qu’il y a d’autres anecdotes ? Je ne sais pas si ça répond à la question. Qu’est-ce que tu avais en tête par anecdotes ?
Hélène : C’est l’anecdote qui te vient. Spontanément. À l’esprit.
Katia : C’était une discussion il y a quelques jours sur la question du sens.
Hélène : Est-ce que la question du sens, c’est ce qui te définit ? Parce que je t’ai posé la question, qui es-tu ?
Katia : Un être humain qui fait ce qu’il peut sur cette planète.
Hélène : Tu ne veux pas m’en dire plus.
Katia : C’est une question que je trouve hyper difficile. Il m’est difficile de répondre. Quand on essaie de ne pas se définir par ce qu’on fait professionnellement, je trouve que c’est très compliqué. Une amie m’a posé plusieurs fois la question dans un temps de travail qu’on avait toutes les deux. Et je crois que je lui répondais ça. Un être humain qui fait ce qu’il peut parce que je ne savais pas quoi lui répondre d’autre, en fait. C’est une question qui est difficile.
Hélène : Alors, peut-être qu’on va donner la parole à l’océan. Tu habites au bord de l’océan. Et donc, j’imagine qu’il t’arrive d’aller à la plage quand même de temps en temps pour te promener ou te prélasser. Même si tu m’as dit que tu n’y allais pas si souvent, ça t’arrive. Est-ce que tu veux bien me dire ce que l’océan sait de toi que personne d’autre ne sait ?
Katia : Qu’est-ce qu’il sait de moi que personne ne sait ? Je ne vais pas savoir te répondre.
Hélène : Qu’est-ce qui te vient ?
Katia : La notion de désespoir me vient. Peut-être que dans les moments où je vais plus facilement voir l’océan, parce que j’habite à 500 mètres, c’est peut-être les moments où, effectivement, moralement, je suis en questionnement. Je suis plutôt du côté de l’anxiété. Peut-être que c’est le lieu où je vais me ressourcer ou du moins, je vais laisser aller peut-être mes pensées négatives ou essayer de me décharger aussi de ça. Et ça fait le lien avec ce que je te disais. J’étais en formation hier et avant-hier en bêta-testeuse pour un collègue de la Coopérative qui a allié la pratique du surf à l’enseignement du management. Et j’ai vraiment eu la sensation de me reconnecter pleinement à l’élément de l’eau, puisqu’on s’est baignés, et d’avoir eu la sensation d’un énorme nettoyage, d’un bien-être et d’une joie retrouvés. Le sentiment d’avoir été reconnectée à la joie hier matin. Et de prendre la pleine mesure de la chance que j’ai de vivre à proximité de l’océan et de ne pas en profiter davantage, parce qu’en fait, ça fait un bien fou. Et peut-être que c’est ça qu’il sait de moi, la tristesse, les pensées négatives, les questionnements, l’anxiété, toutes ces choses-là. Et là, en m’y baignant, j’ai vraiment eu la sensation que ça m’a reconnectée à quelque chose de beaucoup plus positif, de joyeux. Et ça m’a donné envie d’y repartir. Donc, je ne sais pas du tout si je réponds à ta question.
Hélène : En fait, ce qu’il dit de toi, c’est qu’il y a vraiment une partie joyeuse en toi qui est là, pétillante.
Katia : Oui, mais ce n’est pas celle qui se manifeste le plus. Alors peut-être que c’est parce que le moment même où on enregistre est une période un peu difficile pour moi. Donc, c’est en toute vulnérabilité que je réponds à tes questions. Mais cette part de joie, ça fait un moment qu’elle s’est éteinte. Et c’est vrai que pour s’y reconnecter, ce n’est pas évident et ça demande des efforts. Ce n’est pas spontané. Ça demande de mettre en place des actions pour pouvoir s’y reconnecter. Je trouve ça assez terrible, en fait. Je pense que j’ai perdu ma joie ces quatre dernières années. J’ai du mal à la retrouver. Là, je suis en pleine thérapie. Non, mais hier, j’ai vraiment ressenti cette joie que je n’avais pas ressentie depuis très longtemps. Et la sensation de bien-être. Donc, merci de me poser cette question parce que ça me fait prendre conscience de ça.
Hélène : En tout cas, moi, je peux témoigner que lorsqu’on s’est rencontrées pour la première fois, j’ai vraiment senti cette partie pétillante en toi. C’est la raison pour laquelle, enfin, une des raisons parce que c’est venu spontanément, finalement. Je t’ai proposé de t’interviewer pour le premier anniversaire pour te mettre en lumière. Alors, justement, tu parlais de ces quatre dernières années. Est-ce que tu veux bien même élargir et nous parler de ton parcours sous la forme d’un conte en commençant par « Il était une fois » ? Et quel titre est-ce que tu lui donnerais ?
Katia : Je crois que c’est la seule question à laquelle j’ai essayé de réfléchir, mais en fait, je me suis arrêtée au titre parce que ça m’a paru extrêmement compliqué d’imaginer un conte. Alors, ce qui est drôle, c’est que le titre que j’avais marqué, d’abord, c’était « Le conte de la petite fille qui était trop sage. » Et je me suis arrêtée là. Et en fait, après, il m’est venu le conte de la petite fille qui n’était pas sage. En fait, l’inverse aussi m’est venue, qui était rebelle. Comme si les deux cohabitaient. Je n’ai raconté ensuite aucune histoire, donc qu’est-ce que je vais bien pouvoir te raconter ? La petite fille qui était trop sage parce que c’était l’image que j’ai de moi petite et c’est ce qu’on me disait tout le temps. Que j’étais une enfant qui ne faisait pas de bruit, sage, qui faisait ce qu’on lui disait de faire. Je vivais plutôt dans un milieu conflictuel avec des parents divorcés qui ne s’entendaient pas, donc aux prises avec les deux. J’étais ballotée au gré des conflits parentaux. Je n’en disais rien, je me taisais. Je subissais la situation. Pendant longtemps, je crois que j’ai fait ce qu’on attendait de moi à l’école. Je n’étais pas nécessairement une bonne élève. J’ai pu l’être certaines années au collège et un peu moins par la suite. En tout cas, je n’aimais pas les conflits. J’avais du mal à m’affirmer, à dire vraiment peut-être ce dont j’avais besoin, qui j’étais, ce que je voulais. Peut-être déjà j’essayais d’aplanir les relations. Je n’ai pas vraiment su me positionner, en fait. Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça.
Hélène : On parlait de ton parcours.
Katia : Oui, mais parce que je suis partie sur la petite fille qui était trop sage. Trop sage, pourquoi ? Peut-être parce que j’en ai souffert, finalement, de ne pas exprimer ce que j’avais au fond de moi, ce que je ressentais, ce avec quoi je n’étais pas d’accord, ce que je désirais. Peut-être que ça a commencé avec mes études parce que j’ai eu un bac éco et je suis partie en fac de psycho. Je ne sais pas comment expliquer comment j’ai débarqué en fac de psycho parce que j’ai fait un bac éco. Donc, il y a aussi un enseignement sur la sociologie. C’était la sociologie qui m’intéressait, l’étude des phénomènes de groupe. Et je ne sais pas comment je me suis retrouvée inscrite en fac de psycho. Je ne l’ai compris que bien plus tard. En fait c’était le désir de ma mère que je suis venue satisfaire, mais je n’ai pas souvenir d’avoir été orientée en fac de psycho. C’est assez curieux parce que je ne me rappelle absolument pas. Et à l’époque où il n’y avait pas Parcoursup, donc c’était des inscriptions en ligne sur Minitel ou je ne sais plus dans les années 90. Et donc, je suis partie en fac de psycho sans avoir vraiment l’intention d’être psychologue. Mon but, avoir au moins ma licence parce qu’on disait à l’époque, il faut au moins avoir sa licence pour passer les concours. Donc, je me disais, il faut au moins que j’ai un bac plus 3 pour pouvoir passer des concours si jamais. Donc, pas de but vraiment précis. Et puis, j’ai eu ma licence et je suis passée en maîtrise puisqu’à l’époque, c’était la maîtrise. Ce n’était pas le master. Et de la maîtrise, je suis passée en DESS, mais je n’étais absolument pas prête à devenir psychologue. C’était beaucoup trop tôt pour moi. Je pense que j’avais une forme d’immaturité à l’époque. J’avais 23-24 ans et je me suis retrouvée géronto-psychologue parce que je m’étais spécialisée dans l’accompagnement des personnes âgées. Parce qu’un jour à la fac, on nous avait dit que c’était là où il y avait du travail et puis de fil en aiguille, au fil des expériences, je me suis dit qu’effectivement, ça pouvait avoir un intérêt pour moi de m’embarquer sur ce terrain-là. Et donc, j’étais psychologue pendant 17 ans. Plutôt indépendante dans mon activité parce qu’on est des électrons libres dans les institutions. On est sous l’autorité de la direction, mais on est relativement indépendant dans nos actions tout en restant inclus dans le fonctionnement de l’institution. Donc voilà, pendant 17 ans, j’ai travaillé en structures, en gériatrie, en soins palliatifs, en foyer de vie. Très, très peu de libéral. Peut-être que là, j’ai commencé à m’affirmer un petit peu parce que je n’étais pas nécessairement toujours d’accord avec les décisions qui étaient prises en institution, avec la politique menée. Sauf que j’ai vite touché du doigt que j’étais impuissante à pouvoir faire quelque chose sur les choses avec lesquelles je n’étais pas d’accord. Donc, essayer malgré tout de mener des projets qui ont pu voir le jour, d’autres qui ont été mis en échec. J’ai commencé à me questionner sur ma fonction, ma place et sur mon utilité dans les services parce que j’avais ce fort sentiment d’impuissance aussi à pouvoir faire quelque chose pour les personnes que j’accompagnais. Puisqu’on était limité par ce carcan institutionnel. Et puis est arrivée la crise sanitaire et là, pour moi, ça a été le point de bascule. Peut-être que c’est là où le nom du conte a changé. Et l’histoire de la petite fille qui était trop sage est devenue, la petite fille est devenue rebelle, je ne sais pas si c’est le terme, en tout cas, n’était plus sage. Et a commencé à s’affirmer vraiment. Je crois que là, je me suis connectée à ce qui était important pour moi en termes de valeur. La notion de vérité, de liberté et de respect de l’intégrité de l’autre. Je me suis retrouvée à contre-courant, c’est-à-dire que malgré la pensée dominante dans les institutions dans lesquelles je travaillais, j’ai commencé à prendre position et à m’affirmer et à dire, ce avec quoi je n’étais pas d’accord. Et ça a été le début de la fin de mon parcours de psy. Là, j’ai vraiment touché du doigt mon impuissance à faire bouger les choses, prise dans une espèce de grosse machine à laver, impuissante à pouvoir avoir une influence quelle qu’elle soit, c’est-à-dire que les psychologues, de toute façon, n’étaient pas sollicités pendant la crise sanitaire. Et donc, ça a fini que je me suis retrouvée suspendue, puisque l’ultime positionnement que j’ai pu avoir, ça a été de dire non à la vaccination envers et contre tout. On était très peu dans les institutions où je travaillais à pouvoir dire non et à refuser l’injonction qui nous était faite. Et je crois que c’est vraiment là où ça a changé quelque chose dans ma vie, où j’ai vraiment commencé à dire, en fait, quels étaient mes besoins, mes valeurs. Je me suis vraiment connectée à mes valeurs et j’ai fait de sorte à les respecter au plus profond de moi, au risque de prendre des décisions qui allaient amener un basculement dans ma vie, mais je ne pouvais pas ne pas les respecter. Et ne pas respecter ce que je ressentais à l’intérieur de moi. Une nouvelle version de moi où j’ai commencé vraiment à prendre position clairement et être peut-être un peu moins sage. Et peut-être à m’affranchir de certaines autorités aussi, puisque j’ai défié mes directions. Je ne suis pas allée dans le sens dans lequel ils voulaient que j’aille. Je me souviens d’ailleurs d’un conflit extrêmement violent avec une direction, avant que je sois suspendue. On avait toutes les deux franchies la ligne rouge parce qu’on s’est dit des choses qu’on n’aurait jamais dû se dire avec le lien hiérarchique qui nous unissait. Je ne sais pas si nos mots ont dépassé nos pensées, mais en tout cas, on s’est dit des choses pas très respectueuses l’une et l’autre. Mais j’ai tenu bon, en tout cas, dans la posture que j’avais choisie. Et même si aujourd’hui, ça rejoint tous les questionnements que je peux avoir, je ne sais pas très bien vers où je vais, comment je vais, où j’en serais dans quelques semaines et dans quelques mois, il n’empêche que je ne regrette absolument pas le choix que j’ai fait de dire non, même si à l’époque, je ne mesurais pas les conséquences que ça pourrait avoir dans ma vie, parce que ça a été un tsunami. Mais en même temps, ça a révélé toutes les ressources que je peux avoir en moi et comment il peut être possible de faire des choix quand on respecte véritablement qui on est, au plus profond de nous. Quel est le fil rouge de tout ça ? Parce que je suis partie d’abord sur les conflits parentaux et j’arrive avec les conflits avec mes directions. Peut-être qu’il y a un rapport à l’autorité, en tout cas j’ai peut-être beaucoup de difficultés avec le fait qu’on me dise ce que je dois faire ou ne dois pas faire. Aujourd’hui, j’arrive peut-être davantage à dire, alors parfois maladroitement, ce que je pense être juste pour moi, qui ne l’est peut-être pas au regard des autres, mais j’essaie de respecter ça. Elle est bizarre, mon histoire, non ?
Hélène : Non, elle n’est pas bizarre, ton histoire. C’est ton histoire.
Katia : Je te l’ai racontée dans les grandes lignes, mais ce n’est franchement pas facile de se raconter comme ça.
Hélène : Est-ce que tu gardes le même titre de la nouvelle histoire ou est-ce que tu changes le titre ?
Katia : Le conte de la petite fille qui était trop sage, j’allais dire qui n’était pas sage. Peut-être le conte de la petite fille qui n’était pas sage. Ou pas aussi sage que l’on croit.
Hélène : Bon, écoute, merci pour ce partage et de te livrer, même si l’exercice n’est pas facile pour toi. Tu veux ajouter quelque chose ?
Katia : Non, non, ce n’est effectivement pas facile. La question n’est pas facile de se raconter. Ce n’est vraiment pas facile parce que par quel bout est-ce qu’on prend les choses ? Est-ce qu’on se raconte dans son histoire personnelle, familiale ? Est-ce qu’on se raconte à travers son parcours professionnel ? Comment est-ce qu’on se raconte ? Une question qui a l’air anodine, mais le qui es-tu est une question qui est très complexe. Et pour faire le lien avec la formation dont je vous parlais, ce que j’ai trouvé chouette, c’est qu’à aucun moment, on n’a pris le temps d’abord de dire qui on était. Tu sais, dans toutes les formations, on fait un tour de table pendant une heure, qui vous êtes, présentez-vous, c’est quoi vos attentes, etc. C’est barbant. Et ça, on ne l’a pas fait. Ce n’est qu’hier midi, c’est-à-dire au bout d’un jour et demi de formation, qu’on s’est dit, mais au fait, qu’est-ce que tu fais ? Et franchement, j’ai trouvé ça super parce qu’en fait, on a appris aussi à se découvrir en tant qu’humain sans étiquette professionnelle. Et je trouve que c’est plus facile. Après, on était quelques-uns à se connaître déjà un peu, mais dans l’après-coup, on s’est dit, mais au fait, je ne me souviens plus très bien. Qu’est-ce que tu fais ? Tu peux me redire ? Donc oui, c’est intéressant, le qui es-tu en fait, comment on se découvre et qu’est-ce qu’on dit de soi.
Hélène : Qu’est-ce que tu dis de toi ? Et à un moment donné, tu as parlé de valeurs, justement. Qu’est-ce que tu dirais en termes de valeurs ? Quelles sont les valeurs essentielles pour toi ?
Katia : Il y a une notion d’authenticité, de liberté, de vérité et la justice. Ce sont des valeurs qui sont très fortes pour moi. La liberté de penser, la liberté de s’exprimer, la liberté de faire ce que l’on a envie de faire, dans une certaine mesure, bien évidemment, sans que cela ait d’incidence négative pour l’autre, mais la liberté d’être différent, la liberté de ne pas rentrer dans les cases. La vérité, alors chacun a sa propre vérité, mais être le plus en vérité possible, et être dans le réel et ne pas être dupe non plus sur la réalité qu’on nous propose, telle qu’on voudrait qu’elle soit, à travers les écrans, les médias, ce qu’on nous raconte, l’histoire qu’on nous raconte, qui n’est pas forcément la plus juste. Et la justice. Que les choses soient justes, dans les choix qui sont faits, J’ai du mal à développer davantage, mais ce sont ces valeurs-là que je prône, que je porte et que je défends plus que tout. Et après, la préservation de l’humanité, je ne sais pas comment le formuler différemment, mais de notre humanité, tu vois. Ou du moins, peut-être, toutes ces valeurs-là se mettent au service de la préservation de l’humanité.
Hélène : Et pour revenir à ton parcours, qu’est-ce qui t’a fait le plus grandir et que tu as le plus aimé ?
Katia : Alors, le plus grandir, je dirais que c’est ce que j’ai vécu avec la crise sanitaire et la suspension mais pas le plus aimé, non, je ne peux pas dire que ce soit ça que j’ai le plus aimé. Même si cette expérience-là m’en a fait vivre d’autres que je n’aurais jamais pensées pouvoir vivre, assez extraordinaires, ce sont les montagnes russes. Ça peut être tout aussi joyeux, extraordinaire que triste et désespérant. Mais je crois que la plus grande expérience, la plus transformatrice, c’est la suspension que j’ai vécue, ça c’est sûr. D’avoir pu dire non à une injonction qui m’a été faite avec un chantage, c’est-à-dire que si je refusais l’injection, je perdais mon travail. Du moins, je n’étais plus autorisée à continuer à exercer mon travail. Je crois que c’est la décision que j’ai prise la plus importante de ma vie. Et c’est à se demander dans l’après-coup, comment est-ce que j’ai réussi à tenir cette posture et comment j’ai réussi à tenir et à traverser cette crise qu’on a vécue puisque, pour rappel, les gens qui n’étaient pas vaccinés étaient fortement incriminés. On était les parias de la société, enfin, on a vécu des choses extrêmement difficiles, dans le rejet, l’abandon, l’humiliation, euh… Et en fait, on se rend compte qu’on est capable de faire face à tout ça, alors ça laisse des traces. Il y a des blessures ou ça réveille de vieilles blessures, mais ça nous permet de nous rendre compte, enfin, moi, de me rendre compte, de la force de caractère que je peux avoir et la force intérieure et les ressources que je n’aurais jamais peut-être pas pensées avoir, même si j’ai eu des moments dans ma vie très difficiles, donc je sais aussi la force que je peux avoir, mais là, celle-là, elle a été quand même décuplée. Tenir bon coûte que coûte pour reprendre une expression de notre cher président, mais c’est pas celle que j’ai le plus aimée, non. Parce que, comme je t’ai dit tout à l’heure, ça a été un tsunami dans ma vie, sur le plan relationnel, familial, social, professionnel, à tous les niveaux. Mais on ne serait pas là en train de se parler aujourd’hui.
Hélène : C’est vrai.
Katia : En tout cas, c’est l’expérience qui me vient, là, spontanément. J’en parle souvent parce que c’est une expérience très forte, très puissante, traumatisante. Il y en a d’ailleurs qui ne s’en sont pas relevés qui ont mis un terme à leur vie parce qu’ils n’ont pas réussi à passer ce cap-là. Et c’est ce qui m’a amenée à créer ce podcast aujourd’hui. Une des raisons, en tout cas, qui m’a amenée à créer ce podcast. Je n’aurais jamais imaginé, il y a cinq ans, créer un podcast, interviewer des gens. Je ne sais même pas si j’en avais l’envie à ce moment-là. Ce sont de belles expériences. Ça me permet de vivre de belles expériences. Mais le chemin est chaotique, quand même. Je n’en vois pas d’autres. Pour moi, il y a un avant et un après. Je pense que je ne suis plus celle que j’étais il y a quatre, cinq ans dans ma manière de penser les choses, d’agir, de réagir, de voir le monde.
Hélène : En tout cas, ça a mis en exergue, vraiment, ta force et les ressources dont tu disposes. C’est quand même un parcours inspirant. Je me dis, quel courage d’avoir fait face à toutes ces embûches. Et, d’ailleurs, est-ce que tu sais que dans le mot courage, il y a le mot cœur, et qu’ils ont été longtemps synonymes. Alors, bah, dis-moi où en est ton cœur, aujourd’hui, et qu’est-ce qui le fait battre ?
Katia : Je ne sais pas si je peux répondre à ta question. Qu’est-ce qui le fait battre ? Tu me laisses sans voix avec tes questions. J’ai sauvé sa peau qui me vient. Passer du mode survie à vivre pleinement, tu vois. J’ai l’impression d’être en survie depuis quatre ans, et j’aspire à vivre sereinement et pleinement. Je me démène particulièrement depuis quatre ans, mais certainement plus depuis deux ans que j’ai essayé de changer d’activité, de créer la vie que j’ai envie d’avoir. Donc, est-ce que c’est ça qui fait battre mon cœur ? Oui, en tout cas, le désir de vouloir essayer de créer la vie, une vie qui me ressemble à mon image, en respect de mes valeurs, pour créer ensuite le monde que j’ai envie de voir autour de moi, puisque celui dans lequel je suis, voilà, ne me dit rien du tout. Oui, est-ce que c’est ça, de passer du mode survie au mode vie ? Peut-être surtout de faire évoluer ce monde par ma petite pierre à l’édifice, par les petites actions que je peux mener. Je n’imagine pas faire autre chose que ce que je suis en train de faire là. Alors, aujourd’hui, c’est toi qui me donnes la parole, mais habituellement, c’est moi qui la donne. Essayer de faire que les choses changent, mais d’abord, il faut que les choses, elles changent en moi pour que, peut-être, les choses, elles puissent changer à l’extérieur. Je sais que j’ai encore beaucoup de travail là-dessus,
Hélène : Bon, alors, Katia, dis-moi, qui aimerais-tu honorer aujourd’hui ? Quelles sont les personnes, les rencontres qui t’ont inspirée, permis de cheminer, qui t’ont impactée ?
Katia : Alors, j’ai réfléchi à la question hier soir, et en fait, ce sont des personnalités que je suis depuis quatre, cinq ans. En fait, je n’ai pas réussi à voir précédemment… Enfin, jusque-là, qui j’admirais, qui j’écoutais, qui pouvait m’aider à continuer. Donc, depuis ces quatre dernières années, je nomme souvent Louis Fouché. C’est quelqu’un qui m’a aidée à traverser la peur, pour reprendre le nom de son dernier livre, par la parole juste et de vérité qu’il a posé sur ce temps de crise, parce que je me reconnaissais pleinement, en fait, dans le discours qu’il pouvait porter. Donc, c’est quelqu’un que j’ai beaucoup écouté, avec qui je suis en contact, que j’ai aussi interviewé, qui m’aide beaucoup, en tout cas, dans la manière qu’il a de percevoir le monde et les choses, et qui est aussi très optimiste, qui est force de proposition. Il y a Jean-Dominique Michel. C’est une amie qui me l’a fait découvrir au printemps 2020. C’est un anthropologue suisse, et qui très vite aussi a compris, en fait, ce qui était en train de se tramer, et qui a décortiqué, en fait, tous les mécanismes au niveau psychologique et psychopathologique. Donc, ça m’a aidée aussi à comprendre le fonctionnement du système dans lequel on était, qui m’a aidée aussi à prendre du recul et à saisir la dissonance que je ressentais, parce que je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui n’allait pas. Après, il y a Ariane Bilheran, qui est très éclairante dans ses explications. Elle est docteur en psychologie, philosophe, elle a un bagage long comme le bras. Je l’écoute régulièrement car elle m’aide beaucoup à appréhender et à comprendre le système dans lequel on est. Donc, à intellectualiser les choses. Et après, sur une dimension plus spirituelle, Lilou Macé, que j’aime beaucoup, et il y a Mika Denissot. J’aime bien sa manière d’analyser le monde et de ne pas être dans le New Age. Sa parole est très pertinente et très juste. Peut-être parce que ça colle avec l’image que moi, je me fais de ce monde-là, donc je m’identifie pleinement, en tout cas, au regard qu’il peut poser sur ce que nous vivons et sur aussi notre responsabilité à pouvoir faire des choix et à décider de la vie que nous souhaitons avoir pour reprendre notre souveraineté. Peut-être, oui, ces dernières années, je me suis davantage accrochée à suivre ces personnalités-là ou des personnalités extérieures. Je ne suis pas dans l’idolâtrie. Mais j’ai plaisir à les écouter parce que ça m’aide à continuer le chemin et à nourrir aussi mon questionnement existentiel dont je te parlais au départ. Pierre Barnérias, aussi, que j’aime beaucoup est un ancien journaliste réalisateur qui a réalisé un certain nombre de documentaires sur des thématiques pas taboues, mais sur des sujets sensibles. Il a cette capacité à vulgariser des thématiques comme les expériences de mort imminente en réalisant Thanatos, Miracles, et dernièrement Les Survivantes. Il s’attache à partager la vérité de ce monde. Il s’inscrit dans une dimension spirituelle. Je le suis depuis que je l’ai découvert en 2020. J’aime beaucoup le travail qu’il réalise. Il participe à nous faire évoluer dans nos questionnements.
Hélène : Et, ben écoute, merci pour ce partage. Peut-être que tu as un héros, aussi, à évoquer, qui t’a inspiré, impacté, peut-être dans ton enfance, plus tard, ou petite,
Katia : Peut-être Zorro. Non, pas de héros en particulier. Peut-être qu’à certains moments, j’ai pu mettre Louis Fouché comme un héros, le sauveur de notre humanité. Non, pas de héros en particulier. Je crois qu’on est tous les héros de nos vies. C’est bon pour les Marvel, les blockbusters.
Hélène : C’est toi l’héroïne, alors. Et pour en revenir à ton podcast Aujourd’hui, écrivons demain, est-ce que tu veux bien me parler de sa raison d’être ?
Katia : Je suis rentrée en Coopérative en décembre 2022 dans un but de déployer une nouvelle activité autour de la rédaction, et j’avais l’idée du podcast en tête. Pas celui que j’écris aujourd’hui. En fait, quand j’ai été suspendue en septembre 2021, je me suis lancée dans le recueil de témoignages, donc j’ai interviewé une quarantaine de personnes que j’ai enregistrées. J’ai retranscrit leur entretien, j’en ai extrait des parties pour en faire un manuscrit. Et en fait, je crois que j’ai pris goût à mener ces entretiens, et surtout, je me suis dit que c’était dommage de ne rien faire de ces enregistrements, parce que des extraits de 10-15 lignes sur 15 pages Word de témoignages, ça ne rend quand même pas compte du vécu émotionnel. Et puis d’entendre les voix, il y a quelque chose d’autre aussi qui se joue, il y a des émotions qui se transmettent, il y a quand même autre chose, une autre dimension. Et donc je suis entrée avec l’idée que peut-être j’aurais pu créer un podcast avec ces témoignages-là, mais c’était pas du tout le deal avec les personnes que j’avais interviewées, et puis c’était de piètre qualité. N’empêche que j’avais déjà l’idée du podcast à l’arrivée à la coopérative, donc sans avoir plus développé mon idée. J’en ai parlé très tôt à mon conseiller, et j’ai mis plusieurs mois à vraiment passer le pas, parce qu’en fait au printemps 2023, j’ai une période de grande remise en question encore une fois. J’étais encore suspendue d’une structure où je travaillais, et j’ai eu comme un retour de bâton, j’ai pris la mesure du traumatisme que j’avais vécu, et j’ai une période vraiment où je n’allais pas bien, et j’étais dans le combat, la dénonciation de ce qui était négatif dans ce monde, les lois qui étaient en train d’être passées, ce qu’on vivait dans notre dans notre pays, notamment ce que les soignants avaient vécu en septembre 2021, et quotidiennement sur les réseaux, jusque-là, je dénonçais. En fait, grosse période de remise en question, et je me suis dit, je ne peux pas continuer comme ça en fait, je ne peux pas continuer à nourrir ce loup-là, et j’ai tout redéfini dans mon activité, pour qui je veux écrire, qu’est-ce que je veux faire, et j’ai décidé donc de prêter ma plume pour les acteurs du Nouveau Monde, comme je les appelais, tous ceux qui participent à construire un monde plus en humanité, enfin tous ceux qui œuvrent pour le vivant en fait, parce que le constat que je faisais, c’est que ces dernières années on était dans une déshumanisation, du moins c’est ce que moi j’avais vécu en institution, avec la crise sanitaire notamment, avec un niveau de maltraitance jamais égalé jusque-là, et pour moi on était dans une dynamique de destruction du vivant. Je sais que j’emploie des mots très forts, mais aujourd’hui je continue à croire qu’on est plutôt dans cette dynamique mortifère, et donc j’ai eu envie de m’accrocher à ce qu’il y avait de vivant que de mortifère, et donc j’ai changé mon fusil d’épaule, et j’ai arrêté de dénoncer ce avec quoi je n’étais pas en accord pour pouvoir plutôt dire ce que je voulais voir se réaliser dans ce monde. Et donc, écrire pour les acteurs du Nouveau Monde, et pourquoi est-ce que je ne leur donnerais pas aussi la parole ? Parce qu’autour de moi, là, dans le sud des Landes, il y a des pépites. Beaucoup de personnalités très engagées sur un plan local, ou dans leur activité individuelle, dans l’accompagnement de l’humain, ou en lien avec l’environnement. Comme j’avais toujours cette idée de podcast, je me suis lancée au mois d’avril l’année dernière. Un jour, une amie me dit avoir vu sur Facebook qu’il y avait un challenge pour créer son podcast en 72 heures. Je crois que je le voyais tous les jours apparaître sur mon mur de Facebook, mais en fait, je ne le voyais pas. Et je me suis inscrite la veille du démarrage du challenge. J’ai participé quotidiennement au live, et j’ai joué le jeu de faire les exercices qu’on nous demandait de faire, pour réfléchir : pourquoi créer un podcast, quel titre, à qui donner la parole, etc. Et en fait, mon idée, c’était vraiment de mettre le focus sur toutes ces personnalités qui sont en humanité, en préservation de l’humanité, en fait, simplement, et qui œuvrent pour le bien de notre humanité, avec un petit H et avec un grand H. Et donc, fort de ce challenge, la confiance de certains de mes amis qui ont dit OK pour être interviewés, je me suis lancée. J’ai fait les premiers enregistrements au mois de mai, et au mois de juillet, je me suis décidée, enfin, à mettre en ligne. Donc j’ai fait un premier le 7 juillet, où j’expliquais le pourquoi de ce podcast, tout mon cheminement depuis 2021, tout ce par quoi j’avais été traversée, ce que j’avais traversé. Et donc c’est comme ça que ça a démarré. Et entre temps, j’avais démissionné dans l’établissement où je travaillais, où j’étais suspendue, parce que je devais reprendre mon poste de psychologue au mois de mai, puisque la loi avait été suspendue, et il en était hors de question. C’était vraiment pour mettre en lumière tous les acteurs qui étaient là, autour de moi, localement, prioritairement, et qui, pour moi, œuvraient pour le bien, donc ni plus ni moins, enfin, ce qui pour moi devrait être, entre guillemets, la norme, mais qui ne l’est pas nécessairement. Voilà, parce que j’ai été très échaudée par ce que j’ai vécu en structure en tant que psychologue et en tant que famille, puisque ma grand-mère était en EHPAD. J’ai vécu les deux, de l’autre côté de la barrière, et j’ai dit plus jamais. Je me suis donc raccrochée à ce qui restait d’humain en nous, en fait. C’est comme ça que ça a démarré.
Hélène : Bravo ! Et au bout d’un an, tu fais quel bilan ?
Katia : Je fais quel bilan ? Comme je l’ai dit en intro, je n’aurais jamais pensé que j’allais tenir la distance, parce qu’au départ, je publiais un épisode tous les quinze jours, parce que j’avais peur de ne pas tenir le rythme. Parce que c’est jusqu’à mettre les mains dans le cambouis qu’on se rend compte du travail que ça demande, et du temps que ça demande, surtout qu’au départ, c’était une activité complémentaire de cœur, en fait, ce n’était pas l’idée d’en vivre, ça l’est devenu par la suite. C’est pourquoi, dès le mois de janvier 2024, je suis passée à un épisode par semaine, j’ai accéléré le rythme, et donc là, aujourd’hui si on prend en compte toutes les interviews jusqu’au 7 ou 8 juillet, j’en suis à une quarantaine d’interviews, enfin, une quarante épisodes, 43 invités, 45 heures d’enregistrement, alors, peut-être un peu plus, mais 45 heures, en tout cas, du moins, disponibles en ligne, environ, peut-être, 5 000 écoutes sur toutes les plateformes confondues, 23 000 vues sur YouTube, c’est à peu près ça, des rencontres, des découvertes, des couacs, de la peur, du stress, du plaisir, du temps, et une fierté aussi d’être arrivée à tenir le cap, et d’être régulière. Et puis de faire partie des 1% parce qu’il peut y avoir effectivement beaucoup d’engouement à vouloir créer son propre podcast, et puis ne pas prendre la mesure, en fait, de ce que ça implique, parce que c’est un projet à moyen et long terme. Donc très fière aussi d’être arrivée à une année de diffusion, de production, d’enregistrement, et puis fière d’avoir réussi à créer quelque chose dont je n’ai pas nécessairement les compétences, du moins, je n’ai pas fait de formation particulière pour enregistrer, pour monter, pour mixer, donc c’est perfectible, bien évidemment, mais assez fière aussi de ça.
Hélène : Ben oui, super. Ouais. Et si tu te projettes, quelle prochaine porte as-tu envie d’ouvrir ?
Katia : J’espère fêter la deuxième année, la troisième année, la quatrième année, je lui souhaite une longue vie. Je lui souhaite aussi surtout de pouvoir me faire vivre, ou du moins, faire que le podcast que j’ai créé en parallèle, parce que j’ai créé un autre canal audio, puisse aussi me faire vivre, pour pouvoir continuer cette activité-là, parce que je crois que pour le coup, c’est vraiment ce dans quoi je m’épanouis, parce que l’air de rien, il y a une continuité dans le métier que j’exerçais : donner la parole, reformuler, écouter, faire valoir la spécificité et la singularité de mon invité. Il y a une certaine logique de faire ça aujourd’hui, ne plus être dans l’accompagnement thérapeutique, ne plus être là pour écouter les souffrances de l’autre, mais être dans une forme d’accompagnement, parce que j’ai l’impression parfois, je ne suis pas formée au coaching, mais de faire du coaching, dans la préparation de certaines interviews, ça demande d’aider l’invité à se familiariser, avec les outils de communication, à se familiariser avec l’idée de parler de lui, de comment parler de lui, d’être ensuite visible publiquement, ou de sortir de l’ombre pour passer dans une sphère publique. L’air de rien, c’est de l’accompagnement qui se fait involontairement. J’aspire à pouvoir continuer à faire ce que je fais aujourd’hui, d’où la création du deuxième canal audio qui propose des prestations payantes. J’aspire aussi à ce que ce podcast-là, Aujourd’hui écrivant demain, puisse être bénéfique pour des entreprises qui pourraient avoir envie de faire valoir leurs produits et leurs services, qui se reconnaîtraient dans les valeurs que je prône, qui pourraient avoir envie de sponsoriser, ou d’avoir des annonces publicitaires, de pouvoir prendre part sur ce canal-là qui est sous-estimé, je pense donc qu’il soit exploité, mais éthiquement et que tout le monde y trouve son compte. Pour moi, ce ne sont que les prémices : j’aimerais tellement plus, j’aimerais créer des rencontres entre mes invités, créer des conférences. Au sein des invités que j’ai rencontrés, j’ai beaucoup d’écrivains en autoédition qui de bout en bout ont mené leurs projets. La priorité est de stabiliser le podcast.
Hélène : C’est un grand projet, déjà.
Katia : Oui. Oui, oui.
Hélène : Un an, c’est jeune. Donc effectivement, il faut un peu de temps pour que ce soit stable. On va peut-être conclure. Qu’est-ce que tu aimerais dire aux auditeurs que tu n’as jamais dit ?
Katia : J’ai envie de dire que l’interview dans son entièreté vient révéler des choses que peut-être je n’ai jamais partagées dans d’autres interviews que j’ai pu faire. J’ai eu l’impression d’aller visiter des méandres ou des coins un peu poussiéreux, ou de partager vraiment, pour le coup, en toute authenticité ma vulnérabilité, d’exposer au grand jour mes grands questionnements du moment, mon anxiété. Je ne vois pas d’autres choses à ajouter, je pense que j’en ai déjà dit beaucoup. Trop dit, peut-être ! Merci à toi, en tout cas, pour tes questions, et ta proposition.
Hélène : Merci à toi Katia.
Katia : Merci à tous ceux qui écoutent le podcast, qui sont pour la plupart, dans l’ombre, parce que je ne connais pas, finalement, véritablement, qui sont les auditeurs, à part ceux, peut-être, qui se manifestent à moi, ou qui vont mettre des commentaires, donc, il y a peut-être cette petite frustration, là, de ne pas en savoir davantage, effectivement, sur ceux qui nous écoutent, Donc manifestez-vous ! J’aurais grand plaisir à faire votre connaissance, à savoir qui vous êtes parce que sans vous, le podcast, il n’a pas lieu d’être, parce que parler dans le vide, ça n’a pas de sens. Je sais qu’il est, comment dire, d’utilité publique pour certains de mes auditeurs, parce qu’ils m’ont témoigné le bien fou qu’il leur fait de l’écouter, il est attendu chaque semaine, je sais que c’est le rendez-vous du lundi, et j’ai adoré. Gabrielle dit « Si le jeudi, c’est CSI, le lundi, c’est le podcast de Katia ! ». Je trouvais ça super, parce que c’est vraiment LE rendez-vous du lundi qui est attendu. J’aurais hâte d’en savoir un peu plus sur mes auditeurs. Qui êtes-vous ?
Hélène : Bon, le message est passé. Je vais conclure, et, hum, et donc j’aimerais te remercier de ta confiance, parce que tu t’es lancée sans en savoir plus sur moi, et, après juste une rencontre, donc, merci, de t’être livrée, comme ça à une inconnue, quelque part. Pour conclure, j’aimerais aussi partager quelques mots qui m’ont été inspirées suite à notre dernière rencontre lors de laquelle j’ai vraiment senti ce côté pétillant chez toi. Voilà ces mots : « Katia, généreuse et impétueuse, tu as bravé la tempête avec beaucoup de courage, le cœur à l’ouvrage. Je t’honore ainsi, Katia, admirative de ton engagement inspirant, je te souhaite beaucoup de douceur, du plus profond de mon cœur ».
Katia : Merci. Je suis émue. On termine là-dessus ?
Hélène : Oui. Bonne journée à tous.
Katia : Bonne journée.
Retranscription effectuée à l’aide d’AutoScript.